Ce fonds de la Financière Arbevel est un subtil mélange, à l’image du binôme de gérants : Sébastien Lalevée, DG de la Financière Arbevel, et Alexia de Roquefeuil, dans la maison depuis la création du fonds en 2012. Une chose est sûre, les petites voire très petites valeurs françaises ont leur place dans le fonds, tous secteurs confondus. Avec un biais croissance et technologique marqué. Le succès est au rendez-vous, avec une performance annualisée de 18,3% sur bientôt 9 ans. Entretien.

Sébastien Lalevée, quel type de société privilégiez-vous pour Pluvalca Initiatives PME ?

" Le fonds est investi de façon peu concentrée sur 75 valeurs françaises avec un spectre de capitalisations boursières très large, allant de quelques dizaines de millions à quelques milliards d’euros. Au sein de ce vaste univers, nous privilégions les managements impliqués et visionnaires, les positionnements structurellement porteurs, la génération de cash-flow et les sociétés capables de revoir continuellement à la hausse leurs perspectives de résultats. L’idéal pour nous est en effet d’investir puis rester positionné comme c’est le cas depuis des années sur Wavestone, Pharmagest, Lumibird ou Esker. Ce dernier, éditeur de logiciels SaaS, était déjà dans les fonds que nous avons repris en 2009. La société est toujours gérée par son fondateur, la tendance structurelle du marché du logiciel est lourde, et les leviers d’internationalisation et de digitalisation permettent d’offrir toujours plus de services à plus de clients. Quant à sa valorisation, il faut la regarder de façon dynamique, en prenant en compte les perspectives de croissance. Un ratio comme le PEG reflète bien la façon dont la valorisation est prise en compte dans nos décisions. "

Processus d’investissement de Pluvalca Initiatives PME (source :  Financière Arbevel)

Comment expliquez-vous la sous-performance du fonds par rapport à sa catégorie ces derniers mois ?

" Pluvalca Initiatives PME n’hésite pas à s’aventurer sur des sentiers non battus, et à regarder des sociétés peu connues et peu suivies par les analystes. Et à souscrire aux IPO, avec le souci de soutenir l’écosystème. Cela n’a pas toujours payé cette année, surtout dans un contexte où le marché toujours plus momentum, réservant la part belle aux poids lourds des indices de la catégorie. L’année 2021 a été peu favorable aux biotechs de manière générale. Or, nous sommes surpondérés sur la thématique par rapport à nos meilleurs confrères. Sur cette thématique, nous ne sommes pas forcément sortis au meilleur moment sur AB Sciences (arrêt d’essais) et Valneva (arrêt du contrat anglais), tandis que Cellectis et Nanobiotix ont peu performé, sans raison particulière. Par ailleurs, ces derniers mois, notre positionnement sur les acteurs du e-commerce européen (Spartoo et Showroomprivé) exposés aux marques ont souffert d’effets de base élevés, d’un manque de stocks et d’une compétition accrue sur le marché du prêt-à-porter online. Enfin, concernant les IPO, certains projets comme Energisme et Alchimie ont connu un décalage par rapport aux objectifs communiqués à l’IPO, ce qui ne pardonne pas à court terme. "

Principales positions du fonds à fin octobre 2021

Comment positionnez-vous le portefeuille alors que la fin d’année se profile ?

" Les résultats trimestriels sont ressortis très supérieurs aux attentes dans l’ensemble mais nous restons vigilants quant à l’impact de tensions inflationnistes sur les salaires et les matières premières au cours des prochains trimestres. Dans ce contexte, afin d’éviter de très probables effets ciseaux négatifs sur les marges, nous privilégions les entreprises capables de répercuter les hausses de prix sur leurs clients. Nous allons continuer d’asseoir la performance sur notre fonds de portefeuille historique constitué de valeurs comme Esker, Wavestone ou ID Logistics. Viendront compléter des sociétés au biais croissance et aux atouts technologiques forts comme Ekinops, Lumibird, Generix, Pharmagest. Notre 1ère position à fin octobre était Wallix, leader européen des solutions de cybersécurité des Identités & des Accès. Nous espérons voir se confirmer l’accélération de la dynamique et l’effet de levier opérationnel qui doit permettre d’atteindre la rentabilité opérationnelle au second semestre 2021. Enfin, nous attendons une meilleure année 2022 pour le secteur des jeux vidéo via nos lignes Nacon, BigBen Interactive et Dontnod. L’engouement pour le Metaverse et les NFT pourrait constituer un facteur de soutien pour ce secteur."

Performance du fonds cinq ans. Source : Quantalys

Quels sont les derniers arbitrages réalisés par le fonds ?

" Nous avons écrêté nos lignes Esker et Reworld, qui ont remarquablement performé, de façon à en limiter la pondération. Le fonds a cédé sa position en Biosynex à la suite d’une nouvelle publication décevante sur la partie hors Covid. A l’opposé, nous avons initié une ligne en Sopra Steria lors de la baisse du titre liée à des rumeurs d’acquisitions d’Atos et renforcé Quadient dont la valorisation est faible sachant que la dernière publication nous a semblé plutôt rassurante. Nous avons également renforcé Fountaine Pajot, notre seule position sur le secteur porteur du nautisme (nous sommes également actionnaires de Trigano sur la thématique loisirs), Xilam pour l’amélioration du momentum et la valeur de ses contenus, et enfin TheBlockChain Group, entrée récemment dans le fonds. "

Un fonds qui résiste bien aux baisses de marché (Source : Quantalys)

En octobre dernier, nous vous avions demandé quels dossiers pouvaient doubler d’ici un an. Vous aviez cité Kalray et Reworld, qui ont même plus que doublé. Sur quelle valeur miseriez-vous pour doubler en 2022 ?

" La hausse de Reworld s’explique par le fait qu’ils ont remarquablement délivré opérationnellement. Sur Kalray, c’est différent : l’histoire, quoique ralentie par la Covid, s’est confirmée au travers de contrats préliminaires et d’annonces d’ordre industriel, mais les ventes n’ont pas encore décollé. Or, si cela se produit en 2022, ce que nous attendons, le titre pourrait encore doubler. Je citerais également Median Technologies dont la dynamique dans les CRO devrait se confirmer et les progrès de leur logiciel iBiopsy® basé sur l'IA pour un diagnostic précoce grâce à l’optimisation du workflow d’imagerie médicale dans son intégralité et de façon automatique. "

Positionnement du fonds Pluvalca Initiatives PME (Financière Arbevel - octobre 2021)