(Actualisé avec précisions, taux, changes, pétrole, marchés européens)

* Le Dow a perdu 2,21%, le S&P-500 1,82%, le Nasdaq 1,7%

* Dow et S&P sont désormais dans le rouge sur 2018

* Target et Kohl's ont plombé le secteur de la distribution

* Le prix du pétrole a chuté de près de 7%

* Apple (-4,78%) a poursuivi son repli

20 novembre (Reuters) - La Bourse de New York a de nouveau reculé mardi pour tomber à son plus bas niveau depuis trois semaines et repasser en territoire négatif sur 2018, les résultats moroses de plusieurs distributeurs s'étant ajoutés à la chute des cours du pétrole et aux dégagements sur les valeurs technologiques.

L'indice Dow Jones a perdu 551,8 points, soit 2,21%, à 24.465,64 et le S&P-500, plus large, a cédé 48,84 points, soit 1,82%, à 2.641,89, après être avoir perdu jusqu'à 2,2% en séance.

Le Nasdaq Composite a reculé de 119,65 points, soit 1,7%, à 6.908,82, sa plus mauvaise clôture depuis début avril.

Le Nasdaq accuse désormais un repli de près de 15% depuis son record de clôture de fin août.

Les résultats et prévisions des distributeurs Target et Kohl's ont déçu et nourri l'aversion au risque à trois jours du démarrage de la période clé des achats de fin d'année, alors que la tendance était déjà dominée par les doutes sur les perspectives de croissance, les bénéfices des sociétés cotées et les taux d'intérêt.

"En dépit de ce qui reste comme une saison de résultats plutôt bonne, les gens regardent vers l'année prochaine et craignent un ralentissement", explique Mark Kepner, trader actions chez Themis Trading.

"A ce stade, c'est 'vendez d'abord, posez des questions ensuite'."

L'indice de volatilité du CBOE, baromètre de la nervosité des investisseurs, a atteint en séance, à 23,81 points, son plus haut niveau depuis le 30 octobre avant de revenir à 22,48 en clôture.

Depuis le début de l'année, le S&P 500 et le Dow Jones accusent désormais un repli d'un peu plus de 1% et le Nasdaq est pratiquement inchangé (+0,08%).

VALEURS

La plus forte baisse sectorielle a touché le secteur de l'énergie, dont l'indice S&P a chuté de 3,29% face au nouveau plongeon des cours du pétrole, de près de 7% pour brut léger américain (WTI), toujours plombé par la perspective d'un ralentissement de la demande mondiale dans les mois à venir.

Le S&P de la distribution, lui, a cédé 2,73%, sa huitième baisse consécutive.

Target, l'un des principaux acteurs de la grande distribution, a perdu 10,53% après l'annonce d'un bénéfice inférieur aux estimations et d'une forte hausse de ses stocks qui préoccupe les analystes financiers.

L'enseigne de grands magasins Kohl's a quant à elle abandonné 9,23% après une prévision de résultat pour l'ensemble de l'exercice en cours inférieure au consensus.

La chaîne de magasins de bricolage Lowe's a lâché 5,66% après la présentation d'un nouveau plan de restructuration en réaction à des ventes inférieures aux prévisions.

Du côté des technologiques, Apple a cédé 4,78%, la plus forte baisse du Dow, de nouveau en raison des craintes d'un ralentissement des ventes d'iPhone; celles-ci ont conduit Goldman Sachs à abaisser encore son objectif de cours sur la valeur, à 182 dollars contre 209 dollars auparavant.

S'il conserve le titre de première capitalisation mondiale, le groupe à la pomme a vu sa valeur boursière chuter de plus de 23%, soit près de 240 milliards de dollars, depuis son record de clôture du 3 octobre.

La journée a été plus clémente pour les autres poids lourds du secteur des hautes technologies et d'internet: Facebook a fini en hausse de 0,67% et Alphabet de 0,29% tandis qu'Amazon et Netflix limitaient leur repli à 1,11% et 1,34% respectivement.

L'indice des "FANG", qui regroupe ces grosses capitalisations "tech", a reculé de 1,54%.

A la hausse, le concepteur de semi-conducteurs Nvidia a gagné 3,03% après l'annonce par le spécialiste de la vente à découvert Citron Research d'une position acheteuse sur la valeur "pour la première fois en deux ans". Le titre cédait jusqu'à 8% en début de séance.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le nombre des mises en chantier aux Etats-Unis a légèrement progressé en octobre, de 1,5%, grâce à un rebond des projets d'immeubles d'habitation collectifs, mais la construction de maisons individuelles a baissé pour le deuxième mois consécutif (-1,8%), suggérant la persistance de conditions de marché défavorables.

Les permis de construire ont reculé de 0,6% pour revenir à 1,263 million en rythme annualisé.

TAUX

L'aversion au risque qui a alimenté la baisse des actions s'est traduite par un repli sur les actifs jugés les plus sûrs, comme les emprunts d'Etat, avec à la clé un retour des rendements des bons du Trésor américain à leur plus bas niveau depuis sept semaines.

En fin de séance, celui des Treasuries à dix ans s'affichait pratiquement inchangé à 3,062% après être tombé en séance à 3,036%, son plus bas niveau depuis le 28 septembre.

La baisse s'est atténuée en fin de journée, certains investisseurs soldant une partie de leurs positions à l'avant-veille de Thanksgiving, l'approche de ce jour férié risquant de réduire la liquidité du marché mercredi.

Le rendement à deux ans est lui revenu à 2,808% contre 2,977% le 8 novembre et évolue désormais non loin de son plus bas niveau depuis la mi-septembre.

CHANGES

L'aversion au risque a aussi bénéficié au dollar: l'indice qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence a progressé de 0,64% sur la journée, sa plus forte hausse depuis dix jours.

L'euro est ainsi retombé sous 1,1375 dollar, cédant plus de 0,7% sur la séance. En plus de la hausse du dollar, la monnaie unique européenne a de nouveau souffert du recul des actions européennes et des tensions liées au budget italien rejeté par Bruxelles.

La séance a ainsi été partagée pour la livre sterling, qui a certes baissé contre le dollar mais s'est appréciée contre l'euro dans l'attente des prochains développements du dossier du Brexit.

Du côté des cryptomonnaies, le bitcoin a poursuivi sa chute, perdant encore plus de 8% pour revenir sous 4.400 dollars sur la plate-forme Bitstamp

PÉTROLE

Les cours du brut léger américain (WTI) ont touché en séance leur plus bas niveau depuis plus d'un an, le recul marqué de Wall Street étant venu renforcer l'impact des craintes de ralentissement de la demande mondiale.

Le contrat janvier sur le West Texas Intermediate a perdu 3,77 dollars, soit 6,59%, à 53,43 dollars le baril après avoir touché en séance, à 52,77 dollars, au plus bas depuis octobre 2017. Le Brent a suivi le mouvement, cédant 4,26 dollars (6,4%) à 62,53 dollars après un plus bas de près d'un an à 61,71 dollars.

Le prix du baril de WTI accuse désormais un repli de plus de 30% par rapport au pic de près de quatre ans inscrit le 3 octobre à 76,90 dollars.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont creusé leurs pertes face au nouveau revers subi par les valeurs technologiques à Wall Street, dans un climat général dominé par l'aversion au risque.

À Paris, le CAC 40 a perdu 1,22% à 4.924,89 points, son plus bas niveau de clôture depuis février 2017. Le Footsie britannique a cédé 0,76% et le Dax allemand a abandonné 1,58%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 1,4%, le FTSEurofirst 300 de 1,05% et le Stoxx 600 de 1,14% à 351,06, sa pire clôture depuis décembre 2016.

L'indice Stoxx de la technologie a perdu 1,97% et celui des ressources de base 2,28%, pénalisé notamment par la chute d'environ 5% des cours du pétrole.

Les banques (-2,29%) ont souffert également, en raison de résultats décevants mais aussi des tensions autour de l'Italie.

A SUIVRE MERCREDI:

La séance de mercredi sera animée entre autres en Europe par l'annonce des décisions de la Commission européenne sur les projets de budget des pays de l'Union, à commencer bien sûr par l'Italie. Les investisseurs étudieront aussi les nouvelles prévisions économiques de l'OCDE.

Aux Etats-Unis, on attend une nouvelle série d'indicateurs économiques, dont les chiffres mensuels des commandes de biens durables, les résultats définitifs de l'enquête de l'université du Michigan sur la confiance du consommateur et les chiffres hebdomadaires des stocks de pétrole.

(Marc Angrand, avec Caroline Valetkevitch à New York)