Pour Nicolas Gaussel, Directeur des Gestions chez Lyxor Asset Management, le passage des taux d'intérêt européens en territoire négatif sous le coup de l'assouplissement monétaire de la BCE "nous projette dans un monde nouveau dans lequel nos schémas de pensée sont pris à revers." Estimant que "25 % des obligations contenues dans l'iBoxx euro sovereign all maturities délivrent aujourd'hui des rendements négatifs", et même si les rendements ne sont pas encore restés assez longtemps sous zéro pour en faire un standard durable sur les marchés, le gérant pense que le phénomène risque de durer.

La raison ? Cette baisse "catalyse en effet les problèmes de croissance potentielle de la zone euro." Le gestionnaire rappelle que les estimations de croissance potentielle de la Commission européenne sont passées de 2% à 0,7% entre le début de la décennie et aujourd'hui.

Par ailleurs, la révision à la baisse des anticipations d'inflation, et même le passage temporaire en déflation de la zone euro, font partie des facteurs qui pèsent sur les taux d'intérêt. "L'enquête de la BCE de début 2015 auprès des prévisionnistes professionnels signale également des anticipations d'inflation de long terme largement en deçà de la cible de la BCE", signale Nicolas Gaussel.

Et si les anticipations de Nicolas Gaussel se réalisent, les modèles des opérateurs financiers devront être adaptés à cette nouvelle donne.

"Pour les banques par exemple, les conséquences politiques de dépôts à vue payants sont difficiles à évaluer. Pour les assureurs vie ou les fonds de pension, leur mode de fonctionnement est structurellement remis en cause : à quoi bon investir sur les marchés si ceux-ci font moins bien qu'un coffre-fort ?", se demande le gérant.