Craig Botham, économiste marchés émergents chez Schroders, reconnait au moins un mérite aux mesures annoncées mardi par la Banque populaire de Chine : elles "devraient soutenir le sentiment de marché" et calmer la fièvre vendeuse qui s'est emparée des indices ces derniers jours. Mais l'expert se montre beaucoup plus dubitatif sur l'impact de l'assouplissement monétaire sur la croissance du pays. En effet, la baisse du taux de réserve obligatoire devrait permettre de ramener le niveau de liquidité des marchés chinois à leur niveau d'avant la dévaluation surprise du yuan.

"Le changement de la politique de taux de change a entrainé une dévaluation du renminbi et des sorties de capitaux. Ces dernières ont également réduit la liquidité et conduit à un resserrement des conditions monétaires. En abaissant le taux de réserves obligatoires, en parallèle des opérations de marché récentes, cette liquidité est rétablie et le crédit soutenu", détaille Craig Botham.

L'autre volet de l'action de la PBOC, la baisse des taux d'intérêt pour relancer l'investissement des entreprises, "n'est probablement qu'une mesure préventive, plutôt qu'un encouragement de l'investissement dans une économie en proie à la déflation, la surcapacité et dont le niveau d'endettement est élevé", met en garde l'économiste de Schroders.

Craig Botham décrit le mécanisme qui risque d'annuler l'effet d'entrainement de cette baisse des taux : "En outre, les baisses de taux précédentes ont peu fait pour réduire les coûts d'emprunt des nouveaux emprunteurs, les marges des banques ayant été réduites par des effets asymétriques sur les taux des dépôts par rapport aux taux de prêt. Cette asymétrie a été assouplie grâce à une plus grande libéralisation du taux de dépôt, mais les banques peuvent encore chercher à restaurer une partie de leurs marges perdues, en particulier compte tenu de leur participation obligatoire au mécanisme d'échange de dette du gouvernement."