Simon Nixon,

The Wall Street Journal

Cela peut paraître surprenant, mais la Finlande a inscrit en 2015 les moins bonnes performances économiques de tous les pays d'Europe, Grèce exclue. L'économie finlandaise s'est contractée de 0,6% au troisième trimestre et est bien partie pour enregistrer une quatrième année consécutive de récession. Depuis 2008, le produit intérieur brut (PIB) du pays s'est contracté de 6%.

Comment un pays dont la dette souveraine est notée triple-A par les agences de notation, dont la dette publique, à 62% du PIB, reste relativement modeste et qui n'a pas connu d'effondrement de son secteur bancaire en est-il arrivé là ?

La faute à l'euro ?

La réponse simpliste serait de blamer l'euro, qui n'a pas vraiment aidé Helsinki à gérer une série de chocs survenus ces dernières années : l'implosion de Nokia, premier employeur de Finlande, la chute de l'industrie du papier, affectée par le déclin de la presse écrite et l'éclatement de la bulle des matières premières, la crise de l'euro et les sanctions adoptées par l'Union européenne à l'encontre de la Russie, qui ont touché les principaux marchés à l'export de la Finlande. Pour toutes ces raisons, la part de marché de la Finlande à l'export a été réduite d'un tiers depuis 2008.

Si le pays avait conservé sa propre devise, il aurait pu répondre à ces chocs en la dévaluant pour regagner de la compétitivité, comme il l'avait fait après la crise financière qui l'a frappé dans les années 1990.

Mais ce raisonnement est d'autant plus simpliste que deux des économies qui dégagent actuellement les meilleurs taux de croissance de l'Union européenne sont l'Irlande et l'Espagne, deux membres de la zone euro.

Coûts de financement ultra-faibles

En fait, l'appartenance de la Finlande à l'union monétaire lui a permis de bénéficier, depuis le début de la crise de la zone euro, de coûts de financement historiquement faibles. Cela reflète des niveaux élevés de crédibilité budgétaire, fondés sur la faiblesse de la dette et des déficits du pays et sur son engagement à se conformer aux règles budgétaires de la zone euro.

Dans ce contexte, il semble donc plus pertinent de se demander pourquoi les coûts de financement ultra-faibles dont bénéficie la Finlande n'ont pas alimenté une reprise de l'économie. La réponse tient à la structure de l'économie finlandaise.

Plus proche de la France que de la Suède

Le Royaume-Uni, l'Irlande et la Suède ont en commun d'avoir adopté des mesures ces dix dernières années pour rendre leur économie plus flexible. L'économie finlandaise, en revanche, ressemble aujourd'hui davantage à celle de la France que de la Suède. Les dépenses publiques et les recettes fiscales représentent respectivement 59% et 56% du PIB, soit plus que celles de la France. Le marché du travail finlandais est l'un des plus rigides au monde et se classe en 2015, selon le Forum économique mondial, 103ème sur 144 en termes de flexibilité laborale. Conséquence d'un système de prestations sociales extrêmement généreux, la proportion de la population en âge de travailler qui soit économiquement active est inférieure de 5 points de pourcentage à celle de la Suède.

L'enjeu pour Helsinki sera désormais d'entreprendre de profondes réformes structurelles de son secteur public, de son droit du travail et de son système social afin d'être en mesure de rivaliser dans une économie mondiale ouverte. C'est précisément ce qu'essaie de mettre en oeuvre le nouveau gouvernement de centre-droit.

Que la Finlande soit membre ou pas de la zone euro, ces réformes sont indispensables.

-Simon Nixon, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck) ed: ECH