par Alexei Anishchuk

SOTCHI, Russie, 10 février (Reuters) - Vladimir Poutine a tendu la main lundi à la Géorgie et accusé les pays occidentaux d'en revenir à une attitude digne de la Guerre froide avec leurs critiques contre les Jeux olympiques d'hiver à Sotchi.

La Russie et la Géorgie se sont brièvement fait la guerre au cours de l'été 2008, conflit à l'issue duquel Moscou a reconnu l'indépendance de deux provices géorgiennes, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.

Au cours d'un entretien télévisé à Sotchi, Vladimir Poutine a jugé que "les Jeux olympiques jouent un rôle positif" dans les relations entre la Russie et la Géorgie, ancienne république de l'Union soviétique. Le président russe a exprimé l'espoir que les liaisons aériennes entre Sotchi et Tbilissi soient maintenues après la fin des Jeux.

Il n'a pas exclu des discussions en tête à tête avec son homologue géorgien, ce qui serait la première rencontre de ce type entre chefs d'Etat des deux pays depuis la guerre de 2008. "S'il le souhaite, pourquoi pas?"

Les relations entre les deux pays restent tendues même si le camp pro-occidental de Mikheïl Saakachvili, président lors du conflit de 2008, a perdu le pouvoir lors des élections législatives de 2012.

La Russie a provoqué la colère de la Géorgie en repoussant ses postes-frontières de 11 km en Abkhazie à l'occasion des Jeux de Sotchi, officiellement pour des questions de sécurité.

Le président géorgien Georgy Margvelachvili a néanmoins laissé entendre qu'il pourrait rencontrer Vladimir Poutine. Il a déclaré que ses services allaient "analyser très sérieusement les propos du président russe" et solliciter des avis en Géorgie et auprès de pays occidentaux.

ENDIGUEMENT

"Si une telle rencontre donne une impulsion positive aux relations russo-géorgiennes, s'il y a une disposition sincère à aborder tous les sujets problématiques, j'évoquerai cette question avec nos collègues", a dit le président géorgien à la presse.

La position géographique de la Géorgie lui confère un rôle stratégique pour les approvisionnements énergétiques européens.

Vladimir Poutine a en outre jugé que les critiques occidentales émises contre les Jeux de Sotchi trouvaient leurs racines dans cette concurrence géopolitique entre l'Ouest et la Russie.

"La théorie de l'endiguement a été créée du temps de la Guerre froide. Cette théorie et sa mise en pratique étaient destinées à restreindre le développement de l'Union soviétique (...) Ce à quoi nous assistons maintenant est l'écho de cette théorie de l'endiguement", a dit le président russe. "Cela, malheureusement, s'applique aussi au projet olympique."

Selon lui, les pays occidentaux se servent des critiques émises par les Circassiens contre les Jeux de Sotchi comme d'un "instrument" pour dénigrer la Russie. Peuplade musulmane du Caucase, les Circassiens affirment que les JO se déroulent sur les restes de leurs ancêtres morts en masse lors de leur expulsion de l'empire russe au milieu du XIXe siècle.

Durant la présidence de Mikheïl Saakachvili, le Parlement de Géorgie a qualifié cette expulsion des Circassiens de génocide. (Avec Margarita Antidze à Tbilissi et Gabriela Baczynska à Moscou; Bertrand Boucey pour le service français)