MOSCOU, 19 avril (Reuters) - Rien n'empêche une amélioration des relations entre la Russie et les pays occidentaux mais c'est à ces derniers de faire en sorte qu'elle se produise, a déclaré Vladimir Poutine.

Dans une interview que diffusera ce samedi la chaîne publique de télévision Rossiya, le président russe salue en outre la prochaine arrivée à la tête de l'Otan de l'ancien Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, avec lequel il dit entretenir de "très bonnes relations".

Les tensions entre la Russie et l'Alliance atlantique n'ont jamais été aussi fortes depuis la fin de la Guerre froide en raison de la crise en Ukraine, à laquelle la Russie a pris la Crimée. Vladimir Poutine a lié jeudi cette prise de la Crimée à l'expansion de l'Otan vers l'Est au cours des années 2000. ( )

"Je crois que rien n'empêcherait une normalisation et une coopération normale" avec l'Occident, déclare le président russe dans cette interview à Rossiya, dont des extraits ont été fournis aux médias.

"Cela ne dépend pas de nous. Ou plutôt pas seulement de nous. Cela dépend de nos partenaires", ajoute-t-il, sans préciser quel type de mesures les pays occidentaux pourraient prendre à cette fin.

Son porte-parole a déclaré vendredi qu'une partie de la crise actuelle était liée à un manque de respect des Occidentaux à l'égard de la Russie, qu'ils traitent comme un "écolier pris en faute".

Vladimir Poutine laisse entendre que l'arrivée, prévue en octobre, de Jens Stoltenberg au poste de secrétaire général de l'Otan pourrait être un facteur d'apaisement.

"Nous avons de très bonnes relations, y compris sur le plan personnel. C'est une personne très sérieuse, responsable", dit-il. "Mais attendons de voir comment il développera ses relations dans ses nouvelles fonctions."

DES MÉDAILLES POUR LA CRIMÉE

Le président russe entretient en revanche des relations tendues avec l'actuel secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, qu'il accuse une nouvelle fois dans cette interview d'avoir enregistré à son insu puis laissé fuiter une conversation privée entre les deux hommes. L'ancien Premier ministre danois dément ces accusations.

Un rapprochement entre la Russie et les pays occidentaux paraît toutefois encore incertain puisque ces derniers continuent de considérer la Crimée comme une entité de l'Ukraine.

Dans son interview, Vladimir Poutine annonce qu'il va remettre des médailles aux Russes ayant participé à la prise de contrôle de la Crimée. "Bien sûr qu'il y aura des décorations officielles", dit-il.

Il rejette en outre les critiques sur le déroulement du référendum d'autodétermination en Crimée, qui s'est tenu en mars en présence de forces pro-russes. Soulignant que 83% des électeurs de la péninsule ont participé à la consultation, il juge qu'il aurait été "impossible" de truquer le scrutin.

Le président russe refuse enfin les comparaisons établies par certains observateurs occidentaux entre les opérations "antiterroristes" menées par la Russie en Tchétchénie dans les années 1990 et la lutte actuelle des autorités ukrainiennes contre les militants séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine.

"Il s'agissait de groupes parfaitement formés, bien préparés, qui étaient approvisionnés et armés de l'étranger. Il y a une grande différence", affirme Vladimir Poutine. (Conor Humphries; Bertrand Boucey pour le service français)