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MOSCOU, 26 novembre (Reuters) - La Russie souhaite la constitution d'une vaste coalition sous l'égide de l'Onu pour combattre les djihadistes et qui pourrait se mettre d'accord sur les moyens de résoudre le conflit syrien, a déclaré jeudi le président russe Vladimir Poutine à l'issue d'un entretien à Moscou avec son homologue français François Hollande.

"Avec M. Hollande nous sommes prêts à apporter une contribution pratique à la formation d'une coalition antiterroriste très large, à savoir un front antiterroriste sous l'égide de l'Onu", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse commune avec le président français.

Il a ajouté que son pays était toujours prêt à coopérer avec la coalition, conduite par les Etats-Unis, actuellement engagée contre l'Etat islamique (EI).

"Nous sommes prêts à coopérer avec la coalition qui est conduite par les Etats-Unis. Mais, évidemment, des incidents comme la destruction de nos avions et la mort de nos soldats (...) sont tout à fait inacceptables", a-t-il dit.

"Nous partons du principe que cela ne se répétera pas, car sinon nous ne voyons pas la nécessité de coopérer avec qui que ce soit, coalition ou pays."

Vladimir Poutine évoquait la destruction d'un chasseur-bombardier russe par la chasse turque mardi à la frontière syrienne. Il a jugé "impossible" que les chasseurs turcs n'aient pas vu qu'il s'agissait d'un appareil russe et a parlé de "trahison" de la part d'un pays que la Russie considérait comme ami.

COORDINATION

Il a ajouté que la Russie et la France étaient convenues de partager des informations militaires sur leurs opérations en Syrie et a vanté "l'efficacité" des missions que les forces russes mènent depuis la fin septembre dans ce pays.

"Il s'agit de désigner les secteurs où nous pouvons mener des frappes, ceux où il est préférable de ne pas en mener, nous parlons de l'échange d'informations sur différentes questions, et la coordination de nos actions, pour ainsi dire, sur le champ de bataille."

Il a réaffirmé que seul le peuple syrien pouvait décider de l'avenir de Bachar al Assad, ajoutant que le président syrien et son armée étaient des alliés naturels dans la lutte contre le terrorisme, une conception que ne partage pas son homologue français.

Mais il a dit être prêt à soutenir d'autres groupes en Syrie qui combattent contre l'Etat islamique.

Dans le cadre de la coopération avec la France, il s'agit d'éviter notamment "de frapper des groupes qui sont prêts eux-mêmes à combattre le terrorisme", a-t-il indiqué.

Il a aussi évoqué les véhicules transportant du pétrole (de l'Etat islamique) qui se rendent selon lui en Turquie. "Il est difficile de croire que les dirigeants turcs ne le savent pas."

A propos des attentats de Paris et de Saint-Denis le 13 novembre, ainsi que de la destruction d'un Airbus russe au-dessus du Sinaï le 31 octobre, il a parlé "d'une tragédie commune". "Nous sommes unis dans notre volonté de trouver et de punir les commanditaires (de ces attentats)", a-t-il dit. (Denis Pinchuk et Eizabeth Pineau, Guy Kerivel pour le service français)