(Actualisé avec déclaration du pape)

par Diego Oré et Anggy Polanco

SAN CRISTOBAL, Venezuela, 24 octobre (Reuters) - Le gouvernement socialiste vénézuélien et l'opposition vont mener des discussions, dimanche, sur fond d'aggravation de la crise politique et de manifestations en cours depuis la suspension du processus de référendum révocatoire visant le président Nicolas Maduro.

Les deux parties se retrouveront sur l'île Margarita, ont annoncé lundi le gouvernement, l'opposition et le nonce apostolique (ambassadeur) du Vatican au Venezuela.

"Le dialogue se concrétise", a déclaré à la presse un responsable du Parti socialiste au pouvoir, Jorge Rodriguez. Les discussions se dérouleront sous l'égide du Vatican, de l'Unasur (Union des nations sud-américaines) et de trois anciens chefs d'Etat.

Les discussions passées entre les deux camps n'ont pas donné de résultats déterminants.

Nicolas Maduro, qui effectue actuellement une tournée dans des pays producteurs de pétrole, a fait halte lundi au Vatican où il a été reçu en audience privée par le pape François, qui l'a exhorté à engager un dialogue avec l'opposition.

"Enfin, nous engageons un dialogue entre l'opposition et le gouvernement légitime", a dit Maduro à Rome, après avoir été reçu par le pape.

Le souverain pontife a demandé à Nicolas Maduro de "suivre courageusement la voie d'un dialogue sincère et constructif, afin d'atténuer les souffrances de la population, et avant tout des pauvres, et afin de favoriser un retour à un climat de cohésion sociale qui permettra aux gens de regarder avec espoir vers l'avenir du pays", a déclaré le Vatican dans un communiqué.

Le Vatican avait accepté en septembre d'accompagner le dialogue entre le chef de l'Etat et ses opposants, mais aucun rapprochement n'est intervenu jusqu'à présent entre les deux camps.

PAS DE CAMPAGNE DE SIGNATURE

L'opposition appelle à manifester mercredi dans tout le pays, alors que le Venezuela traverse sa troisième année de récession économique et vit à l'heure des pénuries alimentaires et de l'inflation galopante.

Lundi, des groupes de jeunes cagoulés ont brûlé des ordures et érigé des barricades à San Cristobal, ville proche de la frontière colombienne. Plusieurs centaines d'étudiants ont défilé dans les rues de ce bastion de l'agitation anti-Maduro, où ont eu lieu les violences les plus graves lors des troubles d'il y a deux ans.

"Nous voulons la liberté!", ont scandé les manifestants, qui ont barré plusieurs artères, sous la surveillance des forces de police et de soldats.

L'Assemblée nationale, dominée par l'opposition, a engagé ce week-end une procédure visant à traduire le chef de l'Etat socialiste devant la justice, pour violation de la démocratie, même si cette procédure n'a guère de chance d'aboutir.

La séance a été interrompue par une centaine de manifestants pro-gouvernement, qui ont fait irruption en brandissant des insignes du Parti socialiste et en scandant "L'Assemblée tombera!"

La commission électorale a bloqué voici quelques jours le processus d'organisation d'un référendum de destitution de Nicolas Maduro en suspendant la campagne qui devait permettre à l'opposition de réunir les quatre millions de signatures nécessaires à sa tenue. (Avec Philip Pullella au Vatican; Eric Faye pour le service français)