AMMAN, 21 décembre (Reuters) - La Jordanie a procédé dimanche à ses premières exécutions depuis huit ans, avec la pendaison de onze détenus, apprend-on de sources judiciaires.

Ces condamnés font partie des 120 Jordaniens condamnés à la peine capitale ces dix dernières années, certains pour meurtre aggravé ou viol ayant donné la mort.

La Jordanie avait suspendu les exécutions en 2006 pour se conformer aux conventions des Nations unies mais la pression de l'opinion publique après une série de crimes violents ces dernières années a incité les autorités à lever ce moratoire.

Le royaume a amendé son code pénal en 2006 afin de répondre aux recommandations du Conseil des droits de l'homme de l'Onu qui jugeait que trop de crimes étaient passibles de la peine de mort. Parmi ceux-ci figuraient des infractions liées au trafic de stupéfiants ou la possession ou le transport d'explosifs.

"Avec ces exécutions, la Jordanie perd son statut de rare voix progressiste concernant la peine de mort dans la région", a commenté Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

"La reprise de cette forme cruelle de punition est encore l'expression du recul de la Jordanie sur les droits de l'homme", a-t-elle ajouté.

La plupart des détenus exécutés en Jordanie au cours des dernières décennies sont des prisonniers de droit commun alors que les extrémistes islamistes inspirés par Al Qaïda ont vu leurs condamnations commuées en peines de prison à perpétuité. (Suleiman Al-Khalidi; Jean-Stéphane Brosse et Agathe Machecourt pour le service français)