"Quelle est l’importance des montants échangés et des volumes de transactions sur les Produits de Bourse actuellement ?
Les mois de juillet et d’août sont généralement calmes. Les volumes de transactions sont plus faibles durant les vacances estivales. Ceci étant, depuis janvier la tendance est globalement stable. Les volumes s’élèvent à 150 000 transactions par mois en moyenne depuis le début de l’année. De plus, environ 550 millions d’euros sont échangés mensuellement sur la Bourse de Paris qui représente 40% de l’activité sur ce segment (contre 55% pour NYSE Euronext à Amsterdam).
Par rapport à l’année 2012, sur NYSE Euronext à Paris, les montants échangés en 2013 (chiffres annualisés) sont en baisse de 14% et les volumes de transactions en recul de 6% (contre respectivement -10% et -2,5% sur NYSE Euronext à Amsterdam).

Les chiffres relevés sont sans comparaison avec ceux de 2011. Par rapport à cette période, les montants échangés sont en chute de 49% et les volumes de transactions en déclin de 35%. L’année 2011 avait été très riche en actualités avec le tremblement de terre au Japon en février, la mini crise sur les matières premières en mars, la crise de la dette de la zone euro de juillet à septembre 2011. Ces évènements avaient conduit à une forte volatilité des marchés, ce dont sont friands les investisseurs sur Produits de Bourse. Ainsi, les volumes de transactions enregistrés en août 2011 avaient atteint un record mensuel absolu.

De plus, deux importants courtiers -Boursorama et Bourse Direct- ont depuis décidé de ne plus transmettre leurs ordres sur Produits de Bourse à un marché réglementé tel que NYSE Euronext et ont préféré choisir des plateformes de négociation de gré à gré, principalement pour des raisons de coûts, sans forcément que cela soit au bénéfice des investisseurs du fait principalement d’un manque de transparence, de contrôle et de régulation.
En prenant en compte les flux estimés de ces deux opérateurs, nous parvenons à des variations pour l’ensemble du marché français de -38% pour les montants échangés et de -8% pour les volumes de transactions en 2013 par rapport à 2011.

Nous ne pouvons pas en déduire de manière claire un intérêt moindre pour les Produits de Bourse. L’appétit est au contraire vif dans la mesure où nous avons plus de petites transactions ce qui peut amener à penser qu’il y a plus d’investisseurs.

Quels sont les produits les plus échangés ?

Entre les warrants, les turbos, les certificats d’investissement et les certificats à effet de levier, on dénombre à ce jour entre 26 000 et 27 000 produits sur l’ensemble des marchés européens de NYSE Euronext et ce sur près de 900 sous-jacents.

Sur NYSE Euronext à Paris, les certificats à levier sont à ce jour les produits les plus utilisés par les investisseurs. Ils reflètent la variation journalière à la hausse comme à la baisse d’un sous-jacent avec en prime un coefficient multiplicateur. Ce coefficient peut être de 2, 3, 5, 12, ou même 15. L’émetteur Société Générale a été le premier à lancer ces produits en octobre 2010. Depuis, d’autres émetteurs ont suivi et il existe aujourd’hui entre 100 et 150 certificats à levier sur indices, actions et matières premières. Cependant, les volumes sont concentrés sur une dizaine de produits, ceux offrant les leviers les plus importants. En 2013, ces certificats représentent sur NYSE Euronext à Paris près de 37% des montants échangés sur les Produits de Bourse et 21% des volumes de transactions. Les prises de positions se font en très grande partie sur des sous-jacents locaux principalement en raison de l’accès plus facile à l’information. Il est plus aisé de se forger un sentiment, une forte conviction sur une valeur nationale.

Les turbos arrivent au second rang des produits les plus utilisés. Ces instruments permettent de prendre une position sur un niveau d’action ou d’indice. Ils sont appréciés car, contrairement aux warrants, ils ne sont pas sensibles au passage du temps et à la volatilité implicite. Ils bénéficient néanmoins d’un moindre engouement que les certificats à levier en raison de l’existence d’une barrière désactivante. Si le sous-jacent touche ou dépasse la barrière, le turbo arrive à échéance de manière prématurée et l’investissement est perdu. En France, les turbos représentent 35% des montants échangés et 50% des volumes de transactions. Il existe deux types de turbos : les turbos avec échéance et les turbos sans échéance. Ce sont les premiers cités qui sont les plus utilisés.

Arrivent enfin les warrants qui représentent 19% des montants échangés et 25,5% des volumes de transactions.

Les autres types de certificats n’ont pas beaucoup suscité l’engouement des investisseurs pour deux principales raisons. Ils ne sont pas éligibles au PEA et les investisseurs peuvent souvent leur préférer un simple investissement sur action  au travers du Service à Règlement Différé.

Quels sont les sous-jacents les plus sollicités ?
Les sous-jacents les plus plébiscités sont surtout les locaux. A titre illustratif, sur NYSE Euronext à Paris, 88% des transactions sur Produits de Bourse se font sur des sous-jacents français. Sur NYSE Euronext à Amsterdam, 61% des transactions se font sur des sous-jacents hollandais.
Les indices à levier représentent 38% des montants échangés et 20% des volumes de transactions.
Les indices classiques constituent le deuxième type de sous-jacent le plus exploité. Sur ce type de sous-jacent, le CAC 40 attire 90% des montants échangés à Paris sur Produits de Bourse et l’AEX recouvre 77% des montants échangés à Amsterdam. Viennent ensuite en plus petite proportion le Dax, le Dow Jones, le Nikkei, le S&P et l’Eurostoxx 50.

Les actions attirent 21% des montants échangés et 31% des volumes de transactions des Produits de Bourse. Les sous-jacents actions les plus suivis sont depuis plusieurs mois BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Alcatel Lucent et Peugeot.
Sur les matières premières, qui représentent 3% des montants échangés et 3,5% des volumes de transactions, l’or représente 62% des montants échangés et 58% des volumes de transactions. 11% des montants échangés sont sur le pétrole. Puis vient l’argent.
Les devises ne représentent qu’ 1% des montants échangés et 1% des volumes de transactions. Les fonds ne constituent que 0,2% des montants échangés, et les obligations 0,1%.

Il est difficile de donner le sentiment des investisseurs à la vente ou à l’achat sur ces différents sous-jacents car nous n’avons pas de visibilité sur les positions ouvertes.

A quoi vous attendez-vous en termes d’émission de produits pour les mois à venir ?
Nous nous attendons indéniablement à l’émission de plus de produits. Ce ne seront pas forcément des nouveaux types de produits. Ils concerneront probablement des nouveaux sous-jacents.
La nouvelle tarification pour les émetteurs mise en place par NYSE Euronext depuis le début de l’année 2013 les incite à offrir davantage de produits et se diversifier. Nous devrions par exemple voir plus de turbos sans échéance. La gamme devrait de plus en plus se standardiser. Plus de choix devrait être permis. La concurrence devrait être plus vive.

Avez-vous des préconisations à formuler pour les investisseurs qui s’intéressent de près à ces produits ?

Il y a lieu de diversifier ses placements. En cela il faut éviter d’investir tout son portefeuille dans des Produits de Bourse. Il n’est pas non plus recommandé de n’avoir que des produits sur un même sous-jacent. Il est préférable de se positionner seulement dans le cas où l’on a un point de vue clair sur le sous-jacent sur lequel on souhaite se positionner, à la hausse ou à la baisse.

Le choix des produits dépendra du risque que l’on est prêt à prendre et de son horizon d’investissement. A moyen-long terme, les turbos ou les warrants seront requis. Pour réduire le risque de désactivation, il faudra veiller à ne pas avoir une barrière désactivante trop proche du cours actuel du sous-jacent, même si cela suppose un effet de levier plus faible, donc une plus-value espérée plus modérée. A court terme, les investisseurs pourront se placer sur des certificats à levier, qui ne sont pas recommandés pour le moyen-long terme car ils multiplient la performance journalière du sous-jacent. Sur une longue période, la performance enregistrée sur l’indice à levier ne correspond pas forcément à la performance du sous-jacent ajustée du coefficient multiplicateur. Ainsi, si l’investisseur subit d’importantes pertes dès dans les premiers jours de l’investissement il faudra plus de temps pour récupérer son gain.

Comment faire la distinction entre les mêmes produits offerts par des émetteurs concurrents sur les mêmes sous-jacents ?

La détermination du sous-jacent souhaité, du type de produit considéré, de l’horizon d’investissement voulu restreignent déjà beaucoup l’univers d’investissement. Il est possible d’envisager ensuite plusieurs paramètres disponibles gratuitement sur le site www.boursedeparis.fr : les ratios de liquidité. Parmi ceux-ci figurent le taux de présence de l’émetteur, le spread (l’écart achat-vente) moyen, et la quantité moyenne. Ces informations sont accessibles pour la dernière séance de bourse ou sur la moyenne des 20 dernières séances. Ainsi si un investisseur hésite entre des produits équivalents de différents émetteurs, ces données pourront le renseigner sur la qualité d’animation de marché de chacun de ces émetteurs.
De plus, tous les émetteurs ont des sites Internet (avec pour la plupart des simulateurs de prix) et des hotlines destinées aux investisseurs. Il leur est vivement conseiller d’user et d’abuser de ces services afin d’avoir en main un maximum d’informations avant d’investir.

Voyez-vous des risques de dérive possible consécutivement à la multiplication des nouveaux produits ?

Les marchés de NYSE Euronext sont réglementés. De ce fait, une surveillance des marchés en temps réel est opérée par NYSE Euronext et toutes les données de marchés sont également transmise aux régulateurs (l’Autorité des Marchés Financiers en France) pour empêcher toute dérive, toute fraude.
Les prospectus qui accompagnent tous les Produits de Bourse cotés sur NYSE Euronext et commercialisés par les émetteurs sont préalablement visés par un régulateur de l’Union Européenne, ce qui limite sensiblement le risque de mise sur le marché de produits trop exotiques ou complexes, ou non adaptés aux investisseurs particuliers.
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