* Du "9-3" au "perchoir"

* Un manoeuvrier redoutable

* "Don Barto" face à la concurrence de Pécresse et du FN

par Elizabeth Pineau

PARIS, 29 novembre (Reuters) - En briguant la région Ile-de-France, Claude Bartolone relève l'un des plus grands défis de ses quarante années de carrière politique qui l'ont mené des confins du "9-3", banlieue populaire de Paris, au "perchoir" de l'Assemblée nationale.

"Par certains côtés, je n'ai plus rien à démontrer. Mais j'ai toujours été mobilisé par l'idée d'engagement", déclarait le mois dernier à Reuters le candidat embarqué dans une campagne difficile pour conserver la région la plus riche de France dans le giron socialiste.

"Je veux donner à cette région le condensé de toutes les expériences que j'ai pu acquérir au cours de mon parcours politique", ajoutait l'élu de 64 ans.

Voix douce, manières chaleureuses, poignée de main fraternelle, Claude Bartolone n'en est pas moins un redoutable stratège quand vient l'heure de livrer bataille ou de manoeuvrer en coulisses pour assurer la victoire de son camp.

Ses détracteurs l'ont affublé de divers surnoms de cinéma, en lien direct avec ses origines méditerranéennes : "Don Barto", "parrain du 9-3" voire "Attila sicilien."

Claude Bartolone est né le 29 juillet 1951 à Tunis d'un père sicilien ouvrier agricole et d'une mère maltaise. En 1960, la famille s'installe au Pré-Saint-Gervais, dans le département de la Seine-Saint-Denis où Claude Bartolone réside encore aujourd'hui, aux Lilas.

Assumant son "côté rital", il va souvent se ressourcer dans le restaurant de gastronomie italienne que tient à Paris son frère René, le Marco Polo.

SONDAGES DÉFAVORABLES

Le virus de la politique a tôt atteint Claude Bartolone, entré au Parti socialiste au début des années 1970. Elu conseiller général en 1979, il devient député de la sixième circonscription de la Seine-Saint-Denis après l'élection de François Mitterrand en 1981.

En 1998, il est nommé ministre délégué à la Ville dans le gouvernement de Lionel Jospin, un poste qu'il conserve jusqu'à l'élection présidentielle de 2002. Six ans plus tard, en 2008, il est élu président du conseil général de Seine-Saint-Denis.

Son souci constant de rester en bons termes avec toutes les tendances du Parti socialiste - des Verts à François Hollande en passant par Martine Aubry et Ségolène Royal - l'a aidé à se propulser à la présidence de l'Assemblée nationale en 2012.

Face à un exécutif critiqué au PS pour ses tentations droitières, Claude Bartolone a fait entendre une petite musique plus à gauche, prônant par exemple un rapprochement avec les Verts au nom de la "social-écologie" ou se démarquant de propos controversés du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.

S'il perd les élections régionales le mois prochain, le président de l'Assemblée nationale reviendra devant les députés socialistes pour remettre son sort entre leurs mains.

Les derniers sondages ne lui sont pas favorables. La candidate des Républicains, Valérie Pécresse, arriverait nettement en tête au premier tour, le reléguant au coude-à-coude avec le candidat du Front national, Wallerand de Saint-Just.

Avant les attentats du 13 novembre, Claude Bartolone se réjouissait de l'affluence constatée lors de ses premiers meetings, notamment à Pantin (Seine-Saint-Denis), où il a refusé du monde. Il comptait sur le frémissement économique pour remobiliser la famille de gauche.

Les drames du 13 novembre ont tout bouleversé. Présent au Stade de France aux côtés de François Hollande le soir des attentats, il a suivi de près tout le processus républicain en réponse à cet "acte de guerre", selon les termes du chef de l'Etat, présidant notamment le Congrès extraordinaire du 16 novembre à Versailles. (Edité par Sophie Louet)