* Le ministre de la Défense largement favori

* Incertitude sur son mandat

* Marc Le Fur (LR) croit la victoire possible

par Pierre-Henri Allain

RENNES, 29 novembre (Reuters) - Marc Le Fur, surnommé en Bretagne le "député du cochon" pour sa défense de l'agriculture productiviste, a fait campagne sans relâche dans l'espoir de détrôner la gauche emmenée par Jean-Yves Le Drian aux régionales.

Le député des Côtes-d'Armor (Les Républicains) sait que les attentats du 13 novembre ont changé la donne pour le ministre de la Défense, qui s'est engagé avant les événements à quitter son poste en cas d'élection.

Marc Le Fur, qui a multiplié les rencontres avec les électeurs pour combler un déficit de notoriété face à l'emblématique ministre, estime que "la victoire est possible" après les bons scores de la droite aux municipales et départementales.

"C'est le combat de mon existence", confie à Reuters cet énarque de 58 ans.

"Ce ne sera pas facile, mais nous arrivons à un moment historique où le mouvement en faveur de la gauche dans la région, entamé en 1977, et dont Jean-Yves le Drian est l'ultime représentant, s'est arrêté avec les dernières municipales où nous avons repris beaucoup de villes moyennes", ajoute-t-il.

Jean-Yves Le Drian part avec les faveurs des pronostics dans cette terre socialiste qu'il a déjà dirigée de 2004 à 2012, les sondages lui donnant dix points d'avance sur son rival de droite.

Marc Le Fur a exhorté le 18 novembre le "désormais ministre de la Guerre" à désigner un remplaçant pour piloter une région "en crise" dans l'hypothèse où la gauche serait reconduite.

L'élu estime mettre en oeuvre une stratégie gagnante avec le rassemblement des Républicains, de l'UDI, du MoDem et de certains régionalistes sur ses listes, dont la composition a toutefois suscité de fortes tensions.

Ainsi le bureau exécutif de l'UDI a-t-il retiré son investiture au candidat, qui jouit toutefois du soutien d'élus centristes.

"En 2010 et 2014, nous n'avions pas réalisé l'unité et nous avons perdu, en 1998 nous étions unis et nous avons gagné", rappelle le député, dont les méthodes jugées autoritaires par ses détracteurs ont également éloigné quelques élus du MoDem.

PARTISAN DE LA RÉUNIFICATION DE LA BRETAGNE

Marc Le Fur, qui fut aux avant-postes du mouvement breton des Bonnets Rouges contre l'écotaxe en 2014, et un farouche opposant au mariage homosexuel, défend un programme que résume son slogan de campagne : "Le choix de la Bretagne".

Fervent partisan de la réunification de la région historique à cinq départements, il promet de garder toute sa liberté vis-à-vis des appareils parisiens et se prépare à défendre une plus grande autonomie de la région avec de nouvelles possibilités d'expérimentations, dont des zones franches.

Après avoir bataillé à l'Assemblée nationale pour assouplir les règles environnementales qui s'appliquent aux exploitations agricoles, ce membre éminent du "Club des amis du cochon", qui rassemble plusieurs élus à Paris, veut aller plus loin.

La Bretagne est la plus importante région productrice de viande porcine en France, au prix d'une pollution des nappes phréatiques qui vaut à la France des procédures d'infraction de la Commission européenne et une crise de cette production.

"'Ré zo Ré', 'trop c'est trop'", lance Marc Le Fur, reprenant un slogan en langue bretonne des Bonnets Rouges pour dénoncer les "contraintes" qui pèsent sur ces secteurs, tout en se défendant d'être un partisan du modèle agricole industriel.

"Je suis avec tous les agriculteurs et il y a d'ailleurs un agriculteur bio dans ma liste. Ce qui compte, c'est l'emploi, et il ne faut pas décourager ceux qui font des choses."

Selon un sondage BVA diffusé le 23 octobre, Marc Le Fur est crédité de 30% des intentions de vote au premier tour, le 6 décembre, devant Jean-Yves Le Drian (26%) et le chef de file du Front national Gilles Pennelle (16%). Le leader des Bonnets rouges, Christian Troadec, obtiendrait 9%.

Au second tour, les listes de gauche l'emporteraient avec 46% contre 36% à la droite et 18% à l'extrême droite. (Edité par Sophie Louet)