* La députée entend se vouer "100%" à la région

* Une campagne tous azimuts

* L'ex-ministre plaide pour des mesures iconoclastes

PARIS, 29 novembre (Reuters) - Jean-Pierre Raffarin dit d'elle que c'est "un tracteur", Pierre-Yves Bournazel "un rouleau compresseur" : Valérie Pécresse, qui porte les espoirs de la droite en Ile-de-France, a labouré en stratège militaire ce fief socialiste pour se tracer un chemin vers la victoire.

L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, qui fut chargée de l'Enseignement puis du Budget, n'a rien laissé au hasard.

Pas question de revivre l'échec du 21 mars 2010, quand elle s'était inclinée avec 43,31% des voix face au socialiste Jean-Paul Huchon. L'issue inéluctable d'une campagne ratée, de l'avis même de la candidate, trop "techno", minée par les divisions.

Valérie Pécresse, 48 ans, en a tiré les leçons et s'est d'abord attelée à rassembler une droite francilienne réputée ingérable, réussissant la gageure de se concilier les barons parisiens de l'ex-UMP.

Fidèle de François Fillon, elle entretient désormais des relations apaisées avec Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy. Lors de son premier grand meeting, en septembre dernier, elle a réuni sur la même tribune l'ancien chef de l'Etat, son ancien Premier ministre et Alain Juppé, adversaires à la primaire.

"Fonce Valérie pour ceux qui ont le regard si triste dans le RER de 18 heures!", lui a alors lancé François Fillon. "Continue, Valérie, à nous téléphoner à quatre heures du matin!", a renchéri Nicolas Sarkozy.

"Etre une femme politique...c'est pas si facile", écrivait-elle en titre d'un ouvrage paru en 2007.

Diplômée de HEC en 1988, elle intègre ensuite l'Ena (1990-1992) qu'elle a préparée "en cachette". Membre du Conseil d'Etat, qu'elle pourrait réintégrer en cas de défaite, elle a annoncé en novembre sa démission de la haute fonction publique, au motif que "les Français ne supportent plus que les politiques se présentent devant eux avec des privilèges".

"Je choisis l'Ile-de-France à 100%", promet-elle, détonnant dans une famille politique déjà lancée dans la compétition de la primaire de 2016. "Si je suis présidente de la région, je ne cumulerai pas".

FRAUDE ET GASPILLAGE DANS SON VISEUR

Celle que ses détracteurs réduisirent un temps à une "bourgeoise versaillaise", ou à une "première de la classe" éloignée des réalités, s'est immergée sans repos dans le quotidien des Franciliens.

Gares de RER, stations de métro, infrastructures routières, exploitations laitières de la Grande couronne, quartiers populaires de Seine-Saint-Denis... en bonne héritière de Jacques Chirac, dont elle fut conseillère, la députée des Yvelines a fait campagne sur des propositions "clivantes".

Elle a préparé un plan antigaspillage avec, par an, des économies de 400 millions d'euros et des recettes nouvelles de 245 millions d'euros en déménageant notamment en banlieue le siège de la région (cinq hôtels particuliers à Paris), en divisant par trois le parc automobile et en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, sauf dans les lycées.

Aux transports, sa priorité, elle entend consacrer 18 milliards d'euros d'ici à 2021 sans augmentation d'impôts, mais avec une écotaxe sur les poids lourds en transit.

Très engagée sur la sécurité, elle prône une "lutte implacable" contre la fraude, qui coûte 200 millions d'euros par ans à la région, veut interdire de transports en commun les "délinquants multirécidivistes" du réseau, supprimer la réduction de 75% pour les étrangers en situation irrégulière.

Favorable à une police régionale des transports, elle promet des caméras de surveillance dans chaque wagon de train, chaque rame de RER et de métro, chaque tramway et chaque bus.

Cette mère de trois enfants plaide pour des lycées sans drogue en préconisant notamment des tests salivaires dans les établissements.

"L'idée, c'est d'avoir une bulle de sécurité autour du lycée", explique-t-elle, en se défendant d'empiéter sur les thématiques du Front national, qui jouera un rôle d'arbitre dans l'élection. (Sophie Louet)