par Georgia Kalovyrna et Lefteris Karagiannopoulos

ATHÈNES, 2 juin (Reuters) - Dans le café qu'il tient près de la place Syntagma, dans le centre d'Athènes, Constantinos Garifallou commente par un haussement d'épaules la nouvelle hausse de la TVA entrée en vigueur mercredi.

S'il a fini par s'y habituer, c'est qu'il s'agit de la sixième hausse en six ans. Elle a été imposée à Athènes par le plan d'aide international élaboré par ses créanciers.

"On espère qu'il y a un plan, que d'ici six ou neuf mois, ils reviendront sur cette décision", explique Constantinos Garifallou, évoquant le gouvernement conduit par Alexis Tsipras qui s'est engagé à contrebalancer les effets des hausses d'impôts en Grèce, engluée dans la récession depuis près de sept ans.

En plus de la hausse de la TVA, désormais à 24%, les taxes sur l'alcool, le tabac, la téléphonie mobile, internet ou encore le café, seront relevées à partir de l'année prochaine.

Les parlementaires grecs ont adopté sans enthousiasme le mois dernier une série de relèvements de taxes et de réformes du système des retraites afin que la Grèce réponde aux critères fixés dans le plan d'aide signé l'été dernier, d'un montant susceptible d'atteindre 86 milliards d'euros.

"Il s'agit de taxer de l'argent qui n'existe pas", proteste Pavlos Asteriou, un enseignant à la retraite. "Où allons-nous trouver cet argent ? C'est pour ça que cette mesure va échouer et que nous allons nous retrouver au point de départ."

LE TOURISME TOUCHÉ A SON TOUR

Dans l'industrie, également, on conteste le bien-fondé de l'augmentation continue du fardeau fiscal pour les entreprises qui sont obligées de la répercuter sur les consommateurs. "Chaque hausse rogne sur la consommation, le chiffre d'affaires et les rentrées fiscales", souligne Vassilis Korkidis, qui dirige la Chambre de commerce grecque.

Dernière victime en date de la crise grecque, un hôtel cinq étoiles du centre d'Athènes a fermé ses portes, alors que la saison touristique commence à peine. Sur l'affichette collée à la vitre de son entrée principale, le Ledra justifie sa fermeture par des "difficultés économiques".

Les quelque 200 touristes déjà installés pourront poursuivre leur séjour, mais l'hôtel ne prendra plus de réservations. Quant aux salariés, ils n'ont plus été payés depuis la mi-mars

"C'est triste pour la Grèce", regrette Allan Pedersen, 65 ans, client danois de l'établissement. "C'est grâce au tourisme que l'argent rentre. Si les touristes du monde entier apprennent cela, ils risquent de choisir une autre destination, Barcelone, peut-être."

La reprise économique grecque repose désormais essentiellement sur ses monuments et sur ses plages de sable. Le tourisme reste la principale source de devises pour le pays, représente environ 17% du PIB et emploie une personne sur cinq.

"Certains survivent, d'autres coulent, mais quand la taxation est lourde, certains meurent plus rapidement", relève Andreas Andreadis, qui dirige la fédération du secteur grec du tourisme.

VOIR AUSSI

Valls à Athènes pour assurer les Grecs du soutien de la France (Nicolas Delame pour le service français)