La monnaie russe a perdu près de 20% de sa valeur dans la seule journée du mardi, atteignant à son paroxysme les niveaux de 1 dollar = 80 roubles et 1 euro = 100 roubles.
Cette évolution n’a jamais été constatée depuis la crise de 1998, malgré le soutien désespéré de la banque centrale russe (BCR).  En effet, depuis début décembre, celle-ci est intervenue à plusieurs reprises pour ranimer la monnaie, dépensant au total 5,9 milliards de dollars ce mois-ci...En vain. Même une double hausse du taux directeur dans l’intervalle d’une semaine n’a pu contenir les velléités baissières. Jeudi 11 décembre, elle les portait déjà de 9.5% à 10.5%, pour les catapulter cinq jours plus tard à 17%.
Cependant, cette explosion du taux directeur n’a pas apaisé le marché : après une légère hausse en début de journée, le rouble s’est effondré pour atteindre de nouveaux plus bas.


Evolution de la parité USD/RUB (en chandeliers) et du taux directeur de la BCR (en blanc)



Ceci met sous les projecteurs la situation de plus en plus délicate de la Russie, doublement sanctionnée par les occidentaux et la chute des cours du pétrole. La BCR a dressé un tableau critique du pays en 2015, prévoyant une entrée en récession avec une possible chute de 4.5% de son PIB si le pétrole restait à 60 dollars. En tenant compte des recettes de l’Etat à moitié liées au pétrole, la Russie table sur un prix du baril à 105 dollars pour équilibrer son budget.


Quel impact pour l’économie Russe?

Le FMI estime que la croissance du pays ne dépassera pas 0.2% cette année. La chute du rouble se reflète sur l’évolution des prix. L’inflation approche les 10 % sur un an et la BCR a annoncé qu’elle devrait atteindre un pic de 11,5 % au premier trimestre 2015. Les revenus des ménages pourraient chuter de plus de 6% et les investissements de 10% l'an prochain.
 

Quelles conséquences pour les marchés?

La Russie est confrontée à un exode des capitaux: 128 milliards de dollars ont été retirés en 2014, selon la BCR. Les taux d’intérêt élevés ralentissent l’économie et bloquent les investissements. Cette conjoncture pèse lourdement sur les marchés actions. La bourse de Moscou s’est effondrée suite aux dernières annonces: l’indice RTS en perdant près de 35% en décembre, accentue sa perte annuelle à -56% pour s’établir à son plus bas depuis mars 2009.

Evolution de l'indice boursier russe RTS en 2014:



Les analystes soupçonnent que la BCR pourrait envisager une politique moins orthodoxe suite à l’échec de ses interventions récentes, avec une possible mise en place d’un contrôle des mouvements de capitaux. Une telle méthode aurait des conséquences néfastes et pourrait ruiner par conséquent la crédibilité de Moscou sur les marchés.  
Les sociétés européennes et américaines exposées en Russie subissent la crise locale, à l’instar de McDonald’s et Renault qui sont obligés d’augmenter leur prix, et des banques liées en affaires telle que Société Générale.  

Le graphique suivant compare la capitalisation totale de l'indice RTS à celles d'Apple et Google, et souligne ainsi la faiblesse du marché moscovite par rapport à Wall Street:

 
   
 
De ce fait, l’offensive occidentale menée contre la Russie commence à lui infliger des dégâts sérieux. Malgré le léger rebond de la bourse et de la monnaie russe récemment suite aux propos rassurants de la BCR, le bilan de cette guerre économique pourrait empirer si Moscou ne se soumet pas aux exigences des occidentaux.