Paris (awp/afp) - Les Bourses européennes, bien orientées, ont au final été peu perturbées par la victoire du non au référendum italien lundi, Wall Street optant elle aussi pour la sérénité.

"Le résultat avait été quand même largement anticipé, au moins la victoire du non", a expliqué à l'AFP Gilles Guibout, gérant actions Europe chez AXA IM.

A l'exemple des Bourses européennes, Wall Street évoluait bien orientée en début de séance, l'annonce de la démission du chef du gouvernement italien Matteo Renzi ayant finalement peu d'impact.

Vers 17H00 GMT, à la Bourse de New York, l'indice vedette Dow Jones gagnait 0,38% tandis que l'indice élargi S&P 500 s'adjugeait 0,59%.

En Europe, Paris a clôturé avec le vent en poupe (+1,00%) tandis que la Bourse de Francfort a, elle, bondi de 1,63%, celle de Londres grignotant 0,24%. Milan a pour sa part cédé 0,21%. L'Eurostoxx 50 a fini en progression de 1,25%.

En Asie, les marchés boursiers ont quant à eux perdu du terrain sans pour autant céder à la panique, la Bourse de Tokyo terminant en baisse de 0,82% lundi. A Hong Kong, l'indice Hang Seng a perdu 0,26%, tandis que la Bourse de Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, a lâché 0,78%.

De son côté, la monnaie unique a d'abord fléchi, tombant au plus bas depuis 20 mois dans la nuit de dimanche à lundi, dès la diffusion des sondages réalisés à la sortie des urnes. Néanmoins, vers 17H00 GMT, elle remontait nettement, s'inscrivant à 1,0736 dollar contre 1,0664 vendredi à New York.

"Ce qui surprend, c'est moins le non que l'ampleur de ce rejet", a estimé dans une conférence téléphonique Didier Borowski, responsable de la macroéconomie pour le gestionnaire d'actifs Amundi.

Les Italiens ont massivement rejeté dimanche la réforme constitutionnelle qui prévoyait essentiellement de réduire les pouvoirs du Sénat, ainsi que de limiter les attributions des régions et de supprimer les 110 provinces.

Matteo Renzi a aussitôt annoncé sa démission, tirant les conséquences d'un référendum sur lequel il s'était totalement engagé.

Cette décision ouvre une période d'incertitudes pour l'économie italienne qui reste à la traîne en Europe, avec un secteur bancaire éreinté par la crise financière et criblé de créances douteuses. Des craintes de faillite ressurgissent régulièrement.

Dans ce contexte, les taux d'emprunt à 10 ans de l'Italie ont nettement monté lundi matin dès l'ouverture du marché secondaire, pour s'établir à 1,984% à la clôture contre 1,902% vendredi soir.

Néanmoins, "les investisseurs commencent à s'habituer à ce retour assez important du risque politique", observe auprès de l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque, ce qui explique en partie le rebond du marché.

- Pas une surprise -

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, présent à Tokyo, s'est lui aussi montré rassurant. Le vote italien "ne peut être comparé au référendum britannique: les Italiens ont été appelés aux urnes pour se prononcer sur un sujet constitutionnel interne, et non sur l'appartenance de longue date de l'Italie à l'UE", a-t-il déclaré.

L'Italie est un "pays solide avec des autorités solides" qui pourra faire face à la période d'incertitude qui s'ouvre, a pour sa part estimé le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.

"Ce résultat était attendu, ce n'est pas une surprise au sens de ce qui s'est passé au moment du Brexit ou de la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis (en novembre)", a également estimé auprès de l'AFP Yunosuke Ikeda, chargé des changes chez Nomura Securities.

Par ailleurs, les investisseurs étaient rassurés par la tenue prochaine d'une réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), ce jeudi.

Cette réunion "devrait empêcher des mouvements de marché trop importants et les acteurs anticipent une annonce d'extension du programme de +Quantitative easing+ (programme d'assouplissement monétaire, ndlr) au-delà de mars 2017", estime dans une note Amundi.

Selon Natixis, "les marchés espèrent désormais un nouveau lot d'annonces à l'issue du comité de la BCE ce jeudi compte tenu de la démission" de M. Renzi et de la "période d'incertitudes" qui s'ouvre pour l'Italie.

En outre, les investisseurs ont pu être soulagés par l'échec de l'extrême droite autrichienne qui a perdu dimanche son pari de décrocher la présidence de la République sur fond de poussée populiste en Europe.

afp/rp