par Crispian Balmer et Gavin Jones

ROME, 5 décembre (Reuters) - Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a annoncé sa démission après sa défaite "extraordinairement claire" dimanche lors d'un référendum sur son projet de réforme constitutionnelle.

Le "non" à la réduction des pouvoirs du Sénat et des régions l'a emporté avec un écart qui pourrait atteindre 20 points, selon les projections basées sur les premiers résultats.

L'issue de ce référendum ouvre une nouvelle période d'incertitude politique en Italie, ce qui risque de déstabiliser le fragile secteur bancaire de la péninsule et menace la zone euro dans son ensemble d'une nouvelle crise.

L'euro s'est nettement affaibli face au dollar après la publication des premières projections. La monnaie européenne a touché un creux depuis mars 2015 face au billet vert, à quasiment 1,05 dollar pour un euro, avant d'effacer une partie de ses pertes pour remonter vers 1,0560 dollar à 00h40 GMT.

"L'expérience de mon gouvernement s'arrête ici", a dit Matteo Renzi dans une allocution télévisée après la publication des premières projections qui ne laissaient guère de place au doute quant à l'issue du scrutin.

Le chef de file du centre-gauche italien, qui a dit assumer la pleine responsabilité de cette défaite, a précisé qu'il réunirait son gouvernement lundi après-midi et qu'il remettrait sa démission au président de la République, Sergio Mattarella.

Ce dernier aura pour alternative de confier à Matteo Renzi ou à une autre personnalité la charge de former un nouveau gouvernement ou de convoquer des élections législatives anticipées.

LE MOUVEMENT 5-ÉTOILES EN EMBUSCADE

Le futur chef du gouvernement, le cinquième en cinq ans, sera censé mettre au point un nouveau code électoral alors que le Mouvement 5-Etoiles (M5S) de Beppe Grillo se tient en embuscade. Cette formation hostile à la classe politique traditionnelle et au fonctionnement actuel de l'Union européenne souhaite que ce code soit mis au point le plus rapidement possible pour permettre la tenue d'élections dès le début de 2017, soit avec un an d'avance sur la calendrier prévu.

Les sondages donnent le Parti démocrate de Matteo Renzi au coude-à-coude avec le M5S, qui milite pour un référendum sur l'appartenance de l'Italie à la zone euro.

Matteo Renzi était contraint de soumettre à référendum son projet de réforme de la Constitution mais rien ne l'obligeait à lier son sort au résultat de cette consultation.

Cette décision a transformé de facto la consultation en un plébiscite sur sa personne et l'a isolé durant la campagne face à une opposition hétéroclite.

Agé de 41 ans, l'ancien maire de Florence est arrivé au pouvoir début 2014 en promettant de "mettre à la casse" l'ancienne classe politique et de donner un coup de fouet à l'Italie en libéralisant son économie et en réformant ses institutions pour favoriser l'émergence d'un pouvoir stable.

Dans l'immédiat, le grand perdant du référendum pourrait être le secteur bancaire italien, qui ploie sous les créances douteuses, et en premier lieu Banca Monte dei Paschi di Siena . L'établissement toscan a entrepris de lever cinq milliards d'euros d'argent frais pour renforcer son bilan mais les investisseurs pourraient être dissuadés de participer à une telle opération face aux incertitudes politiques consécutives à la démission de Matteo Renzi.

Des tensions pourraient aussi refaire surface sur les dettes souveraines dans la zone euro avec un renchérissement de la prime de risque réclamée aux pays jugés les plus vulnérables sur le plan des finances publiques. (Bertrand Boucey pour le service français)