(Actualisé avec soutien du Parti démocrate)

par Roberto Landucci

ROME, 29 septembre (Reuters) - Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a obtenu lundi le soutien du Parti démocrate (PD) sur sa réforme du marché du travail et notamment sur une simplification de la procédure de licenciement dans les grandes entreprises malgré une farouche opposition de l'aile gauche de sa formation.

Au terme de cinq heures de réunion, le chef du gouvernement est parvenu à faire admettre l'ambitieux programme de réformes qu'il porte depuis son accession au pouvoir en février et qui tarde à se concrétiser.

Le plan de Renzi prévoit une prolongation des droits au chômage, une réduction du nombre des contrats à durée déterminée, un renforcement du rôle des agences pour l'emploi et un assouplissement des garanties salariales pour les personnes en CDI.

C'est ce dernier point qui a cristallisé le mécontentement d'une partie du Parti démocrate qui s'est toutefois prononcé en faveur du projet par 130 voix pour, 20 contre et 11 abstentions.

Le chef du gouvernement, qui joue une partie de sa crédibilité sur cette réforme, a remercié les dirigeants du PD d'avoir su surmonter un "tabou" en acceptant de modifier une législation sociale datant de 1970, époque à laquelle l'Italie connaissait une croissance soutenue.

"On ne peut pas créer des emplois en défendant une loi vieille de 44 ans", a-t-il déclaré. "On crée des emplois par l'innovation".

Avec une économie s'avançant vers une troisième année consécutive de contraction en 2014 et un taux de chômage atteignant des niveaux inédits depuis les années 1970, la création d'emplois est une priorité pour le président du Conseil.

Aucun texte n'a pour l'instant été présenté au Parlement italien et il est peu probable que la réforme soit adoptée avant la seconde moitié de l'année prochaine.

SYSTÈME SIMPLIFIÉ

Quelques heures avant la réunion, le principal syndicat d'Italie, la CGIL, a menacé de déclencher une grève si Matteo Renzi persistait dans sa volonté de réforme.

"La CGIL est prête à faire grève", a déclaré à la presse la secrétaire générale de la Confédération générale italienne du Travail, Susanna Camusso, au sortir d'une rencontre avec les dirigeants des deux autres grands syndicats italiens, la CISL et l'UIL.

Renzi accuse ses adversaires de livrer une bataille idéologique sur des règles obsolètes et injustes qui, à ses yeux, profitent aux salariés jouissant de la sécurité de l'emploi au détriment d'autres catégories condamnées à la précarité.

Les syndicats et une partie du PD, dont l'ancien président du Conseil Massimo D'Alema, lui reprochent en revanche de se soumettre aux injonctions des partenaires de l'Italie au sein de l'Union européenne, qui lui réclament de mettre en oeuvre une politique libérale.

Le conflit se cristallise sur l'article 18 du statut du travailleur, qui garantit aux salariés limogés leur réintégration si un tribunal juge leur licenciement dépourvu de justification. Cette disposition ne s'applique toutefois qu'aux salariés à temps plein et en contrat à durée indéterminée dans les grandes entreprises.

Soutenu par le patronat qui dénonce un marché du travail trop rigide, Matteo Renzi propose de remplacer la multitude de contrats courts existants par un système simplifié au sein duquel la protection du travailleur augmenterait avec l'ancienneté, tout en facilitant pour les employeurs le licenciement de salariés plus fraîchement recrutés.

Les syndicats rejettent cette proposition et considèrent qu'au lieu de vouloir supprimer l'article 18, le gouvernement ferait mieux de l'étendre à l'ensemble des salariés.

"Nous devrions protéger les personnes qui ne bénéficient d'aucune protection sans enlever de garanties à personne", a déclaré lundi Luigi Angeletti, secrétaire général de l'UIL.

La bataille autour de l'article 18 semble avoir surtout une portée symbolique, Matteo Renzi et la CGIL avançant les mêmes statistiques selon lesquelles moins de 3.000 travailleurs ont obtenu leur réintégration en 2013 en invoquant cette disposition.

Le taux de chômage officiel en Italie est quasiment de 13% et il approche les 43% chez les jeunes. Le taux d'emploi en 2013 y était inférieur à 60%, seules la Grèce, l'Espagne et la Croatie faisant pire au sein de l'Union européenne. Dans le sud du pays, seules quatre personnes sur 10 en âge de travailler exercent effectivement un emploi. (Bertrand Boucey pour le service français)