BRASILIA - Le Sénat brésilien a destitué hier la présidente Dilma Rousseff au terme d'un procès qui a polarisé la société brésilienne sur fond de crise économique majeure et d'affaires de corruption.

Investi dans la foulée à la tête de l'Etat, son vice-président Michel Temer, qui assurait l'intérim depuis la suspension de la présidente, en mai, a lancé un appel à l'unité.

Mais la fracture qui s'est creusée semble difficile à réduire. "Je ne vous dis pas encore 'au-revoir'. Je suis certaine de pouvoir vous dire 'à bientôt'", a déclaré Dilma Rousseff qui dénonce une "conspiration" et un "coup d'Etat parlementaire" visant à préserver les intérêts des plus riches et à supprimer les programmes sociaux qui ont sorti plus de 30 millions de Brésiliens de la pauvreté depuis l'élection de Lula, en 2002.

Après six jours de procès, les sénateurs se sont prononcés par 61 voix contre 20 en faveur de la destitution de la présidente, jugée pour avoir enfreint les règles budgétaires et maquillé les comptes publics pour dissimuler l'ampleur du déficit budgétaire et favoriser sa réélection, en 2014. Cinquante-quatre voix, soit la majorité des deux tiers, auraient suffi.

"Il est temps de réunir le pays et de placer les intérêts nationaux au-dessus des intérêts des groupes", a dit Michel Temer dans sa première allocution présidentielle télévisée. "Je réitère mon engagement à dialoguer démocratiquement avec toutes les couches de la société brésilienne."

La déchéance de Rousseff, qui avait succédé en 2010 à Ignacio Lula da Silva, devenant la première femme élue à la présidence du Brésil, met fin à treize années de pouvoir exercé par le Parti des travailleurs (PT).

A Sao Paulo, un rassemblement pro-Rousseff a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. La police a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants masqués filmés en train de briser des vitres, de piller des magasins et d'incendier des poubelles.

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LIBREVILLE - Des heurts ont éclaté hier à Libreville, où des manifestants ont mis le feu à l'Assemblée nationale après l'annonce de la réélection du président gabonais Ali Bongo.

Le chef de l'Etat a été réélu avec 49,80% des voix et Jean Ping, son principal adversaire, en a recueilli 48,23%, selon les résultats définitifs du scrutin de samedi, annoncés dans la journée par le ministre de l'Intérieur, Pacome Moubelet Boubeya.

Les représentants de l'opposition au sein de la commission électorale ont contesté ce résultat et l'un d'eux, Paul Marie Gondjout, représentant de Jean Ping, a parlé d'une élection "volée".

Mardi, l'ancien ministre des Affaires étrangères s'était dit assuré d'être élu et revendiquait près de 60% des suffrages après dépouillement des bulletins de huit des neuf provinces du pays de 600.000 électeurs.

Le chef de l'Etat sortant a quant à lui invité ses concitoyens à respecter le résultat du scrutin et les institutions.

"Cette victoire au score serré nous oblige. Tous ! Elle oblige d'abord chacun au respect du verdict des urnes et de nos institutions. Ensuite elle nous oblige aussi à prendre en compte toutes les aspirations de nos concitoyens. Je dis bien toutes ! (...) Notre pays est en marche et cette marche doit se faire dans l'unité et la paix si chère au peuple gabonais", dit-il dans un discours dont le texte a été distribué à la presse.

L'opposition a réclamé un nouveau décompte dans la province natale du chef de l'Etat sortant, le Haut-Ogooué, où le taux de participation a atteint 99,98%, contre 59,46% dans l'ensemble du pays, avait-il ajouté.

De son côté, l'Union européenne a demandé à la commission électorale de rendre publics "les résultats détaillés" de chaque bureau de vote et appelé tous les protagonistes à la retenue. Pour la France, "les conditions de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle au Gabon sont une source de préoccupation".

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MEXICO - Les Etats-Unis sont en droit d'édifier un mur à la frontière mexicaine pour endiguer l'immigration clandestine, a fait valoir Donald Trump reçu hier à Mexico par le président Enrique Peña Nieto lors d'une visite annoncée quelques heures plus tôt.

Le candidat républicain à l'élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis, que le président mexicain a reçu pendant une heure à sa résidence, n'est toutefois pas allé jusqu'à lui demander d'en financer la construction, ainsi qu'il l'avait annoncé lors de sa fracassante entrée en campagne, en juin 2015.

"Nous avons effectivement parlé du mur. Nous n'avons pas évoqué son financement. Ce sera pour plus tard. C'était une rencontre tout à fait préliminaire. C'était une excellente rencontre", a assuré l'homme d'affaires, qui a fait de ce mur l'un des principaux arguments de sa campagne.

Sur Twitter, Enrique Peña Nieto, à qui l'opposition reproche vivement d'avoir accueilli Trump, a contredit son hôte en affirmant que la question du financement avait bien été abordée et qu'il lui avait signifié que le Mexique ne financerait pas ce projet.

Hillary Clinton a affirmé pour sa part que cette courte visite ne suffirait pas à faire oublier ses déclarations incendiaires. "Pour compenser plus d'un an d'insultes et d'insinuations, il faut plus qu'un saut de quelques heures chez nos voisins avant un retour au pays", a dit la candidate démocrate lors d'un déplacement à Cincinnati, dans l'Ohio.

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MADRID - Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol sortant, n'est pas parvenu à obtenir hier soir la confiance du Parlement. Comme prévu, le chef du Parti populaire (PP, droite conservatrice) a recueilli les suffrages de 170 des 350 députés, soit six voix de moins que la majorité absolue nécessaire pour être reconduit dans ses fonctions.

Le Parti populaire, les centristes de Ciudadanos et la députée du petit parti des Canaries ont voté pour lui tandis que les socialistes, les membres de l'alliance anti-austérité Unidos Podemos ainsi que les partis basques et catalans ont voté contre.

Un deuxième vote aura lieu demain, vendredi, mais à la majorité simple des votants. Onze absentions suffiraient à Rajoy pour être reconduit et former un nouveau gouvernement. Mais l'issue du scrutin dépendra de l'attitude des socialistes du PSOE, arrivés deuxième derrière le PP en juin, qui s'opposent à son maintien aux affaires.

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MOSCOU - Le ministère russe de la Défense a affirmé hier que le porte-parole du groupe Etat islamique (EI), Abou Mohamed al Adnani, avait été tué mardi par des frappes aériennes russes, et non américaines, dans le nord de la Syrie.

Selon le ministère, Abou Mohamed al Adnani faisait partie d'un groupe d'une quarantaine de combattants tués mardi par des bombardements russes dans la région de Maarat Oum Hauch, dans la province d'Alep.

Cette annonce a été qualifiée de "plaisanterie" par un responsable du Pentagone. Un porte-parole de la Maison blanche a déclaré de son côté ne pas disposer d'informations permettant de confirmer que Moscou a joué un rôle dans l'élimination d'Abou Mohamed al Adnani.

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PARIS - Emmanuel Macron a fait hier ses adieux au ministère de l'Economie sans lever l'ambiguïté qu'il entretient depuis des mois sur ses intentions concernant l'élection présidentielle de 2017, à laquelle ses partisans le poussent à se présenter.

"Je suis convaincu que les choix que j'ai pu faire, les circonstances que nous vivons aujourd'hui, imposent aussi de prendre des risques et (...) de prendre la mer", s'est-il borné à dire lors de la passation de pouvoir avec Michel Sapin, qui reprend son portefeuille en plus de celui des Finances.

Le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, un des principaux soutiens de l'ex-ministre de l'Economie, a estimé qu'il serait candidat s'il rencontre un "écho" au sein de la population française au cours des prochaines semaines.

Hier, lors du conseil des ministres, puis dans un discours à l'Elysée, François Hollande a fait l'éloge du "collectif", dénonçant en creux le cavalier seul de son ex-conseiller devenu ministre. Il s'est notamment dit opposé à tout "projet individuel, vous savez, un projet qui serait fait par un individu pour lui-même".

"Il y en a qui peuvent avoir cette conception. Mais on ne peut rien faire tout seul et pour soi-même. Il faut toujours faire avec les autres", a-t-il ajouté.

Plus direct, le Premier ministre, Manuel Valls, a estimé qu'"on ne s'improvise pas candidat à l'élection présidentielle".

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SANTA CLARA, Cuba - Un avion de la compagnie américaine JetBlue Airways a effectué hier le premier vol commercial régulier entre les Etats-Unis et Cuba après plus de cinquante années d'interruption de la liaison, signe du nouveau chapitre ouvert par Barack Obama avec l'île communiste.

L'Airbus A320 a décollé de Fort Lauderdale, en Floride, et atterri à Santa Clara, une ville du centre de Cuba connue pour son monument au révolutionnaire Ernesto "Che" Guevara.