25 juin (Reuters) - LONDRES - Le choix des électeurs britanniques de sortir de l'Union européenne lors du référendum de jeudi a déclenché une tempête politique et financière qui dépasse les frontières de l'UE et ouvre une phase d'incertitude sans précédent pour la construction européenne comme pour la cohésion du Royaume-Uni.

Alors que les sondages et les premiers résultats donnaient le "Remain" (maintien) gagnant après la clôture du scrutin, la tendance s'est retournée pendant la nuit et la victoire du "Leave" a été annoncée par la commission électorale en début de matinée. Près 51,9% des électeurs se sont prononcés en faveur de la sortie du pays de l'UE.

L'issue du scrutin a déclenché sur les marchés financiers un mouvement de panique sans précédent depuis la crise financière de 2008.

L'heure était à la mobilisation dans les grandes banques centrales de la planète: la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne (BCE) se sont déclarées prêtes à injecter si nécessaire des liquidités sur les marchés. De son côté, la Banque nationale suisse (BNS) est intervenue sur le marché des changes pour freiner la hausse du franc, dopé par son statut de valeur refuge.

Le Premier ministre, David Cameron, qui avait promis le référendum en 2013 dans l'espoir d'enrayer la montée des eurosceptiques au sein du Parti conservateur mais a vu cette manoeuvre se retourner contre lui, a annoncé hier matin qu'il démissionnerait d'ici octobre.

L'ex-maire de Londres Boris Johnson, principal animateur de la campagne du "Leave", est donné favori pour lui succéder au 10, Downing Street.

Si David Cameron a précisé qu'il laisserait à son successeur le soin d'enclencher la procédure de divorce avec les Européens, les responsables des institutions européennes ont souligné vouloir entamer rapidement les négociations avec Londres.

NEW YORK/LONDRES/PARIS - La Bourse de New York a chuté hier sous le coup du vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne et a terminé en forte baisse dans des volumes particulièrement nourris, comme les places européennes et asiatiques avant elle.

L'indice Dow Jones a abandonné 610,32 points, soit 3,39%, à 17.400,75 points. Le S&P-500, plus large, a perdu 75,91 points, soit 3,59%, sa plus forte baisse en dix mois, à 2.037,41 points, son plus bas niveau en trois mois.

Avant Wall Street, les Bourses avaient fortement reculé à travers le monde après le choc provoqué par le vote des Britanniques, qui a fait dévisser la livre sterling et secoué l'ensemble des marchés mondiaux.

La saignée a été générale en Europe, tous les secteurs étant affectés, et en premier lieu les banques, dont l'indice sectoriel Stoxx a plongé de 14,28%. A l'inverse, les investisseurs se sont rués sur les valeurs refuges comme les obligations d'Etat allemandes, le yen, le franc suisse ou l'or.

Le choc est tel qu'il pourrait contraindre la BCE à assouplir de nouveau sa politique monétaire dans les mois à venir et la Réserve fédérale américaine à renoncer à ses projets de hausse des taux cette année.

À Paris, l'indice CAC 40 a terminé la journée en baisse de 8,04% à 4.106,73 points, après un plus bas à 4.007,97. À Francfort, le Dax a cédé 6,82% alors qu'à Londres, le FTSE-100 abandonnait 3,15%. A Milan, la baisse a dépassé 12%, la plus forte baisse jamais subie par le marché italien.

PALO ALTO, Californie - Barack Obama a tenté hier de relativiser les conséquences que la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne risquent d'avoir sur la reprise économique américaine, sur les relations commerciales entre les Etats-Unis et l'Europe et sur l'entente entre alliés européens.

Le président américain s'est dit convaincu que la procédure du Brexit s'accomplirait d'une manière ordonnée et a souhaité que son pays continue d'entretenir une "relation particulière" avec la Grande-Bretagne et conserve des liens étroits avec l'UE.

"Alors que la relation entre le Royaume-Uni et l'UE va changer, il y a une chose qui ne sera pas modifiée, c'est la relation particulière qui existe entre nos deux nations", a déclaré le président américain dans un discours prononcé lors d'une conférence de chefs d'entreprise à l'université de Stanford en Californie.

"Cela va perdurer. L'UE restera l'un de nos partenaires indispensables", a-t-il ajouté.

PARIS - François Hollande a pris acte du choix des Britanniques qui met, a-t-il dit, "l'Europe à l'épreuve" et appelle selon lui des changements profonds sous peine de voir "la dilution et le repli" l'emporter.

Le président français a exprimé sa volonté, partagée selon Paris par les autres Européens, que la sortie du Royaume-Uni de l'Union s'engage rapidement, pour apporter de la clarté.

"C'est l'Histoire qui frappe à notre porte", a dit le chef de l'Etat dans une déclaration à l'Elysée où il a esquissé un programme à même de provoquer le "sursaut" d'une Europe qui, "pour aller de l'avant, ne peut plus faire comme avant".

Au chapitre des initiatives à prendre, il a cité les domaines suivants : sécurité, défense, protection des frontières, investissement pour la croissance et l'emploi, politiques industrielles, harmonisation fiscale et sociale, ainsi que renforcement de la zone euro et de sa gouvernance.

Il a demandé que le départ du Royaume-Uni soit soldé sans délai.

"Les procédures prévues par les traités seront rapidement appliquées", a-t-il dit, promettant de continuer à travailler avec ce "pays ami", notamment dans le domaine sensible de la défense - le Royaume-Uni est, comme la France, une puissance militaire dotée de l'arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le Conseil européen de la semaine prochaine à Bruxelles sera selon lui la première étape de la reconquête de la confiance des concitoyens dans l'Union, dont la France est un pays fondateur.

PARIS - Officiellement, la France demande à Londres et aux Européens de tirer rapidement les conséquences du vote britannique en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Mais en privé, des diplomates français n'excluent pas que le Royaume-Uni, prenant conscience du coût énorme d'un "Brexit", finisse par y renoncer dans les mois ou les années à venir.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, grand perdant du référendum de jeudi, et son rival conservateur, Boris Johnson, qui a pour sa part fait campagne pour le Brexit, ont d'ailleurs montré qu'ils entendaient prendre leur temps.

BERLIN - Les Vingt-Sept pays qui constituent désormais l'Union européenne ne doivent pas se venger contre la Grande-Bretagne après sa décision de quitter le bloc communautaire et doivent dégager une politique commune en matière de sécurité, d'immigration et de croissance économique, estiment des dirigeants allemands.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a déclaré sur la chaîne publique ZDF que la négociation de la sortie britannique de l'UE constituait un immense chantier.

Il a ajouté que les dirigeants européens étaient déterminés à envisager de nouvelles stratégies afin de lutter contre le chômage des jeunes et pour répondre à d'autres questions posées par le référendum britannique.

BRUXELLES - Les dirigeants des Etats membres de l'Union européenne se réuniront mercredi, sans le Premier ministre britannique David Cameron, pour discuter de la procédure de divorce entre la Grande-Bretagne et le bloc communautaire, a dit hier le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Un sommet européen débutera dès mardi après-midi à Bruxelles et David Cameron informera à cette occasion les autres dirigeants de la décision de son pays de quitter l'UE, précise Donald Tusk dans un courrier adressé aux Etats membres.

David Cameron rentrera ensuite à Londres et mercredi, pour la première fois, le sommet se tiendra à 27 mais de manière informelle. Ce format "informel" signifie qu'aucune décision ne sera prise à cette occasion.

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PARIS - La victoire du "Brexit" ne devrait pas enrayer la reprise de l'économie française dans l'immédiat mais, à terme, l'économie hexagonale en pâtira forcément, estiment des économistes interrogés par Reuters.

Pour que les turbulences provoquées par ce vote exercent un impact significatif sur la confiance des entreprises et des ménages français, donc sur l'investissement et la consommation - et finalement la croissance - il faut que la chute soit forte mais aussi qu'elle dure longtemps, explique un économiste de l'assureur crédit Coface.

Selon lui, cette hypothèse semble exclue, d'autant plus que les banques centrales, en premier lieu la Banque d'Angleterre (BoE) et la Banque centrale européenne (BCE), se sont déjà déclarées armées pour soulager les tensions.

PARIS - La présidente du Front national, Marine Le Pen, a demandé l'organisation d'un référendum sur la participation de la France à l'Union européenne.

TURNBERRY, Ecosse - En déplacement en Ecosse pour l'inauguration d'un parcours de golf dont il est propriétaire, Donald Trump a salué la "reprise du contrôle du pays" par les Britanniques, dans laquelle il voit un exemple à suivre pour renverser l'ordre établi.

PARIS - Le choix du Royaume-Uni de sortir de l'Union européenne a provoqué une onde de choc dans la communauté britannique de France, mais aussi chez les Français installés outre-Manche, qui s'interrogent sur l'impact de cette décision sur leurs vies.

Au 31 décembre 2015, 400.000 Britanniques vivaient en France, et environ 350.000 Français au Royaume-Uni, selon les estimations du ministère français des Affaires étrangères. Autant d'expatriations qui pourraient être fragilisées après la victoire des partisans du "Brexit", jeudi.

BANGALORE - L'agence de notation Moody's annonce hier avoir abaissé la perspective pour la dette souveraine du Royaume-Uni, qui passe de "stable" à "négative", tout en maintenant sa note à "Aa1", après la décision du pays de sortir de l'Union européenne.

Moody's précise dans un communiqué que le vote britannique en faveur d'un "Brexit" lors du référendum de jeudi, ouvrirait une phase prolongée d'incertitude pour le Royaume-Uni, avec des implications négatives pour les perspectives de croissance à moyen terme du pays.

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PARIS - Le chômage est reparti à la hausse en mai en France après deux mois consécutifs de recul, sous l'effet d'un nombre élevé de réinscriptions après les nombreuses désinscriptions pour défaut d'actualisation des dossiers du mois d'avril, selon les chiffres publiés hier par le ministère du Travail.

Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A (sans aucune activité) a progressé de 0,3% sur un mois, à 3.520.300, soit 9.200 personnes de plus qu'à fin avril.

En ajoutant les catégories B et C (personnes exerçant une activité réduite), le nombre d'inscrits à Pôle Emploi augmente de 0,6 %, soit 31.300 personnes de plus en un mois, à 5.428.300 (5.726.400 en incluant les départements d'Outre-mer, également en hausse de 0,6 % sur un mois).

Ce rebond intervient après deux mois de baisse, de 1,7% en mars et de 0,6% en avril pour la catégorie A. En associant les catégories A, B et C, le recul s'était élevé à 0,2% en mars et à 1,0% en avril.

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PARIS - La CGT-cheminots a annoncé qu'elle n'exercerait pas son droit d'opposition contre les accords d'entreprise et de branche sur un nouveau cadre social pour la SNCF et le secteur ferroviaire, qui pourront donc entrer en vigueur.

La CGT-cheminots et Sud-Rail avaient fait des négociations sur ces accords un élément de leur bras de fer avec le gouvernement contre le projet de loi Travail.

Ces deux organisations ont refusé de signer ces accords conclus par les deux autres syndicats de la SNCF, l'Unsa et la CFDT. Mais seul Sud-Rail a décidé de s'y opposer, ce qui ne suffit pas à empêcher leur mise en oeuvre.

S'opposer à la convention collective nationale de branche et à l'accord d'entreprise serait prendre le risque de pénaliser les cheminots et de "remettre en cause le fruit de (leur) mobilisation", explique la CGT-cheminots dans un communiqué.

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LE CAIRE - Les cartes mémoires des "boîtes noires" de l'Airbus de la compagnie égyptienne EgyptAir qui s'est abîmé le 19 mai en Méditerranée seront envoyées en France la semaine prochaine pour y être réparées, ont annoncé les enquêteurs égyptiens.

L'enregistreur des conversations de l'équipage a été repêché le 16 juin et celui des données du vol MS804 le lendemain. Mais leurs unités de mémoire sont toutes les deux "fortement endommagées".

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EREVAN - Le pape François a qualifié hier de "génocide" les massacres commis en 1915 contre les Arméniens, une expression qu'il avait déjà employée l'année dernière, provoquant alors la colère d'Ankara.

Dans un discours adressé au président Serj Sargsian et au corps diplomatique, François a utilisé le terme de "Metz Yeghern" (le grand mal) mais a ensuite ajouté l'expression de "génocide" qui ne figurait pas dans la première version de son texte, faisant référence à ce qu'il a également qualifié de "première dans la série de funestes catastrophes du siècle dernier".

La Turquie n'a pas immédiatement réagi aux propos tenus vendredi par le souverain pontife. Elle avait l'année dernière rappelé son ambassadeur au Vatican après que le pape eut utilisé le terme de 'génocide'

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NEW YORK - Hillary Clinton a retrouvé une avance à deux chiffres face Donald Trump cette semaine, selon un sondage Reuters/Ipsos publié aujourd'hui.

La candidate démocrate à l'élection présidentielle compte 13,3 points d'avance sur le républicain (46,6% contre 33,3%, les 20,1% restants déclarant ne soutenir aucun candidat) contre neuf points (44,5% contre 35,5%) dans la précédente livraison de cette enquête sur les intentions de vote en vue de la présidentielle du 8 novembre.

Donald Trump a connu une brève poussée dans les sondages après avoir mis l'accent sur les questions de sécurité depuis qu'Omar Mateen, se réclamant de l'Etat islamique (EI), a ouvert le feu le 12 juin au Pulse, une boîte de nuit fréquentée par la communauté homosexuelle à Orlando, faisant 49 morts et 53 blessés.

Avec un écart de 13,3 points, Hillary Clinton retrouve l'avance dont elle jouissait face à Donald Trump avant la tuerie d'Orlando.

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PARIS - Le Conseil constitutionnel a validé le cumul des poursuites administratives et pénales en matière fiscale que contestait Jérôme Cahuzac, tout en précisant que les sanctions pénales ne devaient s'appliquer qu'aux affaires les plus graves.

L'ensemble des charges pesant au pénal contre l'ex-ministre du Budget, contraint à la démission après la révélation de son compte caché à l'étranger, devrait donc être maintenu lors de son procès, dont la reprise est prévue le 5 septembre prochain.

"Le recouvrement de l'impôt et l'objectif de lutte contre la fraude fiscale justifient l'engagement de procédures complémentaires dans les cas de fraude les plus graves", peut-on lire dans un communiqué du Conseil constitutionnel.

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NOTRE-DAME-DES-LANDES, Loire-Atlantique - Partisans et opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) jettent leurs dernières forces dans la bataille avant une "consultation" inédite en France et cruciale pour l'avenir de cet équipement controversé.

Quelque 967.000 électeurs du département sont en effet appelés à se prononcer dimanche pour ou contre le transfert de l'actuel aéroport de Nantes au nord de l'agglomération, un avis qui demeure "consultatif" selon la loi mais dont François Hollande et Manuel Valls se sont engagés à suivre le résultat.