C'est donc la reprise sur les places boursières européennes, après la traditionnelle coupure pascale. Vendredi, la plupart des marchés occidentaux étaient clos. Lundi, rebelote pour une majorité d'entre eux (notamment Royaume-Uni, France, Allemagne, Suisse), mais pas aux Etats-Unis, ni au Canada, où le lundi n'est pas férié. Bon, en réalité, il ne s'est pas passé grand-chose pour autant hier à Wall Street, puisque les trois indices principaux ont terminé autour de l'équilibre. Les performances sectorielles sont à nouveau dominées par l'énergie, le nouveau sanctuaire à la mode. Difficile de trouver quelque chose à y redire dans un monde où les énergies fossiles russes sont persona non grata ou presque, ce qui renforce l'attrait, donc le coût, des solutions alternatives.

Même les Américains sont en train de subir les conséquences du resserrement de l'offre mondiale alors qu'ils sont exportateurs nets : les prix du gaz naturel aux Etats-Unis n'ont jamais été aussi élevés depuis 2008. Ça me fait penser à la réaction d'un lecteur l'autre jour à un article sur la hausse du prix du blé à cause de la guerre en Ukraine. Il se demandait en quoi la raréfaction de l'offre aurait des conséquences sur le prix de la baguette en France, puisque l'hexagone est exportateur net de blé. La raison, c'est que les prix sont fixés par le jeu de l'offre et de la demande internationale et qu'ils ne sont pas tellement différents pour un acheteur national ou un acheteur étranger. Le blé représente environ 15% du coût d'une baguette. Sur le marché pétrolier, le Brent a repassé le cap des 112 USD le baril.

On change d'univers avec une semaine qui sera marquée par une belle densité d'annonces de résultats trimestriels de sociétés. Parmi les têtes de gondole, il y aura dès aujourd'hui L'Oréal, Johnson & Johnson, Netflix et IBM, puis d'ici vendredi Tesla, Procter & Gamble, ASML, Rio Tinto, Nestlé ou BHP. Jusqu'ici, les chiffres publiés ont été plutôt solides, ce qui démontre que les grandes entreprises ont du répondant face à la hausse de leurs coûts. Il ne reste plus qu'à espérer que le consommateur soit aussi flexible.

En parallèle, la litanie des allocutions de banquiers centraux américains continue et tient en haleine les investisseurs en attendant les décisions importantes qui doivent être prises par la Fed début mai. Le très "faucon" James Bullard (un faucon n'aime pas trop que la Fed fasse fonctionner la planche à billets, par opposition à une colombe, qui est beaucoup plus maternante pour l'économie) a confirmé sur CNBC la position offensive de l'institution sur la hausse des taux, ce qui devrait aboutir à un double tour de vis dans deux semaines, c’est-à-dire une hausse de taux d'un demi-point. En politique monétaire, on bouge les taux directeurs par quart de point dans les économies sérieuses, sauf quand on veut faire passer un autre message. Pour montrer sa détermination à juguler l'inflation galopante, la Fed prévoit le 4 mai de faire passer son taux directeur de la fourchette actuelle "0,25 à 0,50%" à la fourchette "0,75 à 1%" sans passer par la case "0,50 à 0,75%". L'outil FedWatch du CME évalue la probabilité de ce scénario à 91%. Bullard, qui est parfois taquin, a même évoqué le chiffre de trois-quarts de point dans l'entretien accordé à CNBC hier, en soulignant que ce n'est pas le scénario de base, mais qu'on ne peut pas l'exclure pour autant. Les obligations d'Etat américaines réagissent avec une dette à 10 ans rémunérée 2,84%, qui ramène les taux réels très près de l'équilibre.

Quelques informations à ne pas rater pour reprendre la semaine, si vous avez préféré la chasse aux œufs et la détente aux nouvelles du monde :

  • L'Ukraine déclare que la "bataille du Donbass" a commencé alors que les troupes russes avancent à l'est.
  • La Banque mondiale a réduit de 4,1% à 3,2% sa prévision de croissance mondiale 2022, en raison de la guerre en Ukraine.
  • La croissance de la Chine était un peu plus élevée que prévu au 1er trimestre, mais les lendemains sont moins roses avec les mesures de confinement en cours.
  • Le salaire des 100 plus gros patrons américains est en hausse de 31%. En moyenne, ils sont 254 fois mieux rémunérés que le salarié moyen de leur entreprise.
  • Le prix du gaz naturel sur un pic de 13 ans aux Etats-Unis, à cause de la forte demande à l'export et de températures inférieures aux moyennes de saison.
  • Les valeurs technologiques chinoises passent à nouveau un mauvais moment, après l'offensive de Pékin contre un nouveau pan de l'économie numérique très populaire dans le pays, les livestreamings de jeux vidéo interdits par le régime.
  • On s'en fiche : L'entre-deux-tours en France permet de constater qu'il y a beaucoup trop d'instituts de sondage.

Les indicateurs avancés européens évoluent avec un biais baissier ce matin. En Asie, Tokyo et Sydney progressent, pendant que Hong Kong peine, grevé on l'a vu par son compartiment technologique. Le CAC40 a démarré en baisse de 0,5% à 6554 points.

Les temps forts économiques du jour

Les mises en chantier et les permis de construire du mois de mars aux Etats-Unis sont attendus à 14h30. Tout l'agenda macro ici. Hier, la Chine a annoncé une croissance de son PIB légèrement supérieure aux attentes au 1er trimestre. En parallèle, la banque centrale du pays a réduit son niveau de réserve obligatoire en exhortant les banques à investir le surplus dans l'économie.

L'euro est à nouveau sous pression à 1,0772 USD. L'once d'or reste ferme à 1978 USD. Le pétrole remonte avec un Brent de Mer du Nord à 112,88,20 USD le baril et un brut léger américain WTI à 103,7 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 2,84%. Le bitcoin s'échange autour de 40 700 USD pièce.

Les principaux changements de recommandations

  • Asos : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 4050 à 2440 GBp.
  • AstraZeneca : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 8800 à 9500 GBp.
  • BillerudKorsnäs : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 150 à 158 SEK.
  • Carrefour : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 23,10 EUR.
  • Credit Suisse : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 7,40 à 7,30 CHF.
  • Elior : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 3,10 EUR.
  • Getlink :HSBC passe d'acheter à conserver en visant 16,40 EUR.
  • Holcim : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 45 CHF.
  • ING : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 14,50 EUR à 13 EUR.
  • ITV : Berenberg passe de conserver à vendre en visant 64 GBp.
  • Jeronimo Martins : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 18,30 à 19,20 EUR.
  • La Française des Jeux : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 41,60 à 44,30 EUR.
  • Novartis : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 95 à 100 CHF.
  • Novo Nordisk : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 490 à 540 DKK.
  • Roche : UBS passe de neutre à vendre en visant 345 CHF. Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 425 à 450 CHF.
  • Sanofi : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 120 à 135 EUR.
  • Solaria Energia : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 17,70 EUR.
  • VAT Group : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 475 à 455 CHF.
  • Veolia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 38 à 39 EUR.
  • Vinci : Insight Investment Research passe de vendre à acheter en visant 140 EUR.
  • Wizz air : HSBC passe de conserver à alléger en visant 2500 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Twitter se dote d'une pilule empoisonnée pour contrarier Elon Musk et son offre de rachat. Musk qui a dit au cours du weekend être techniquement capable de s'offrir le réseau social, mais ne pas être sûr d'être actuellement en capacité de le racheter. Le fond Thoma Bravo étudierait une contre-offre, tandis que d'autres acteurs comme Apollo seraient prêts à participer au projet de Musk.
  • La filiale chinoise de Volkswagen va reprendre progressivement l'activité dans ses usines de Changchun, dans le nord-est de la Chine.
  • A Wall Street, Bank of America (+3,4%) rassure le secteur bancaire, mais The Charles Schwab plombe la tendance (-9%).
  • Archimed va racheter Natus Medical à 33,50 USD par action.
  • Les compagnies aériennes américaines lèvent l'obligation du port du masque.
  • Next et un groupe d'investisseurs emmené par le hedge fund Davidson Kempner vont racheter le spécialiste des vêtements de maternité et de bébé JoJo Maman Bébé.
  • Peloton Interactive réduit les prix des ses vélos et tapis de course, mais augmente les frais d'abonnement.
  • Didi va quitter Wall Street.
  • Des salariés d'un magasin Apple de New York tentent d'y créer un syndicat.
  • Principales publications de résultats : Johnson & Johnson, L'Oréal, Netflix, Lockheed Martin, Prologis, International Business Machines, Vale, Halliburton, Teleperformance, Danone, EskerTout l'agenda ici.

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