(Actualisé avec citations Rohani, Macron, Mogherini, Tillerson)

par Parisa Hafezi et Michelle Nichols

NATIONS UNIES, 21 septembre (Reuters) - Le président iranien, Hassan Rohani, a dit mercredi ne pas s'attendre à un retrait des Etats-Unis de l'accord sur le programme nucléaire iranien, sur fond de signaux contradictoires de l'administration Trump.

Le président américain, très critique de l'accord qu'il juge "honteux" pour les Etats-Unis et menace de dénoncer, a dit mercredi que sa décision était prise sur la question du programme nucléaire iranien.

S'exprimant devant l'Assemblée générale de l'Onu, Hassan Rohani a vivement critiqué les propos de son homologue américain et promis que l'Iran ne serait pas le premier Etat à revenir sur les termes de l'accord.

"Je déclare devant vous que la République islamique d'Iran ne sera pas le premier pays à violer l'accord", a-t-il dit, assurant que Téhéran réagirait de façon "décisive et résolue" à toute violation du texte.

"Il serait dommage que cet accord soit bafoué par des voyous qui viennent d'arriver sur la scène internationale", a-t-il ajouté, reprenant le terme utilisé la veille à la même tribune par le président américain, qui a parlé d'Etat-voyou pour désigner l'Iran.

S'exprimant ensuite devant la presse, Hassan Rohani a dit ne pas penser que les Etats-Unis puissent décider de se soustraire aux termes de l'accord, en dépit des accents belliqueux de Donald Trump. Selon le dirigeant iranien, l'Etat qui prendrait une telle décision s'isolerait et se couvrirait de honte.

"Nous ne pensons pas que Trump va sortir de l'accord en dépit de (sa) rhétorique et propagande", a déclaré Hassan Rohani, avant d'exclure toute renégociation du pacte. "Soit l'accord nucléaire restera tel quel, soit il s'effondrera", a-t-il ajouté.

Les propos tenus par le président américain à la tribune de l'Onu, a jugé Hassan Rohani, sont une violation de l'accord sur le programme nucléaire iranien et Donald Trump devrait s'excuser de les avoir tenus.

"DIFFICILE" RÉUNION À SEPT

Les sept pays signataires de l'accord se sont réunis mercredi soir aux Nations unies. La réunion, qui a rassemblé pour la première fois le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, a été difficile, souligne un diplomate européen.

"Tillerson et Zarif se sont parlés directement, assez longuement", précise-t-on. "Les positions attendues de part et d'autre ont été exprimées sans grande surprise" et un constat unanime a été fait sur le respect de l'accord.

"Il n'y a pas de visibilité réelle sur ce que sera la décision américaine mi-octobre", ajoute-t-on.

Donald Trump a laissé entendre qu'il pourrait ne pas certifier à la mi-octobre que l'Iran respecte sa part de l'accord, ce qui lui permettrait de le déclarer caduc.

Rex Tillerson a décrit pour sa part des discussions "concrètes" et "franches", où le respect technique de l'accord a été reconnu. Donald Trump n'a pas fait part de sa décision sur la certification de Téhéran mais a entendu les arguments de toutes les parties, a-t-il ajouté, interrogé sur la décision du président américain.

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a souligné que les Etats-Unis avaient reconnu le respect total de l'accord par l'Iran pendant la réunion et a jugé le compromis fonctionnel et respecté par tous.

"DÉCISION PRISE"

Donald Trump, qui conteste l'accord de longue date, a dit mercredi avoir pris sa décision sur l'avenir du compromis conclu en 2015 entre Téhéran et le groupe dit P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne) sur la question du programme nucléaire iranien.

"J'ai décidé", a déclaré le président américain, s'adressant à la presse à New York, au lendemain de son virulent discours.

Selon l'ambassadrice des Etats-Unis à l'Onu, Nikki Haley, ces propos ne veulent pas forcément dire que les Etats-Unis vont se soustraire à l'accord. "Cela ne signifie pas clairement qu'il a l'intention de se retirer. C'est le signe clair qu'il est mécontent de l'accord", a-t-elle dit sur l'antenne de CBS.

Le chef de la diplomatie russe a quant à lui jugé le discours de Donald Trump "extrêmement inquiétant".

"Nous allons défendre ce document, ce consensus, qui a été accueilli avec soulagement par la communauté internationale tout entière et qui a réellement renforcé la sécurité, tant au niveau régional qu'international", a dit Sergueï Lavrov.

De son côté, Emmanuel Macron a estimé mercredi soir que l'accord n'était pas suffisant compte tenu de l'évolution de la situation dans la région et de l'activité accrue de l'Iran sur le plan balistique, mais que le rayer serait une erreur.

Il a indiqué ensuite n'avoir pas abandonné l'idée de faire changer d'avis Donald Trump sur ce dossier.

Pour le chef de la diplomatie saoudienne, Téhéran n'en respecte pas les termes. "Nous comptons sur la communauté internationale pour faire le nécessaire afin que l'Iran s'y conforme", a ajouté Adel al Djoubeïr, s'adressant à la presse au siège des Nations unies.

Selon un membre de la délégation iranienne à l'Onu ayant requis l'anonymat, Téhéran pourrait relancer son programme si Donald Trump dénonce l'accord.

"L'Iran est prêt à tous les scénarios si Trump se retire de l'accord. Cela inclut la reprise immédiate des travaux nucléaires interrompus dans le cadre de l'accord", a-t-il dit. (Avec John Irish à New York, Susan Heavey à Washington, Marine Pennetier à Paris, Jean-Philippe Lefief et Nicolas Delame et Julie Carriat pour le service français, édité par Gilles Trequesser)