Zurich (awp) - L'industriel de la défense et de l'aéronautique Ruag a quasiment maintenu son bénéfice net en 2016, mais amélioré sa rentabilité opérationnelle et ses recettes, a-t-il annoncé jeudi. L'activité à l'international, notamment en Europe et en Asie a augmenté. Le CEO s'est expliqué sur la vaste cyberattaque dont l'entreprise a été l'objet, ainsi que les manquements relevés par un audit mené par la Confédération.

Le bénéfice net de l'ex-régie fédérale s'est légèrement détérioré de 0,6% à 116 mio CHF, en raison d'un taux d'imposition plus élevé, ainsi que des performances moindres dans les filiales et du résultat financier, selon un communiqué.

Au niveau opérationnel, le groupe a par contre fortement augmenté son résultat d'exploitation (Ebit) de 10,4% à 151 mio CHF, dégageant une marge en hausse de 0,3 point à 8,1%. Ce montant a été atteint en dépit d'une augmentation des dépenses de recherche et de développement à 171 mio (+16,6%) et du nombre d'employés de 571 à 8734 personnes.

Les entrées de commandes ont bondi de 11,4% à 2,04 mrd CHF et le chiffre d'affaires net a pris 6,5% à 1,86 mrd. Les activités civiles ont augmenté leur contribution aux recettes totales du groupe à 57%, contre 55% auparavant, tandis que la part de l'international a grignoté un point de pourcentage à 63%.

"L'exécution de la stratégie de croissance rentable est principalement assurée par les domaines civils", a précisé le directeur général (CEO) Urs Breitmeier.

Le conseil d'administration propose de reverser un dividende inchangé de 47 mio CHF, représentant un peu plus de 40% du bénéfice net.

Le groupe n'a formulé aucune prévision pour 2017, mais lors de la conférence de bilan, le CEO s'est dit convaincu "d'atteindre une bonne croissance ces prochaines années, au vu des bonnes entrées de commandes et des contrats cadres existants".

"COUP DUR, MAIS CRÉDIBILITÉ INTACTE"

Revenant sur la cyberattaque de grande ampleur révélée en juin dernier, mais dont le groupe avait été victime dès 2014, M. Breitmeier a reconnu que "cela a été un coup dur" mais il n'estime pas que celle-ci ait affecté la crédibilité du groupe. Au contraire, Ruag peut désormais se baser sur sa propre expérience, ce qui est apprécié par les clients, selon son patron. "Aujourd'hui, personne ne peur exclure d'être attaqué par le biais d'internet".

Le CEO s'est également expliqué sur les manquements en matière de conformité et de réputation révélés en février par un audit mené par le Contrôle fédéral des finances (CDF) entre mai et juin 2016. Celui-ci était arrivé à la conclusion que l'entreprise, détenue à 100% par la Confédération, était trop exposée à des risques de corruption ou de violations des dispositions internationales.

M. Breitmeier a rappelé que Ruag a depuis engagé une personne pour s'occuper spécifiquement de cette problématique (compliance manager), et que tous les contrats d'agence faisaient l'objet d'une révision. "Je pense que nous avons beaucoup fait, mais la thématique va encore nous occuper quelque temps", a-t-il ajouté, soulignant que Ruag appliquait un principe de "tolérance zéro" par rapport à la corruption.

Au chapitre des moteurs de croissance, outre la cybersécurité, le CEO a cité la navigation spatiale et la construction aéronautique. Le premier segment pourrait profiter de l'avènement de l'internet des objets (IoT), qui suppose la multiplication des satellites, alors que le deuxième va profiter d'un nouveau contrat avec l'avionneur Airbus, qui prévoit la livraison de pièces pour la famille A320 au moins pour les cinq prochaines années.

al/fr/cf/buc