BRUXELLES, 24 juillet (Reuters) - Les pays membres de l'Union européenne envisagent de durcir leurs sanctions contre la Russie en raison de son rôle supposé dans le conflit qui fait rage dans l'est de l'Ukraine et dans la destruction, il y a une semaine, du Boeing 777 de la Malaysia Airlines qui a fait 298 morts, dont 193 ressortissants néerlandais.

Les ambassadeurs de l'UE se réunissent ce jeudi pour passer en revue les pistes esquissées par la Commission européenne. Les options retenues pourraient prendre force de loi dès la semaine prochaine.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se sont dit prêts à prendre des mesures ciblées contre Moscou dans des domaines tels que l'accès aux marchés de capitaux, la défense, les biens à double usage - ceux qui ont des finalités aussi bien civiles que militaires - ou encore des technologies dites sensibles, y compris dans le secteur énergétique.

Voici les principaux points mis sur la table par la Commission européenne pour préparer les discussions :

MARCHÉS DE CAPITAUX

* Les banques russes détenues à plus de 50% par l'Etat ne pourraient pas émettre de nouvelles actions ou de nouveaux titres de dette sur les marchés de capitaux de l'Union européenne.

* Cette interdiction, si elle est mise en place, s'appliquerait à des actions, des obligations et tout autre instrument financier d'une maturité supérieure à 90 jours émis par un établissement public.

* L'interdiction s'appliquerait aussi bien aux marchés primaires qu'aux marchés secondaires.

* L'effet attendu de ce type de mesures est un renchérissement des coûts d'emprunt supportés par la Russie, évolution susceptible de mettre à mal les finances publiques du pays.

* Dans un premier temps, l'interdiction ne portera pas sur les obligations souveraines russes. Des prêts syndiqués ne sont pas concernés par la mesure.

* Dans un deuxième temps, le blocage de l'accès aux marchés de capitaux pourrait être couplé à d'autres types de sanctions. Ainsi, des entreprises qui seraient concernées par les sanctions - telles celles présentes dans la défense ou dans l'énergie - se verraient également interdire d'émettre des actions ou des obligations dans l'UE.

* De nouveaux instruments financiers russes émis par des entités concernées par les sanctions n'auraient pas le droit d'être cotés sur des plate-formes d'échange de l'Union européenne.

* En 2013, 47% des obligations émises par des institutions financières publiques russes l'ont été sur les marchés financiers de l'Union européenne (7,5 milliards d'euros sur un total de 15,8 milliards).

EMBARGO SUR LES ARMES

* Le texte envisage un embargo sur le commerce des armes dans tous les secteurs de la défense.

* S'agissant de la manière de traiter des contrats déjà conclus - comme les porte-hélicoptères Mistral fabriqués par la France -, la question reste ouverte.

BIENS À DOUBLE USAGE

* Les exportations de biens à double usage de l'Union européenne vers la Russie représentant quelque 20 milliards d'euros par an.

* L'idée est de mettre en place un embargo à l'exportation sur des biens ciblés, tels que les matériaux de spécialité, certaines machines-outils, des ordinateurs à haute performance ou encore du matériel électronique.

* La Russie a besoin de produits et de systèmes de haute technologie pour développer certains de ses secteurs d'activité les plus compétitifs et les plus tournés vers l'exportation, dont l'énergie et la production d'acier.

RESTRICTIONS DANS LE COMMERCE DE BIENS ET DE TECHNOLOGIES

* Il se mettrait en place un système d'autorisation préalable pour la vente, la fourniture, le transfert ou l'exportation, que ce soit de manière directe ou indirecte, de technologies européennes vers la Russie.

* Les autorités publiques ne délivreraient pas d'autorisation à l'exportation pour des technologies destinées à des projets de forage en mer profonde, à l'exploration arctique ou l'extraction de pétrole de schiste.

* Des projets gaziers ne seraient pas concernés par les restrictions.

* Ces mesures nuiraient à la Russie dans le sens où elles augmenteraient le coût de l'accès à ce type de technologies sur d'autres marchés que ceux de l'UE.

* Les exportations de l'Union européenne de technologies liées à des projets pétroliers et gaziers non conventionnels représentent environ 150 millions d'euros par an.

* LEAD 1-Ukraine-Les banques publiques russes ciblées par l'UE (Martin Santa, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Joanny)