Depuis sa prise de pouvoir, ce dernier a toujours privilégié le rôle de l’État dans les actifs stratégiques. En effet, la part des entreprises publiques dans la richesse nationale a presque doublé pour atteindre près de 70 %. L’hégémonie étatique dans les grandes compagnies n’a donc cessé de s’intensifier. Les oligarques avaient largement profité des privatisations sous l’ère Eltsine mais depuis les années 2000, c’est l’État qui a encaissé les ressources de sa gestion des actifs stratégiques.

Moscou vient de signer une année 2017 sous le signe de la croissance (1,5 %), performance notoire après deux ans de récession due à la baisse du prix du brut et aux sanctions imposées par les pays occidentaux dans la crise ukrainienne. L’économie russe s’installe désormais à la 12e place dans le classement des PIB mondiaux, même si elle reste très dépendante des cours des hydrocarbures.
 


Résultat, les grandes compagnies des principaux secteurs (bancaires et hydrocarbures) détenus majoritairement par le pouvoir central, ont connu des parcours gagnants. C’est le cas de Sberbank, qui n’a pas à rougir de sa capitalisation de 55 milliards d’euros (BNP se valorisant 76 milliards à titre de comparaison). Dans l’énergie, les deux mastodontes que sont Gazprom (gaz) et Rosneft (pétrole) ont largement profité de la revalorisation des prix de l’énergie, atteignant chacune une capitalisation supérieure à 45 milliards d’euros. En effet, la récente entente de l’OPEP avec des pays extérieurs au cartel emmenés par la Russie jusqu’à fin 2018 a permis le redressement du brut grâce aux accords de réduction de la production afin de désengorger le marché. L’OPEP cherche, par ailleurs, à conclure un accord de coopération à long terme avec Moscou.
 
C’est aujourd’hui, une nouvelle fois sur le terrain de la géopolitique, qu’un bras de fer oppose Donald Trump et les russes. Le Président américain vient d’annoncer des sanctions contre 24 oligarques et 14 entreprises dont Rusal, le géant de l’aluminium qui a perdu, dans la foulée, plusieurs milliards d’euros de capitalisation. La spéculation bat son plein sur les compagnies nationales, chahutées à la bourse moscovite.
 
L’indice majeur a perdu en quelques heures, avec les annonces américaines, toute l’avance gagnée depuis le début d’année, soit près de 10 %. Le RTS (Russian Trading System index) composé de 50 valeurs, avait connu la stabilité en 2017, faisant suite à un exercice 2016 performant (+50 %), grâce à l’amélioration du marché pétrolier. Cet indice en configuration « montagnes russes » montre parfaitement la dépendance de son économie à l’évolution du prix de l’énergie, d’où la nécessité pour le pays d’adopter une économie davantage caractérisée par la diversification.