Moscou (awp/afp) - La banque centrale de Russie a averti vendredi qu'un abaissement de son taux directeur, maintenu au taux très élevé de 10%, était moins probable qu'auparavant en raison de "l'incertitude politique et économique extérieure" ainsi que des achats de devises décidés par le gouvernement.

Comme prévu par les économistes, la Banque de Russie a laissé inchangée sa politique monétaire, qu'elle qualifie de "modérément restrictive" en dépit du ralentissement de l'inflation à 5,1% sur un an, un niveau historiquement faible pour la Russie post-soviétique.

"Étant donné l'évolution de la situation interne et externe, la capacité de la Banque de Russie à abaisser son taux directeur au premier semestre a diminué", écrit-elle dans le communiqué publié à l'issue de la réunion de son conseil d'administration.

La Russie reste confrontée à des taux très élevés hérités des pressions financières de fin 2014, dans un contexte de sanctions économiques des Occidentaux liées à la crise ukrainienne et d'effondrement des cours du pétrole. Un tel coût de l'emprunt constitue un frein à l'activité économique qui semble commencer à repartir après deux ans de récession.

En décembre, la banque centrale avait laissé entrevoir une baisse de son taux directeur, abaissé pour la dernière fois en septembre, pour le premier semestre 2017, à la faveur d'un net ralentissement de l'inflation et d'un rebond du rouble soutenu par la hausse des cours du pétrole avaient permis.

Mais l'institution souligne vendredi que "des risques persistent", même s'ils "diminuent à moyen terme", de ne pas atteindre son objectif d'inflation à 4% fin 2017.

"L'incertitude politique et économique extérieure reste élevée", indique-t-elle sans préciser à quoi elle fait référence.

En Russie même, elle cite comme risque "de court terme" les achats de devises sur le marché annoncés par le ministère des Finances pour utiliser les fonds dégagés grâce à la hausse des prix du pétrole. Elle se félicite cependant de cette mesure qui "va contribuer à réduire la dépendance de l'économie russe".

Ces opérations doivent commencer mardi à hauteur de près de 100 millions d'euros par jour, a indiqué vendredi le ministère des Finances.

Concernant la situation économique, la Banque centrale de Russie estime que la croissance du produit intérieur brut est revenue au second semestre 2016 en comparaison trimestre sur trimestre. Elle prévient que la croissance sera "faible" cette année.

La crise s'est révélée beaucoup moins forte que prévu selon les chiffres publiés cette semaine par l'agence des statistiques Rosstat, avec une baisse de 0,2% du PIB en 2016 et une révision de la chute de 2015 à 2,8% contre 3% auparavant.

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