* Le convoi était entré en Ukraine sans autorisation vendredi

* Les tirs d'artillerie sur Donetsk s'intensifient

* Angela Merkel est arrivée à Kiev

* La fête nationale ukrainienne célébrée dimanche (Actualisé avec déclarations de la Russie et de l'Otan, arrivée de Merkel à Kiev)

par Dmitry Madorsky

POSTE-FRONTIERE DE DONETSK-IZVARINO, Russie, 23 août (Reuters) - L e convoi d'aide russe destiné à l'est de l'Ukraine est rentré en Russie samedi, moins de 24 heures après avoir déclenché la colère de Kiev et des capitales occidentales en franchissant sans autorisation la frontière.

Son retour sur le sol russe pourrait apaiser en partie la tension alors que la chancelière allemande, Angela Merkel, est en visite à Kiev pour des discussions sur les moyens de mettre fin à la crise, qui a conduit l'Occident et la Russie à prendre des sanctions économiques réciproques ces dernières semaines.

Le convoi a quitté l'Ukraine et il est désormais en Russie, a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères, cité par l'agence de presse RIA. Le ministère avait auparavant déclaré que l'aide avait été acheminée à la destination prévue.

Le président ukrainien, Petro Porochenko, soutenu par l'Occident, a qualifié vendredi d'incursion illégale l'entrée du convoi d'environ 220 camions peints en blanc, en exigeant leur départ dès que possible.

Un journaliste de Reuters au poste-frontière de Donetsk-Izvarino, par lequel le convoi est entrée en Ukraine vendredi, a vu plus de 100 camions repasser en territoire russe.

Selon l'armée ukrainienne, ce sont 184 camions russes qui ont quitté le pays dans la matinée.

La télévision publique russe a diffusé des images du déchargement d'une partie des camions dans un dépôt de Louhansk, l'un des bastions des séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine.

Distante d'environ 70 km du poste-frontière de Donetsk-Izvarino, Louhansk, encerclée par l'armée ukrainienne, est privée d'eau et d'électricité depuis plusieurs semaines, ce qui fait craindre une crise humanitaire aux organisations internationales.

L'Otan a déclaré avoir été informée de tirs d'artillerie russes visant les forces de Kiev en Ukraine.

"Depuis la mi-août, nous avons de multiples informations sur l'implication directe des forces russes - y compris l'aviation, la défense anti-aérienne et les forces spéciales - dans l'est de l'Ukraine", a déclaré Oana Lungescu, porte-parole de l'organisation.

"L'artillerie russe, à la fois transfrontalière et depuis l'intérieur de l'Ukraine, est utilisée contre les forces armées ukrainiennes", a-t-elle ajouté.

La Russie dément apporter la moindre aide matérielle aux rebelles ukrainiens et accuse Kiev de s'attaquer à des civils sans défense avec l'appui de l'Occident.

FEU NOURRI SUR DONETSK

A Donetsk, le principal bastion rebelle, les tirs d'artillerie lourde se sont intensifiés samedi, ce qui pourrait résulter de la volonté de Kiev de réaliser une avancée sur la ville avant la Fête nationale, dimanche, journée de célébration de l'indépendance du pays.

Des journalistes de Reuters à Donetsk ont rapporté que la majeure partie des tirs visaient la banlieue de la ville mais des explosions étaient également audibles dans le centre.

Dans le quartier de Leninski, un homme qui n'a donné que son prénom, Gregori, a expliqué qu'un tir d'artillerie avait détruit "la moitié" de son immeuble, le toit s'étant effondré sous le poids des gravats et que sa fille de 27 ans, blessée à la tête, avait dû être transportée à l'hôpital.

Dans un autre quartier, à environ cinq km au nord du centre-ville, un magasins et plusieurs habitations ont été touchés. Des habitants ont déclaré que deux hommes, des civils, avaient été tués.

"Il est mort; la mort l'a pris à cet endroit", a dit Praskoviya Grigoreva, 84 ans, à propos de l'une des deux victimes, en pointant du doigt deux flaques de sang sur la chaussée près d'un arrêt de bus détruit par la même frappe.

A Kiev, les préparatifs de la Fête nationale se poursuivaient, 23 ans après la fin de l'Union soviétique, dont faisait partie l'Ukraine. Les célébrations incluent un défilé militaire qui aura évidemment un sens particulier cette année.

"Nous sommes un peuple pacifique mais nous sommes prêts à payer et nous payons en sang et en sueur le droit de vivre sous ce drapeau, sous ce ciel et parmi ces champs", a déclaré Petro Porochenko lors d'une cérémonie officielle.

Le président devait ensuite s'entretenir avec Angela Merkel, tout comme son Premier ministre, Arseni Iatseniouk.

La chancelière allemande devrait afficher son soutien à Kiev tout en incitant Petro Porochenko à laisser une chance à la recherche d'une solution pacifique lorsqu'il rencontrera son homologue russe, Vladimir Poutine, mardi à Minsk, en Biélorussie. (avec Maria Tsvetkova et Tom Grove à Donetsk, Vladimir Soldatkin à Moscou; Marc Angrand pour le service français, édfité par Tangi Salaün)