Début septembre, l'Europe craignait des foyers de résurgence du coronavirus. Quinze jours plus tard, on parlait plutôt d'une reprise contrôlée. Puis les vaguelettes du début du mois d'octobre se sont transformées en seconde vague. La seconde vague que les épidémiologistes redoutaient. Comme quoi, ils ont fini par avoir raison. Donc samedi, au fond de ma cambrousse, je suis parti en courant de chez mes voisins à 20h55 sans même finir mon dessert, pour éviter la patrouille. La Covid-19 rendrait-elle malpoli ? Même le tabou du reconfinement n'est plus tabou. Pas encore de quoi parler de nouvelle norme, mais quand même, l'ambiance change à nouveau et la seconde lame risque d'être fatale aux entreprises les plus exposées.

Les marchés financiers restent assez stoïques, toujours irrigués par la corne d'abondance des mesures publiques de soutien. En Europe, ils font plus ou moins du surplace depuis quelques semaines. A Wall Street, c'est un peu plus chaloupé, mais les pertes du début du mois de septembre sont gommées petit à petit. A huit jours du vote présidentiel du 3 novembre, Joe Biden reste largement en tête des sondages nationaux, et conserve une longueur d'avance pour le vote dans les Etats clefs. Seul le mode de scrutin si particulier aux Etats-Unis ménage une forme de suspense.

Cette dernière semaine d'octobre sera la plus dense en matière de publications d'entreprises du troisième trimestre. Plus de 180 sociétés de l'indice S&P500 et plus de 120 du Stoxx Europe 600. Dont le quintet Microsoft (mardi), Alphabet, Apple, Amazon.com, Facebook (jeudi). Ces entreprises vont focaliser toute l'attention alors que la saison des résultats est pour l'instant jugée positivement par FactSet. Sur le S&P500, les sociétés qui ont déjà publié dépassent les attentes des analystes dans des proportions record (données relatives), mais les résultats baissent naturellement fort par rapport à la même période de 2019 (données brutes). Pour vous donner une idée, alors que 27% des entreprises de l'indice avaient publié au 23 octobre, 84% ont dépassé les attentes. L'effet de balancier des prévisions d'analystes marche manifestement dans les deux sens.

Les GAFAM ont le pouvoir de donner un coup d'accélérateur ou de plonger les investisseurs dans les affres du doute. Difficile de dire s'il faut s'en réjouir ou en être navré. Une petite lumière rouge s'est allumée pour la technologie cette nuit quand l'éditeur allemand SAP SE a averti que ses résultats seront inférieurs aux attentes cette année à cause de la seconde vague de Covid. Mais les belles californiennes seront-elles aussi affectées ? Ce qui est sûr, c'est que les services à distance vont garder le vent en poupe. Jefferies a interrogé la semaine dernière un large panel de consommateurs qui ont déclaré à 62% qu'ils dépenseront autant voire plus en ligne après la pandémie. Autre certitude, ces géants vont défendre leur oligopole contre les offensives fédérales. Si vous avez le temps, je vous recommande chaudement un article paru hier dans le New York Times qui traite notamment des liens entre Google et Apple, ces faux ennemis qui ont mis sur pied dès 2007 un accord de coopération aux proportions gigantesques. S'il est connu, ses proportions laissent songeur. Le NYT estime qu'Apple reçoit entre 8 et 12 Mds$ par an de Google en échange de l'intégration de son moteur de recherche dans ses produits. Cela représente entre 14 et 21% du bénéfice net annuel de la marque à la pomme. C'est une brique du Yalta du numérique. Je ne m'étends pas plus là-dessus mais c'est à lire absolument.

Pour finir, quelques éléments qu'ils ne fallait pas rater ce weekend pour bien démarrer la semaine.

  • L'Espagne décrète un nouvel état d'urgence avec couvre-feu. L'Italie durcit ses règles de distanciation physique. Plus de 1000 patients Covid hospitalisés à New York, plus haut niveau depuis juin. Partout, la seconde vague est là.
  • Appel au boycott de produits français dans les pays musulmans et gros regain de tension avec la Turquie après les prises de positions fermes d'Emmanuel Macron sur l'islamisme radical.
  • Le chef de cabinet du vice-président Mike Pence testé positif au coronavirus, ainsi qu'une partie de son staff.
  • Des nouvelles discussions sont prévues cette semaine sur le Brexit à Londres puis à Bruxelles.

Le CAC40 perdait 1,3% à 4844 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

L'Ifo allemand prendra la température des milieux d'affaires outre-Rhin (10h00), avant aux Etats-Unis la publication à 13h30 de l'indice de la Fed de Chicago et à 15h00 des chiffres du logement neuf.

L'euro est ferme à 1,18322 USD. L'once d'or évolue juste sous 1900 USD. Le pétrole recule à 40,90 USD le Brent et à 39 USD le WTI. Le rendement de la dette américaine ressort à 0,81% sur 10 ans. Le Bitcoin évolue à 13 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif relevé de 20 à 21,50 CHF.
  • Adidas : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 305 EUR.
  • Beazley : Morgan Stanley passe de surpondérer à la pondération en ligne en visant 350 GBp.
  • BPER Banca : HSBC passe de conserver à acheter en visant 1,75 EUR.
  • Chargeurs : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 21 à 23 EUR.
  • Daimler : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 53 à 60 EUR.
  • Electricité de France : HSBC passe de conserver à acheter en visant 12,10 EUR.
  • Fortum : Credit Suisse passe de surperformance à neutre en visant 19 EUR.
  • ICA Gruppen : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 440 SEK.
  • Interroll : UBS relève son objectif de cours de 1290 à 1320 CHF.
  • Ipsen : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 96 EUR.
  • ISS : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 80 à 75 DKK.
  • Kering : Citigroup relève son objectif de cours de 572 à 650 EUR.
  • L'Oréal : Jefferies passe de vendre à conserver avec un objectif de cours relevé de 257 à 280 EUR.
  • National Express : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 310 à 280 GBp.
  • Neste Oyj : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 47 à 57 EUR.
  • Raiffeisen : HSBC passe de conserver à acheter en visant 18 EUR.
  • Royal Unibrew : Handelsbanken passe de vendre à conserver en visant 650 DKK.
  • SAP SE : Morgan Stanley passe de surpondérer à neutre en visant 120 EUR.
  • Schindler : Credit Suisse relève son objectif de cours de 225 à 280 CHF.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 266 50 à 270 CHF.
  • Software : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif réduit de 47 à 43 EUR.
  • Soitec : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 130 à 150 EUR.
  • Synthomer : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 450 GBp.
  • Wärtsilä : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 6,70 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des entreprises

  • Europcar : le loueur de véhicules a dégagé un Ebitda ajusté positif au T3, grâce aux mesures d'économies déployées. Le management ne peut plus fixer d'objectifs 2020 à cause de la seconde vague et accroît son plan de réduction des coûts. La restructuration financière est lancée.

Annonces importantes

  • Gecina émet 400 M€ de dette obligataire avec un taux moyen très faible de 0,47% sur 10,1 ans.
  • Sopra Steria a identifié le virus l'ayant frappé comme une nouvelle forme de Ruyk. La situation est sous contrôle et les données clients ont été préservées. Le retour à une situation normale interne prendra quelques semaines.
  • GL Events signe d'importants financements et obtient un assouplissement de ses covenants obligataires.
  • Europlasma ajourne son AG du 28 octobre pour mener à bien des discussions avec ses créanciers.
  • Focus Home Interactive nomme Christophe Nobileau président du directoire.
  • Generix crée une filiale en Roumanie accélère ses investissements R&D.
  • Nicox annonce que les autorités règlementaires chinoises valide le démarrage de l'étude de phase III Mont Blanc avec NCX 470.
  • Nicolas Hériard Dubreuil nommé à la présidence du conseil d'administration d'Oeneo.
  • Biophytis inclut son premier patient au Brésil dans l'essai de phase II/III avec Sarconeos pour le traitement de patients atteints d'insuffisance respiratoire aiguë liée à la Covid-19.
  • Idsud, Carmila, Nanobiotix, NSE ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • C'est la "semaine GAFAM" avec les résultats de Microsoft mardi et ceux d'Alphabet, Apple, Facebook et com jeudi.
  • Hyundai : le constructeur automobile coréen a publié des résultats trimestriels dégradés, avec une perte nette inattendue. Une partie de la déception s'explique toutefois par les surcoûts ponctuels liés à des rappels de véhicules.
  • SAP SE : le spécialiste allemand des logiciels d'entreprises a revu en baisse ses objectifs à cause de la seconde vague de coronavirus.

Annonces importantes

  • Cellnex discuterait d'un rachat des pylônes télécoms de CH Hutch pour 10,7 Mds$, selon Bloomberg.
  • Après Google, Facebook est aussi dans le collimateur des autorités américaines de la concurrence, selon le Washington Post.
  • AstraZeneca a repris les essais cliniques menés aux Etats-Unis sur son vaccin contre le coronavirus.
  • Coca-Cola European Partners propose à Coca-Cola Amatil, l'embouteilleur australien du fameux soda, un rachat à 12,75 AUD l'action, soit l'équivalent de 6,6 Mds$.
  • Volkswagen va placer Bentley sous le contrôle d'Audi, selon Automobilwoche.
  • Johnson & Johnson va aussi pouvoir redémarrer l'essai interrompu la semaine dernière.
  • Lee Kun-hee, le patron de Samsung, est décédé dimanche à l'âge de 78 ans.
  • Au Canada, Cenovus Energy rachète Husky Energy pour 2,9 Mds$.
  • Aryzta met un terme aux discussions de rachat avec Elliot.

Ça publie. SAP SE, Nidec, NXP Semiconductors, Canon, Hasbro, Groupe SEB, Mail.RU, Coface, BigBen, Lumibird

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