par Rupam Jain Nair et Gopal Sharma

KATMANDOU, 28 avril (Reuters) - La stupeur a tourné à la colère mardi au Népal, où une partie des personnes touchées par le séisme dévastateur de ce week-end commencent à reprocher au gouvernement sa lenteur à réagir à la catastrophe.

Le bilan a été revu à la hausse, à 3.900 morts et autour de 6.500 blessés, ce qui en fait le séisme le plus meurtrier au Népal depuis 1934, qui avait coûté la vie à 8.500 personnes. La France déplore deux morts, a annoncé lundi Laurent Fabius. Selon le ministre des Affaires étrangères, ce couple de touristes a péri dans un éboulement à Katmandou. La France est par ailleurs sans nouvelle de 676 personnes, a-t-il ajouté.

Pour la troisième nuit consécutive, nombre d'habitants ont dû dormir dehors, leurs maisons ayant été soit rasées soit fragilisées par les secousses, qui continuent de semer la panique.

A Katmandou comme ailleurs, des milliers de personnes dorment à même les trottoirs, les rues et les parcs, pour bon nombre sous des tentes de fortune. Les hôpitaux sont débordés, et l'eau potable, la nourriture et l'électricité sont des denrées rares.

L'aide tardant à atteindre les habitants les plus vulnérables, certains critiquent ouvertement l'inaction de leur gouvernement. "Le gouvernement n'a rien fait pour nous", estimait Anil Giri, qui, avec une vingtaine de bénévoles, recherche deux de ses amis qui seraient prisonniers des décombres. "Nous dégageons les débris nous-mêmes, à la main".

Les répliques à la secousse initiale, qui a atteint la magnitude 7,9 sur l'échelle de Richter, ralentissent la distribution de l'aide humanitaire aux populations dans le besoin.

Si cette aide commence à atteindre la capitale, sous forme de vivres, de produits médicaux, de tentes et de chiens formés pour aider aux secours, les autorités ont du mal à la faire parvenir dans le reste du pays.

AXES ROUTIERS COUPES

C'est dans les zones rurales reculées que la situation est la pire. Les axes routiers sont coupés par des glissements de terrain et nombre de localités, privées d'eau et d'électricité, doivent faire sans aucune aide extérieure.

Selon le directeur général de la National Disaster Response Force (NDRF), l'une des premières organisations étrangères à arriver au Népal pour participer aux secours, il faudra du temps pour retrouver des survivants et les corps des victimes.

Les gros engins sont inadaptés aux rues étroites de la capitale népalaise Katmandou, a dit O.P. Singh.

"Il faut dégager tous les décombres, ce qui prendra beaucoup de temps(...). Je pense qu'il faudra plusieurs semaines", a-t-il dit lundi soir à la chaîne d'information indienne NDTV.

Les autorités népalaises reconnaissent être dépassées par l'ampleur de la catastrophe, et elles ont lancé un appel à l'aide en demandant plus de vivres et de médicaments. "Les morgues sont pleines, on arrive à saturation", a déclaré Shankar Koirala, des services du Premier ministre.

Les routes permettant de sortir de la capitale népalaise étaient noires de monde lundi. Des queues interminables se sont formées à l'aéroport de Katmandou où les sinistrés tentaient désespérément de trouver un vol. (Eric Faye pour le service français)