DAKAR, 20 avril (Reuters) - Plusieurs dizaines de milliers d'enfants sénégalais sont exploités par des maîtres d'écoles coraniques qui les obligent à faire la mendicité dans la rue, a déclaré lundi l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Le Sénégal a adopté en 2005 une loi visant à faire cesser la traite et l'exploitation d'enfants dans des milliers d'écoles coraniques. Seule une dizaine de maîtres ont été poursuivis en justice depuis lors.

Dans une cartographie des écoles coraniques (daaras) réalisée en 2014, le gouvernement avait établi que plus de 30.000 élèves (ou talibés) étaient contraints à faire la mendicité dans la seule ville de Dakar. Certains des enfants étaient obligés de rapporter 2.000 francs CFA (un peu plus de trois euros) chaque jour, faute de quoi ils risquaient d'être punis. Au Sénégal, le salaire minimum quotidien est de 3,7 euros environ.

Pour Corinne Dufka, directrice de HRW pour l'Afrique de l'Ouest, "La souffrance des talibés est un point noir de la société sénégalaise. Le Sénégal a des lois très fortes, mais malheureusement, elles ne sont pas appliquées". (Diadié Ba; Eric Faye pour le service français)