(Actualisé avec déclarations de Marina Silva §§3-4 et financement de la campagne dernier para)

par Anthony Boadle

BRASILIA, 21 août (Reuters) - L'écologiste Marina Silva a accepté mercredi d'être la candidate du Parti socialiste brésilien (PSB) à l'élection présidentielle au Brésil, ce qui bouleverse la donne pour Dilma Rousseff en fragilisant ses chances de réélection.

Marina Silva remplace Eduardo Campos, décédé dans un accident d'avion le 13 août. Elle en était la colistière pour la vice-présidence.

Lors d'une conférence de presse, Marina Silva a critiqué le bilan économique de Dilma Rousseff au cours de ses quatre années de présidence, marquées par une croissance en berne et une inflation élevée.

Se disant fidèle aux trois principes ayant soutenu la croissance des années 2000 au Brésil (sérieux budgétaire, objectif d'inflation et taux de change flottant), Marina Silva a déclaré: "Nous savons que notre pays a besoin d'investissements et ils viendront avec un nouveau gouvernement ayant de la crédibilité parmi les investisseurs."

Ecologiste déterminée et chrétienne convaincue, Marina Silva apparaît comme une femme intransigeante à ses détracteurs mais comme la responsable politique la plus fidèle à ses principes pour ses partisans.

Perçue comme extérieure à la classe politique traditionnelle, elle est particulièrement populaire auprès de la jeunesse et des électeurs indépendants désireux de sortir de l'affrontement entre le Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff et ses adversaires libéraux du Parti social démocrate brésilien (PSDB).

Cela lui avait valu d'obtenir la troisième place à la précédente élection présidentielle en 2010, en tant que candidate du Parti des Verts, avec un score de 19% nettement supérieur aux prévisions.

D'après un sondage rendu public lundi, Marina Silva arriverait à égalité avec Aecio Neves, du PSDB, derrière Dilma Rousseff au premier tour le 5 octobre.

Au second tour trois semaines plus tard, celui ou celle des deux arrivé devant entre Marina Silva et Aecio Neves aurait des chances croissantes de battre la présidente sortante et de mettre ainsi fin à 12 années de pouvoir du PT.

UN COLISTIER PROCHE DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE

Mardi, un responsable du PSDB a déclaré à Reuters que son parti, soucieux de déloger Dilma Rousseff, soutiendrait Marina Silva au second tour si son candidat est éliminé.

Désormais âgée de 56 ans, Marina Silva a grandi dans une communauté de récoltants de caoutchouc et n'a appris à lire qu'à l'adolescence. Elle est entrée en politique via la lutte contre la déforestation de l'Amazonie.

Alors membre du Parti des Travailleurs, elle devient ministre de l'Environnement sous la présidence de Luiz Inacio Lula da Silva, le prédécesseur de Dilma Rousseff.

A ce poste, elle s'oppose régulièrement à d'autres responsables du PT, dont Dilma Rousseff, sur des projets de barrages hydroélectriques en Amazonie. Ces affrontements réguliers finissent par la conduire à la démission et à se présenter contre la candidate du PT en 2010.

Marina Silva suscite toutefois la méfiance du puissant secteur agroalimentaire, qui représente un quart du PIB du Brésil et 44% de ses exportations.

Dans l'espoir de surmonter ces réticences, le PSB lui a choisi comme colistier un parlementaire du Rio Grande do Sul, un fief de l'industrie agroalimentaire. Cet homme, Beto Albuquerque, a fait adopter il y a 10 ans par le Congrès un texte autorisant l'utilisation de soja transgénique, malgré les objections de Marina Silva.

Signe évident que cette dernière a toutefois pris les commandes au sein de son camp, le PSB n'acceptera plus les dons de la part des entreprises fabriquant des engrais, des cigarettes, des boissons alcoolisées ou des armes à feu pour financer sa campagne. (Bertrand Boucey pour le service français)