(Actualisé avec réactions de HRW et des plaignants, et précisions sur Gbagbo)

ABIDJAN, 28 mars (Reuters) - L'ancienne première dame de Côte d'Ivoire Simone Gbagbo a été acquittée mardi des chefs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en lien avec la guerre civile de 2011, qui a fait dans les 3.000 morts, a annoncé la télévision nationale.

La Côte d'Ivoire a refusé de l'extrader vers La Haye pour qu'elle réponde d'accusations analogues devant la Cour pénale internationale (CPI), où son mari est actuellement jugé.

"Nous sommes heureux. Depuis le début du procès, nous clamions son innocence. Le dossier instruit contre elle par l'accusation était vide", a dit à Reuters l'avocat de Simone Gbabgo, Mathurin Dirabou, après l'annonce du verdict.

Mais l'ONG Human Rights Watch a estimé que le jugement laissait "sans réponse des questions graves sur son rôle présumé dans des crimes brutaux".

"L'acquittement(...)est le reflet des nombreuses irrégularités dans le procès qui a été le sien", a déclaré Param-Preet Singh, un responsable de HRW, en parlant d'une enquête "de mauvaise qualité" et d'éléments peu convaincants présentés lors du procès.

"Nous regrettons cette décision, en pensant aux nombreuses victimes", a dit pour sa part à Reuters Soungaola Coulibaly, avocat des plaignants.

L'épouse de l'ex-président Laurent Gbagbo, qui n'était pas présente lors de l'annonce du verdict, a déjà été condamnée en mars 2015 à 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat". Cette peine a été confirmée en appel ce mois-ci.

Les procureurs instruisant le procès pour crimes de guerre avaient accusé Simone Gbagbo d'avoir appartenu à une cellule de responsables du Front populaire ivoirien (FPI, qui était alors au pouvoir) chargée de planifier des violences contre les partisans d'Alassane Ouattara, alors chef de file de l'opposition, pour l'empêcher d'arriver au pouvoir. Alassane Ouattara a depuis lors été élu à la présidence.

Laurent Gbagbo est en procès devant la CPI pour son rôle dans le conflit civil, provoqué par son refus d'accepter sa défaite face à Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle de 2010. (Loucoumane Coulibaly; Eric Faye pour le service français)