Il y a quatre ans jour pour jour, les marchés financiers avaient sombré après la requalification du Covid-19 d'épidémie en pandémie par l'OMS. L'indice STOXX Europe 600 avait perdu 11,5% sur la seule séance du jeudi 12 mars, je crois que c'est le record du genre, même si j'avoue que je n'ai pas vérifié en profondeur.

Tout ça paraît si loin. C'était l'époque où les êtres humains rivalisaient de promesses de sobriété, d'entraide et de bienveillance, pour faire émerger le monde nouveau. Quatre ans plus tard, les êtres humains sont toujours individualistes, dépensiers, en guerre et plus proches que jamais de l'ancien monde. Eh oui, les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Ou plutôt, elles se passent toujours de la même façon, mais nous avons une mémoire de bulot.

En tout cas sur les marchés financiers, les gens qui se sont dit, au soir du 12 mars 2020, "ben là, mes cocos, il va falloir investir comme des porcs parce que ça va être la fiesta" ont eu le nez creux ou plus probablement un énorme coup de bol. Le point bas a en effet été touché deux séances plus tard, le 16 mars. C'était à 268 points pour le STOXX Europe 600. L'indice est désormais à 501 points, c'est à dire 87% plus haut, soit une hausse annuelle moyenne de 17%. Pour le S&P500 américain, la même démonstration fait état d'une baisse de 9,5% le 12 mars, d'un point bas à 2192 points le 23 mars. Et d'un gain de 133% depuis, soit une hausse moyenne annuelle de 23,6% sur quatre ans. Entre les deux, il s'est passé pas mal de choses. Mais s'il fallait simplifier à l'extrême, je dirais que les Etats n'ont pas très bien géré la situation sanitaire mais qu'ils ont pris en charge la casse économique, pendant que les entreprises refourguaient aux consommateurs la hausse de leurs coûts tout en améliorant leurs marges. Les riches sont devenus plus riches et les pauvres sont devenus plus pauvres. Les choses se passent toujours de la même façon (bis). Pour les amateurs d'anniversaires et de grosses variations, la seconde semaine de mars était aussi celle du gros bazar autour de la Silicon Valley Bank l'année dernière. 

A priori, les marchés actions ne devraient pas plonger de 10% aujourd'hui. Hier, ils ont oscillé entre la hausse et la baisse en Europe et aux Etats-Unis, sans tendance marquée. Les valeurs technologiques, les stars des dernières semaines (des derniers mois et des dernières années aussi), sont restées sous pression, avec une baisse de 0,37% pour le Nasdaq. Mais la vague de prises de bénéfices entrevue vendredi semble avoir été enrayée. La volatilité apportée par les publications des résultats annuels des sociétés a tendance à se réduire avec l'assèchement du calendrier, mais on notera que quelques dossiers emblématiques peuvent encore faire vibrer les investisseurs. C'est le cas d'Oracle, qui gagnait plus de 14% hier soir post-séance et post-annonce de résultats trimestriels plus élevés que prévu, portés par ce que les romantiques un peu dépassés appellent l'informatique en nuage et les pragmatiques mornes le cloud. Qui dit cloud dit serveurs, qui dit serveurs dit capacités de calcul, qui dit capacité de calcul dit IA, qui dit IA dit hausse. Oracle a d'ailleurs mentionné 22 fois le terme intelligence artificielle dans sa conférence de présentation (j'ai compté).

Les chiffres d'Oracle vont faire partie de l'équation de préouverture aux Etats-Unis, de même que la publication de l'inflation de février, ou CPI (pour consumer price index, indice des prix à la consommation). Elle aura lieu à 13h30 et pas à 14h30, parce que les Etats-Unis sont passés à l'heure d'été ce weekend. Je me suis rendu-compte que j'ai oublié d'en parler hier. Cela signifie que Wall Street ouvre à 14h30 heure de Paris et non à 15h30 comme le reste de l'année (le décalage perdurera jusqu'au 30 mars, quand nous passerons à notre tour à l'heure d'été). Bref, l'inflation américaine est attendue en hausse de 0,4% entre janvier et février et de 3,1% sur un an. L'inflation de base (hors alimentation et énergie), que les Américains appellent core CPI, devrait avoir progressé de 0,3% sur un mois et de 3,7% sur un an. Les progrès vers une normalisation des prix se font plus lents désormais aux Etats-Unis, ce qui est logique. On reste sur un schéma classique : moins d'inflation = la Fed pourra commencer à baisser ses taux = la bourse est contente. Couac dans les statistiques (trop d'inflation) = la première baisse de taux du cycle s'éloigne = la bourse tire la tronche. Réponse à 13h30.

En Asie Pacifique, Tokyo fait toujours un peu grise mine malgré la baisse du yen. Le gouverneur de la Banque du Japon a bien fait état d'une certaine faiblesse de la consommation, mais il a réitéré le message selon lequel la banque centrale se dirige vers la fin de sa politique de taux d'intérêt négatifs. Le marché spécule pour savoir si ce sera lors de la réunion de la semaine prochaine ou lors de celle d'avril. Au Japon, les investisseurs préfèrent des taux négatifs et un yen faible. La Chine reste sur son petit nuage après les dernières initiatives des autorités, les statistiques qui s'améliorent un peu et les annonces de sociétés. Xiaomi flambe ce matin après avoir annoncé le début des livraisons de son premier véhicule électrique le 28 mars. Le Chinois était jusque-là surtout connu pour ses produits électroniques, smartphones en tête. Cette commercialisation illustre la disparition progressive de la frontière entre l'industrie automobile et l'industrie de l'électronique. Le récent abandon par Apple de son projet de VE montre toutefois que le pari est probablement risqué. Dans un tout autre registre, les groupes miniers ont encore courbé l'échine alors que le prix du minerai de fer a poursuivi sa chute, sur fond de craintes sur la demande dans un monde où l'économie ralentit.

Pour traduire ce qui précède en données chiffrées, le TOPIX rend 0,6% à Tokyo, pendant que Sydney grappille 0,1%, les valeurs financières parvenant à compenser le recul des valeurs minières au sein de l'ASX. Le CSI300 gagne 0,4% en Chine continentale, pendant que le Hang Seng s'adjuge 2,6%. L'indice de Hong Kong a repris 5% en trois séances. Les indicateurs avancés occidentaux regardent vers le haut, nourris par les résultats d'Oracle et un relatif optimisme sur le front de l'inflation américaine.

Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,3% à 8055 points. Le Bel20 s'adjuge 0,1% à 3737 points et le SMI 0,3% à 11 685 points.

Les temps forts économiques du jour

Focus sur l'inflation de février aujourd'hui, avec la lecture définitive pour l'Allemagne (8h00) et les données initiales pour les Etats-Unis (13h30). Tout l'agenda ici.

L'euro est stable à 1,094 USD. L'once d'or est ferme à 2178 USD. Le pétrole se reprend, avec un Brent de Mer du Nord à 82,22 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,85 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans ressort à 4,09%. Le bitcoin s'échange à 72 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Barry Callebaut : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 1600 à 1400 CHF.
  • Be Semiconductor Industries : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 189 à 170 EUR. New Street Research LLP maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 110 à 165 EUR.
  • Bureau Veritas : Barclays maintient sa recommandation de pondération de marché et relève l'objectif de cours de 26,50 à 28,50 EUR.
  • Carl Zeiss Meditec : HSBC passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 115 EUR à 120 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : SBG Securities passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 136 CHF à 146 CHF.
  • Covivio : Société Générale maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 58 à 55 EUR.
  • D'Ieteren Group : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 220 à 255 EUR.
  • GEA Group : RBC Capital passe de sousperformance à surperformance avec un objectif de cours relevé de 32 EUR à 44 EUR.
  • Kardex Holding : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 240 à 270 CHF.
  • LVMH : SBG Securities maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 855 à 860 EUR.
  • Norsk Hydro : ABG Sundal Collier passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 65 NOK à 68 NOK.
  • Sartorius Stedim Biotech : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 286 à 330 EUR.
  • Spie Sa : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 34 à 38 EUR.
  • Stadler Rail : Stifel maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 42 à 35 CHF.
  • Swatch Group : SBG Securities maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 292 à 253 CHF.
  • Symrise : Morningstar passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours de 108 EUR.
  • Telekom Austria : HSBC passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 6.876 EUR à 8.002 EUR.
  • Teleperformance : Société Générale maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 220 à 200 EUR.
  • Veolia Environnement : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 37,30 à 35,80 EUR.
  • Worldline : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 14,60 à 10,50 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Vinci remporte un contrat ferroviaire de 700 M€ en France.
  • Accor rachète pour 275 M€ de ses actions à Jinjiang International
  • L'arrêt des opérations de la raffinerie TotalEnergies de Port Arthur serait due à des fuites sur le CDU et le cocker.
  • Eiffage remporte en groupement deux contrats ferroviaires pour 415 M€.
  • Nexans a émis 350 M€ d'obligations 2030 avec un coupon de 4,25%.
  • Valeo annonce la mise en oeuvre du programme de rachat d'actions.
  • Forvia allonge la maturité de sa dette en rachetant des obligations 2025 et 2026 avec le produit d'une nouvelle émission de 1 Md€.
  • Moody's a maintenu lundi la note d'émetteur à long terme d'Arkema à Baa1, avec une perspective stable.
  • Le bras de fer pour le contrôle de Believe entre EQT et Warner Music prend un tour juridique avec la saisine de l'AMF pour avis sur la légalité d'un élément de la procédure.
  • La cotation des actions Metabolic Explorer suspendue dans l'attente d'un communiqué.
  • BT Group et Broadpeak s’associent sur une nouvelle technologie de Multicast pour améliorer le streaming vidéo en direct.
  • Affluent Medical annonce le succès de la première implantation chez l’homme de son sphincter artificiel Artus pour le traitement de l’incontinence urinaire d’effort.
  • La cotation de Pharnext reprend après un point de situation.
  • Les principales publications du jour : Maisons du Monde, Séché

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Domino's Pizza Group affiche un bénéfice en hausse grâce à la baisse des coûts.
  • Generali clôture l'exercice 2023 avec un bénéfice record et un dividende en hausse.
  • Leonardo enregistre une baisse de ses résultats 2023 et vise une amélioration de sa génération de trésorerie.
  • Oracle flambe de 14% post-séance après ses trimestriels.
  • Porsche AG annonce une baisse de sa rentabilité cette année, mais augmente son dividende.
  • Sensirion plonge dans le rouge en 2023 et se dit prudent pour cette année.
  • Wacker Chemie s'attend à une nouvelle baisse de son bénéfice en 2024.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Li Ning discuterait d'une sortie de la cote.
  • Boeing a échoué à 33 des 89 audits réalisés par la FAA après l'incident survenu en janvier chez Alaska Airlines, selon le NYT. L'industriel ferait par ailleurs l'objet d'une enquête du DOJ pour violation potentielle de l'accord de 2021 suite à deux crashs de B737MAX.
  • Merck & Co finalise l'acquisition de Harpoon Therapeutics.
  • Le patron de Mercedes (qui réalise le tiers de ses ventes en Chine) est contre les barrières douanières contre les VE chinois.
  • Walt Disney vise une réduction de 4,5 Mds$ de ses dépenses annuelles en matière de contenu.
  • Les actions de Meta ont chuté hier de plus de 4% après que Trump a qualifié Facebook d'"ennemi du peuple".
  • La BCE autorise le programme de rachat d'actions de 1,7 Md€ d'Intesa Sanpaolo.
  • Le chinois Xiaomi commercialisera à partir du 28 mars sa première voiture électrique.
  • Samsung et SK Hynix arrêtent les ventes de machines de production de puces d'occasion par crainte d'une réaction négative des Etats-Unis, selon le FT.
  • Nidec et KPS en concurrence pour l'unité Innomotics de Siemens AG, qui pourrait valoir 3 Mds$, selon Bloomberg.
  • L'actionnaire activiste Third Point dévoile une participation dans Advance Auto Parts.
  • British American Tobacco envisage la possibilité de céder une "petite partie" de sa participation dans l'entreprise indienne ITC par le biais d'une transaction de bloc sur le marché.
  • L'incendie de la raffinerie française d'Exxon Mobil sous contrôle.
  • L'usine Tesla près de Berlin reconnectée au réseau électrique.
  • Les principales publications du jour : Porsche AG, Generali, SyensqoTout l’agenda ici.

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