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NATIONS UNIES, 31 août (Reuters) - La Russie a mis en doute mardi une enquête récente de l'Onu qui accuse le régime syrien de deux attaques au chlore, estimant que le rapport ne pouvait être utilisé par le Conseil de sécurité pour justifier des sanctions.

L'enquête menée depuis un an par l'Onu et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et autorisée par les quinze membres du Conseil de sécurité, a également conclu à l'usage de gaz moutarde par les djihadistes de l'Etat islamique en Syrie.

Le conseil de sécurité a commencé mardi des discussions visant à déterminer la réponse à apporter au rapport. Interrogé sur sa validité, l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a déclaré qu'il ne pensait pas le rapport suffisant pour étayer des sanctions, ajoutant "mais nous continuons de l'analyser"

"Il y a deux cas où ils suggèrent la responsabilité du côté syrien; nous avons de très sérieuses questions", a-t-il dit à des journalistes après une réunion à huis clos du Conseil.

Les antagonismes entre les cinq pays détenteurs du droit de veto au Conseil de sécurité sont susceptibles d'être vifs dans les prochains jours, avec d'un côté la Russie et la Chine, de l'autre les Etats-Unis, la France et le Royaume -Uni.

"Les choses que nous allons examiner sont l'imposition d'un régime de sanctions et une forme de responsabilisation en vertu des mécanismes du droit international", a dit l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft.

Le régime syrien avait accepté de détruire ses armes chimiques en 2013 en vertu d'un accord négocié par Moscou et Washington. Le Conseil de Sécurité avait apporté son soutien au pacte, précisant qu'en cas de non-respect, le régime s'exposait à des sanctions.

"Il appartient au Conseil d'agir vite pour montrer que lorsque nous mettons en place le Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-ONU, nous sommes sérieux quant l'établissement d'une responsabilité", a dit l'ambassadrice américaine aux Nation unies, Samantha Power.

"Il nous faut une résolution, et une résolution avec des dents", a dit pour sa part l'ambassadeur français François Delattre.

A l'occasion d'une réunion des ambassadeurs français à Paris, François Hollande a durci le ton contre le régime et l'EI. "Ces crimes ne peuvent pas rester impunis", a déclaré mardi le chef de l'Etat français en référence à leur utilisation d'armes chimiques.

La France travaille "à l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité pour condamner ces actes abominables et prévoir des sanctions contre les auteurs", a-t-il ajouté, avant de déplorer des interventions militaires "contradictoires" en Syrie. (Michelle Nichols; Julie Carriat pour le service français)