AMMAN, 29 août (Reuters) - Des avions attribués au régime syrien ont frappé dimanche le quartier assiégé de Waer, à Homs, ville du centre de la Syrie, causant plusieurs morts et des dizaines de blessés civils, rapportent des habitants et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

La veille, l'évacuation des habitants et des rebelles occupant Daraya, une localité proche de Damas, s'était achevée en vertu d'un accord conclu jeudi avec l'armée syrienne, mettant fin à l'un des plus longs sièges depuis le début de la guerre civile en Syrie.

Selon des résidents et l'OSDH, le quartier résidentiel de Waer a été la cible de plus de douze bombardements aériens, tuant au moins sept personnes et blessant des dizaines de civils dans la dernière zone tenue par les rebelles à Homs, troisième ville de Syrie.

L'OSDH précise qu'une femme et un enfant ont été tués. Des vidéos publiés sur les réseaux sociaux montrent des enfants brûlés par ce que des militants identifient comme des bombes incendiaires. Reuters n'a pu vérifier ces images de manière indépendante.

C'est la deuxième fois que de telles frappes ont lieu à Homs, après des bombardements il y a un an.

En décembre, les chefs rebelles étaient parvenus à Waer à un accord soutenu par les Nations unies avec le régime, prévoyant l'évacuation des combattants et, in fine, un renforcement du contrôle de la ville par le régime.

Mais depuis l'évacuation de centaines d'insurgés en décembre, la mise en oeuvre des chapitres ultérieurs de l'accord tarde. Ceux-ci stipulaient que les combattants demeurant dans la ville, s'ils pouvaient garder leurs armes légères, devaient rendre leurs armes lourdes.

RÉPLIQUER DARAYA

En avril 2011, pendant les prémices du conflit, Homs était l'un des épicentres de l'insurrection contre le président syrien Bachar al Assad. En 2014, une précédente trêve dans la ville avait permis aux insurgés de se retirer, seul le quartier de Waer restant sous leur contrôle.

Le quartier est depuis assiégé par l'armée syrienne et des milices alliées au régime. Outre les convois humanitaires, la plupart des acheminements de nourriture et d'aide médicale sont bloqués par le régime.

L'attaque de dimanche intervient au lendemain de l'évacuation de Daraya, une banlieue de Damas que les rebelles ont quittée après des frappes incessantes et un siège sans précédent, qui durait depuis 2012 et s'était intensifié en février.

Les habitants et les responsables locaux dénoncent une reproduction de la même stratégie à Waer par l'armée syrienne, en vue de faire capituler les milliers de rebelles qui s'y maintiennent aux côtés de quelque 50.000 civils.

"Le régime, après avoir réussi à chasser le peuple de Daraya, a commencé à faire monter la pression sur nous", estime Bebars Tilawi, un militant du quartier.

Des responsables humanitaires et Washington ont dénoncé une tactique qui laisse les habitants choisir entre "la famine ou la reddition", utilisée par le régime et d'autres parties belligérantes pour reprendre des zones assiégées. (Suleiman Al-Khalidi; Julie Carriat pour le service français)