Une telle décision de l'Agcom ferait de ce réseau une entité juridique propre, avec sa propre structure de direction, même si elle serait entièrement contrôlée par Telecom Italia (TIM), ont dit ces sources.

Des responsables politiques et des concurrents de l'opérateur historique en Italie réclament de longue date cette scission mais les pressions se font plus fortes depuis que les autorités italiennes s'intéressent à l'influence de Vivendi sur Telecom Italia, dont le groupe français est devenu le premier actionnaire avec une participation de 24%.

Pour que la future entité de réseaux ne soit pas trop dépendante de Telecom Italia, une piste consisterait pour l'Agcom à se faire représenter à son conseil d'administration, a dit une source.

Si elle prenait une telle décision, l'Agcom suivrait l'exemple de son homologue britannique, l'Ofcom, qui a obligé BT à se séparer de son activité de réseaux Openreach. L'opération a été conclue en mars après un bras de fer de deux ans.

"Ce n'est pas facile à faire et TIM le combattrait certainement mais c'est techniquement possible", a dit une source, selon laquelle l'Agcom est en train de réaliser une analyse de marché pour déterminer s'il existe des fondements permettant de justifier une telle initiative.

Un porte-parole de Telecom Italia a répété que ce réseau, valorisé jusqu'à 15 milliards d'euros, était un actif stratégique. Il a refusé de s'exprimer davantage sur le sujet.

ROME RÉFLÉCHIRA LUNDI AU "GOLDEN POWER"

TIM est un acteur verticalement intégré, c'est-à-dire qu'il donne accès à ses infrastructures aux autres opérateurs tout en étant leur concurrent sur les forfaits proposés aux particuliers et aux entreprises.

Telecom Italia a pris des dispositions censées accroître la transparence et garantir une égalité d'accès au réseau à ses concurrents, notamment via la création d'une structure interne baptisée Open Access. L'Agcom réexamine régulièrement la situation pour déterminer si des changements sont nécessaires.

L'examen en cours devrait être achevé d'ici la fin de l'année, ont dit deux sources, selon lesquelles si l'Agcom n'est pas satisfaite, elle pourrait s'appuyer sur une directive européenne pour imposer une séparation de l'activité de réseau.

Ce qui pourrait inciter l'Agcom à agir, c'est que les autorités de la concurrence en Italie ont ouvert deux enquêtes cette année sur le déploiement du réseau haut débit de TIM, a dit une source.

Le président du Parti démocrate (PD) au pouvoir à Rome a déclaré cette semaine qu'une séparation du réseau de TIM pourrait conduire à une fusion de cette infrastructure avec celle de son concurrent haut débit Open Fiber, contrôlé par Enel et l'équivalent italien de la Caisse des dépôts.

Le gouvernement italien, de son côté, va probablement réfléchir lundi à l'utilisation de ses pouvoirs spéciaux ("golden power") au sujet de Sparkle, la filiale de câbles sous-marins de Telecom Italia, a-t-on appris vendredi de source gouvernementale.

Cette réflexion est liée au débat concernant la participation de Vivendi dans Telecom Italia. Le groupe français dément exercer un contrôle de fait de Telecom Italia.

Ces pouvoirs spéciaux permettent au gouvernement d'intervenir sur une entreprise jugée d'importance stratégique pour le pays.

Le gouvernement italien a adopté vendredi un décret réglementant le recours à ce "golden power" à l'avenir, a dit la source gouvernementale.

(Avec Francesca Piscioneri; Bertrand Boucey pour le service français)

par Stefano Rebaudo, Agnieszka Flak et Giselda Vagnoni

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia