* Pas de décision encore prise par la maison mère de T-Mobile-sces

* D. Telekom veut un prix plus élevé pour plus de capital-sces

* Iliad toujours à la recherche de partenaires

par Harro Ten Wolde et Sophie Sassard et Gwénaëlle Barzic

FRANCFORT/LONDRES/PARIS, 26 septembre (Reuters) - Deutsche Telekom prépare les esprits à la possibilité qu'il reste plus longtemps que prévu aux Etats-Unis, doutant de la capacité d'Iliad à mettre sur pied une nouvelle offre suffisamment attrayante pour sa filiale T-Mobile US, selon plusieurs sources au fait du dossier.

Aucune décision n'a encore été prise, ont précisé les sources, selon lesquelles une offre "canon" du français à un prix sensiblement plus élevé et portant sur l'essentiel du capital du quatrième opérateur mobile américain pourrait faire réfléchir la maison mère.

Le groupe dirigé par Xavier Niel a engagé des discussions tous azimuts afin de trouver des partenaires susceptibles de lui permettre d'améliorer sa proposition originale - 33 dollars par action pour 56,6% du capital - mais la marche pourrait être trop haute à gravir, ont estimé deux sources au fait de la question.

Deutsche Telekom, qui avait rejeté début août la première offre du français jugée trop basse, n'a à ce jour pas reçu de nouvelle proposition.

Une partie des dirigeants de l'opérateur historique allemand, qui cherche à se désengager de son actif américain depuis fin 2011, se demandent à présent s'ils n'auraient pas intérêt à marquer une pause pendant au moins un an avec l'espoir d'être en meilleure position pour négocier.

"Deutsche Telekom semble vraiment convaincu qu'Iliad n'arrivera pas à monter une offre améliorée satisfaisant leurs attentes en termes de prix et de synergies", a dit l'une des sources.

"C'est la raison pour laquelle ils font passer l'idée qu'ils sont prêts à rester aux Etats-Unis afin de préparer le marché dans l'éventualité où Iliad jetterait l'éponge."

DILEMME

Fragilisé en Europe par une forte concurrence et l'impact de la réglementation, Deutsche Telekom, qui détient 66% de T-Mobile US, pourrait être d'autant plus tenté de conserver sa filiale, que celle-ci affiche un chiffre d'affaires en croissance après des années de recul.

Grâce à la politique de prix agressive conduite par son charismatique dirigeant John Legere, T-Mobile a gagné le mois dernier 552.000 clients post-payés, son record.

L'opérateur, pour lequel une seule offre est aujourd'hui officiellement sur la table, pourrait également attirer d'autres candidats aux Etats-Unis comme l'opérateur de télévision par satellite Dish ou des câblo-opérateurs, une fois passées deux enchères clefs pour l'allocation de fréquences.

La réglementation américaine interdit en effet aux sociétés locales de conclure des transactions ou de communiquer entre elles pendant ces périodes de mises aux enchères.

Le numéro trois américain du mobile Sprint pourrait même faire son retour à la table des négociations si les autorités de régulation américaines se montraient plus accommodantes en matière de consolidation.

Ce dernier a renoncé à acquérir T-Mobile en août après un an de discussions, faisant voler en éclat les projets de Deutsche Telekom et laissant Iliad pour seul interlocuteur.

L'opérateur allemand a refusé d'ouvrir les comptes de sa filiale à l'opérateur français, insatisfait, outre le prix, de la part importante qu'il conserverait dans le futur attelage T-Mobile/Free alors que le français n'a pas d'expérience du marché américain. La promesse du français de réaliser 10 milliards de dollars de synergies est jugée peu crédible, ont dit précédemment plusieurs sources à Reuters.

"Un accord bien négocié avec Sprint se serait imposé comme une évidence mais maintenant des choix stratégiques plus difficiles vont devoir être faits", souligne Hannes Wittig, analyste à JPMorgan.

UNE QUESTION DE PRIX AVANT TOUT

L'analyste relève que Deutsche Telekom va devoir trancher : rester aux Etats-Unis au risque devoir dépenser pour acheter des fréquences et faire face à l'offensive sur les prix que vient de lancer l'ancien prétendant Sprint ou vendre pour réinvestir l'argent en Europe, notamment dans le déploiement de la fibre en Allemagne pour riposter à la concurrence des câblo-opérateurs.

Une partie de la réponse devrait être apportée aux environs de la mi-octobre, l'horizon qu'Iliad s'est donné pour décider d'un éventuel relèvement de son offre.

Une des sources a noté qu'une offre se rapprochant de 40 dollars par action pour l'essentiel du capital provoquerait certainement un débat au sein des dirigeants de Deutsche Telekom.

Reste à savoir si Iliad, qui s'est illustré plusieurs fois par des coups d'éclat, réussira à trouver les partenaires pour concrétiser ses ambitions américaines.

Aux Etats-Unis, l'action T-Mobile a perdu 18% depuis que Sprint a jeté l'éponge pour évoluer à un plus bas de six mois aux environs de 29 dollars, signe que le marché est dubitatif. (Avec Leila Abboud à Paris et Arno Schützer à Francfort, édité par Benoît Van Overstraeten)