L’accord signé vendredi en grande pompe, le plus gros obtenu par Alstom aux Etats-Unis, prévoit que le groupe français concevra et construira pour la compagnie ferroviaire publique américaine 28 nouveaux trains à grande vitesse destinés au "couloir Nord-Est" entre Washington et Boston, via New York et Philadelphie. Il est complété par un accord prévoyant une assistance à la maintenance des trains pour 15 ans au moins.

Alstom avait été retenu en septembre 2015 par Amtrak pour mener des négociations exclusives sur le renouvellement des rames de cette ligne ferroviaire à grande vitesse, la seule des Etats-Unis, un contrat initialement évalué à 2,5 milliards de dollars.

Les trains Avelia Liberty, derniers-nés de leur gamme, remplaceront les anciens trains à grande vitesse Acela fabriqués en consortium par Alstom et le canadien Bombardier et qui sont en service depuis l’année 2000.

Cette fois, Alstom fait cavalier seul. Il prend position pour le long terme face à ses grands adversaires Bombardier, Siemens ou encore Mitsubishi Heavy Industries alors que l’horizon pourrait s’éclaircir pour les lignes à grande vitesse (LGV) aux Etats-Unis, où la question est un serpent de mer du fait de la prééminence de la route et de l’avion et des incertitudes liées à la rentabilité de ces infrastructures aux coûts de construction élevés.

Les travaux de la future LGV de Californie, qui doit relier d’ici 2030 San Francisco à Los Angeles, ont commencé en 2015, après des années de contretemps. Un projet est à nouveau dans les cartons au Texas, après une tentative dans les années 1990. Un autre est aussi initié au Nevada.

MODÈLE RENFORCÉ

Les nouvelles rames Avelia Liberty d’Alstom qui circuleront de Boston à Washington pourront atteindre 300 km/h, même si elles circuleront dans un premier temps à une vitesse maximale de 257 km/h pour des raisons d’infrastructure. Elles pourront transporter jusqu’à 33% de passagers en plus que les rames Acela qu’elles remplaceront.

"Avelia Liberty offrira non seulement une expérience passager de première qualité mais aussi une plus grande efficacité énergétique et des coûts de cycle de vie optimisés", a souligné Jérôme Wallut, senior vice-president d’Alstom Amérique du Nord, cité dans le communiqué.

La signature du contrat avec Amtrak renforce par ailleurs le modèle du nouvel Alstom recentré sur le transport avec la cession de ses activités dans l’énergie à General Electric, en novembre 2015.

Depuis, Alstom a signé plusieurs méga-contrats : en Inde fin 2015 pour la fourniture de 800 locomotives électriques et la construction d’une usine dans l’Etat de Bihar (2,8 milliards d’euros), à Dubaï en juin pour l’extension du métro de la ville (2,6 milliards d’euros en consortium), en Italie toujours en juin pour construire des trains destinés à Trenitalia (contrats d’une valeur cumulée de 4,6 milliards d’euros en consortium).

Le matériel d’Amtrak sera cependant produit en grande partie produit aux États-Unis car financé par des fonds fédéraux. Les rames seront fabriquées sur le site historique d'Alstom à Hornell (Etat de New York) et leur maintenance sera réalisée dans les dépôts d'Amtrak à Boston, New York et Washington DC, avec le soutien des sites Alstom de New York, du Delaware et de l'Illinois, a précisé le groupe français dans son communiqué.

(Dominique Rodriguez, édité par Patrick Vignal)