Tout semble avoir été déjà dit ou écrit sur le 'QE' de la BCE: il représente 7.500E par citoyen européen (1 an de salaire moyen d'un grec), ce sont les pays qui ont le moins besoin de liquidités qui peuvent emprunter le plus (Allemagne, France), les rendements s'évaporent, ils deviennent négatifs de 1 mois à 7 ans en Allemagne (74% des émissions offrent désormais des rendements négatifs, bientôt 3 sur 4!), l'Euro subit sa plus lourde chute en 24H depuis sa création (-3,5% à 1,12/$).
Mais ce qui n'a pas été dit ou précisé découle du fait que la BCE n'a pas été questionnée jeudi lors de la conférence de presse: avalanche d'interrogations sur l'unanimité -ou non- des membres de la BCE, degré de mutualisation des dettes à émettre, risques associés pour les états, poursuite ou non après septembre 2016, avis sur la stratégie de la BNS...

Mais aucune question du type: après quel délai de rachats à hauteur de 60MdsE par mois la BCE commencerait à s'inquiéter de ne pas voir les résultats escomptés se matérialiser, si par malheur, comme au Japon, les injections monétaires produisaient dans l'économie réelle le résultat contraire de ceux anticipés.
En fait, il semblerait que tacitement et inconsciemment, les journalistes parient déjà que le 'QE' n'aura aucun effet et que seul un heureux hasard pourrait le faire coïncider avec un redressement de l'économie.

En revanche, voilà beaucoup d'argent en excès à employer pour les marchés: les mêmes réflexes conditionnés induisent les mêmes effets et les opérateurs 'payent' tous les actifs plus cher avec la ferme conviction qu'ils vaudront encore plus cher demain.
Cela génère un effondrement symétrique des rendements avec un festival de nouveau planchers historiques inscrits ce matin.
Les investisseurs se sont jetés sur des Bunds à 0,32%, des OAT à 0,54% (contre 2,4% fin janvier 2014), des 'bonos' espagnols à 1,2450% (contre 3,85% à pareille date l'an dernier), des BTP italiens à 1,39% (contre 4% il y a 1 an).
La détente des dettes souverains périphériques atteint -250Pts en moyenne depuis janvier 2014 et -500Pts depuis fin juillet 2012 et le 'whatever it takes': voilà le véritable effet du verbe magique de Mario Draghi sur les 30 mois qui ont précédé l'annonce de la matérialisation du 'QE'.

La question est maintenant: 'what else' ?
Pour l'anecdote, les T-Bonds US affichent 1,83% contre 1,86% la veille, soit 150Pts de base de plus que les Bunds allemands: si la FED laisse entendre qu'il n'y a pas urgence à relever son taux directeur, il y a encore de la marge à la baisse pour le rendement du '10 ans'.

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