Les marchés obligataires de l'Europe du Nord (France incluse) saluent par une pluie de records absolus les piètres indicateurs d'activité publiés en Chine et aux Etats Unis ce mercredi (les Bunds et OAT avaient enfoncé des rendements planchers bien avant que Mario Draghi prenne la parole à 14H30).

Tout ce qui contribue à dissuader la FED de monter ses taux est une bénédiction: il faut que l'économie réelle aille le moins bien possible (doux euphémisme) pour que les marchés voient l'avenir en rose.

La conférence de la BCE n'a pas appris grand chose aux investisseurs, sinon qu'il est plus difficile de trouver des preuves concrètes d'une reprise économique pérenne en Europe que d'aller déverser des confettis sur la tête de Mario Draghi en arborant un T-Shirt où il est imprimé 'stop à la dictature de la BCE'.

La Banque centrale européenne s'est délivré un auto-satisfécit, soulignant tous les bienfaits de sa politique monétaire ultra-accommodante... et notamment la réponse positive des marchés (ce qui ne prouve rien puisqu'ils ne sont 'drivés' que par les flux et non l'état réel de la conjoncture).

Mais tant que les marchés sont contents, la BCE est fière de son action et c'est bien grâce à elle que les Bunds sont allés tester un nouveau plancher absolu de 0,108% tandis que les OAT ont glissé sous les 0,4%.

Les Bunds 2025 pourraient bien passer en territoire négatif avant fin avril, le '10 ans' hollandais avant fin mai et les OAT pourraient suivre d'ici fin juin: épargner en emprunts d'état deviendra alors un moyen assuré de perdre de l'argent tandis qu'en emprunter pourrait s'avérer plus rémunérateur.
Mais les gérants ont trouvé la parade: ils se ruent sur le 'high yield', les 'Junk bonds', avec d'autant plus d'appétit que les banques centrales étendent la gamme des actifs qu'elles peuvent racheter, vers des émissions à la qualité de plus en plus douteuse.

Lorsqu'il s'agit de détailler les 'bienfaits' du QE dans l'économie réelle, Mario Draghi se montre beaucoup moins à son aise: il évoque une diminution du risque de rechute en récession ou en déflation... il n'évoque pas un robuste rebond de la croissance, appelé à s'auto-entretenir.
La preuve: le programme de rachats d'actifs de la BCE sera poursuivi dans son intégralité et jusqu'à son terme, avec des volumes conformes aux chiffres annoncés (pour faire taire les rumeurs d'éventuel 'ajustement' de ce programme).
Après leur consolidation de la veille, les dettes périphériques sont reparties de l'avant, notamment les BTP italiens (-4Pts de base à 1,24%) qui creusent leur avantage par rapport aux 'bonos' espagnols (-3Pts de base à 1,27%).
Les chiffres du jour n'expliquent pas de façon convaincante l'avance des marchés obligataires : la balance commerciale de l'eurozone a affiché un excédent de 20,4 milliards au titre du mois de février, soit 6 milliards de plus qu'en février 2014, d'après les premières estimations d'Eurostat publiées en fin de matinée.

En France, les prix à la consommation ont augmenté de 0,7% en mars, comme au mois de février, mais affichent encore une diminution de 0,1% sur un an, selon des chiffres publiés ce matin par l'Insee.
En résumé, ni inflation, ni déflation... et surtout, pas d'aggravation.

Aux USA, la production industrielle s'est contractée de 0,6% au mois de mars, un recul plus marqué qu'attendu. Les économistes anticipaient en moyenne une baisse de 0,3% après la hausse confirmée de 0,1% enregistrée au mois de février.

L'indice 'Empire State' de la Fed de New York est ressorti à -1,2 point au titre du mois en cours, à comparer à +6,9 points en mars et alors que les économistes tablaient a contrario sur une légère progression autour de 7,3 points.
Les T-Bonds US affichent ce soir un rendement de 1,88%, en repli de 0,01% par rapport à mardi... c'est de l'épaisseur du trait.


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