Les marchés obligataires connaissent ce mercredi29 avril une de leurs pires séances de l'année en terme d'intensité de la correction, et la pire dans l'absolu puisque toutes les dettes souveraines de part et d'autre de l'Atlantique sont laminées.
Et la dégradation ne s'est pas déclenchée avec les mauvaises 'stats' US de 14H30 (PIB en chute libre, de +2,2% vers 0,2%): le phénomène était déjà bien enclenché depuis le début de la matinée, comme si le marché avait été alerté par un 6ème sens particulièrement aiguisé.

D'autres mouvement correctifs récents mettaient en évidence des arbitrages entre grandes zones économiques (USA, Europe du Nord, Europe du Sud) en fonction d'une hausse de l'appétit ou de l'aversion pour le risque.

Rien de tel cette fois-ci, il n'y a pas de rescapé et pas même d'instruments de taux relativement épargnés: la brusque tension de 10Pts de base des Bunds à 0,27% est peut-être moins spectaculaire algébriquement que les +12Pts des BTP italiens à 1,48% (ou +11Pts sur les 'bonos' à 1,456%) mais en terme de variation, c'est sans commune mesure puisque les Bunds accusent une hausse de rendement de +65% contre +8% pour les BTP et les 'bonos'.

Sur les Bunds à 9 ans, c'est carrément du +100% à 0,218% contre 0,107% la veille (l'inflation allemande est remontée à +0,3% en avril selon Destatis contre +0,2% anticipé).

Bill Gross aurait-il eu raison d'évoquer il y a 10 jours le 'short du siècle' sur la dette germanique ?
Sur les OAT françaises, le repli est particulièrement sévère avec +13Pts de base à 0,55% mais cela représente une hausse de 33% du rendement, le '10 ans' belge accompagne fidèlement le '10 ans' français avec +12Pts de base à 0,55% également (soit +28%).

Sur les échéances plus courtes, les variations donnent le tournis avec +900% sur le '5 ans' français (à 0,08%), +500% sur le '10 ans' belge (à 0,06%) et le Bund 2020 remonte de -0,11% à -0,05%.

Mais la correction la plus contre-intuitive du jour frappe les T-Bonds US qui se dégradent de 5Pts à 2,05%: le Produit Intérieur Brut américain n'a progressé que de 0,2% au 1er trimestre contre +1% anticipé, après +2,2% au 4e trimestre 2014.
Les économistes évoquent pêle-mêle les rigueurs de l'hiver (qui fut des plus 'normal' contrairement à 2014), le dollar trop fort et la chute des prix du pétrole qui plombe le secteur du 'shale oil'... ,

Parmi les facteurs les plus négatifs, les dépenses de consommation ont plongé de +4,4% vers 1,9%, les investissements des entreprises de -3,4% (après +4,7% fin 2014)... et les investissements dans l'immobilier ne sont pas épargnés avec une division par 3 (de +3,8% vers +1,3%).

La Réserve fédérale américaine qui publiera un communiqué à l'issue de son FOMC devrait tenir compte de tels chiffres (qu'elle connaît avant tout le monde) et confirmer que les taux directeurs demeureront inchangés pour les 6 prochains mois (plus personne n'anticipe une hausse en juin et la probabilité d'un resserrement monétaire en décembre tombe largement sous 50%).
Mais le maintient des taux à zéro ne semble plus consoler Wall Street qui recule de -0,5% tandis que le coup de massue sur l'ensemble de la courbe des taux en Europe assomme littéralement les places boursières européennes qui dévissent de -2 à -2,5%.


Copyright (c) 2015 CercleFinance.com. Tous droits réservés.