Un QE toujours d’actualité
A 13h45, les économistes s’attendent donc à un statu quo sur le trio des taux directeurs. Les opérations principales de refinancement (prêts à une semaine) seront maintenues à 0%, la facilité de prêt marginal (prêts à 24h) à 0,25% et la facilité de dépôt à -0,4% (son taux est négatif depuis juin 2014). Le communiqué qui sera diffusé différera-t-il de celui du 10 mars dernier ? C’est peu probable. Il y a un peu plus d’un mois, la BCE avait à nouveau précisé que son conseil des gouverneurs « prévoit que les taux d’intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels pendant une période prolongée, et bien au-delà de l’horizon fixé pour les achats nets d’actifs ». Elle avait aussi conservé les principaux éléments de son discours sur les mesures non conventionnelles de politique monétaire. Le conseil avait ainsi réitéré une enveloppe de rachat d’actifs mensuelle de 30 milliards d’euros en confirmant une échéance théorique à la fin du mois de septembre 2018, mais en précisant que le programme pourrait aller au-delà, « si nécessaire, et, en tout cas, jusqu’à ce que le conseil des gouverneurs observe un ajustement durable de l’évolution de l’inflation conforme à son objectif ». Enfin, les remboursements au titre du principal des titres acquis lors du QE arrivés à échéance continueront à être réinvestis « pendant une période prolongée après la fin de ses achats nets d’actifs et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire », de façon à favoriser la liquidité.
Equilibrisme
La banque centrale est actuellement confrontée au dilemme classique post-crise financière : il faut normaliser la politique monétaire mais sans faire dérailler la croissance. Pour compliquer la donne, la zone euro reste dans un contexte d’inflation modeste, éloignée en tout cas de l’objectif de la BCE : +1,3% en mars, mais +1% seulement pour l’inflation sous-jacente, alors que la cible est proche de 2%. Les dernières prévisions ne misent que sur une accélération très graduelle, avec un niveau de 1,7% envisagé pour 2020. En parallèle, Mario Draghi et son conseil doivent intégrer les éventuels remous extérieurs, comme l’épée de Damoclès des menaces protectionnistes. Mais aussi une croissance européenne qui pourrait se montrer un peu moins vigoureuse que prévu, à en croire les derniers indicateurs. La banque centrale n’en a donc pas fini avec son numéro d’équilibriste. Une phase dont la Fed est sortie il y a quelques temps déjà, ce qui permet à son nouveau patron, Jerome Powell, d’avancer plus sereinement vers la normalisation, puisque le débat actuel porte plus depuis longtemps sur le principe d’un resserrement monétaire mais sur le nombre de tours de vis attendu cette année. Un certain confort dont Mario Draghi est pour le moment privé.