Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) a, comme attendu, maintenu jeudi son taux directeur à 0,25%, niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis août, mais à la surprise générale il y a eu une voix pour une hausse.

Le Comité de politique monétaire (CPM) de la banque centrale britannique s'est de nouveau dit prêt à tolérer une inflation un peu plus forte que le niveau cible de 2%, tout en rappelant qu'il y a des limites à cette tolérance, selon les minutes de sa réunion de mars publiées jeudi.

Mais pour Kristin Forbes, les données prises en compte pour établir la politique monétaire "ont évolué de façon à justifier une hausse immédiate du taux directeur".

Elle a cité en particulier l'accélération rapide de l'inflation d'une part et d'autre part le fait que "la faiblesse de l'activité attendue depuis le référendum (qui a vu les Britanniques voter en juin pour une sortie de l'Union européenne, NDLR) ne s'était pas concrétisée".

Pour elle, "il y a moins de raisons de tolérer une inflation au-dessus de sa cible pendant une période prolongée, même si la politique monétaire doit rester agile".

"Mme Forbes s'est systématiquement placée du côté haussier au sein du CPM alors il se pourrait bien qu'elle ait souhaité faire passer un message fort avant son départ du Comité en juin", a relevé Howard Archer, économiste chez IHS Markit.

Si Mme Forbes a été la seule à se prononcer pour une hausse du taux de 25 points de base, d'autres des neuf membres du CPM, dont le nombre et les noms n'ont, comme à l'habitude, pas été divulgués, "ont noté qu'il faudrait relativement peu de nouvelles positives sur les perspectives de l'activité ou sur l'inflation pour leur faire prendre en compte qu'une réduction plus rapide du soutien monétaire pourrait être justifiée", selon ces minutes.

- Virage haussier surprise -

Ainsi pour James Knightley, économiste chez ING, la BoE a opéré un virage haussier surprise. "Avec le vote de Kristin Forbes pour une hausse et les minutes montrant que d'autres pourraient être bientôt prêts à la rejoindre, la BoE montre clairement de quel côté elle pense que la balance penche" pour déterminer sa politique monétaire, c'est-à-dire du côté des risques liés à la hausse des prix.

La BoE a prévenu jeudi que l'inflation devrait accélérer au-dessus de 2% dans les mois à venir et atteindre un pic autour de 2,75% début 2018.

Aucun membre n'avait appelé à une hausse de taux depuis Ian McCafferty en janvier 2016, et la dernière dissension sur les taux au sein du CPM date de juillet dernier quand Gertjan Vlieghe avait appelé à une baisse. Le mois suivant, la majorité s'était rangée de son côté pour voter une diminution du taux directeur, de façon à soutenir l'économie face aux turbulences redoutées après le vote pour le Brexit.

Le CPM a dans le même temps opté à l'unanimité pour le maintien du montant total de son programme de rachats d'obligations d'Etat à 435 milliards de livres (environ 497 milliards d'euros) et de celui de rachats d'obligations d'entreprises à 10 milliards de livres.

Cette réunion marquait la première apparition au sein du CPM de Charlotte Hogg, qui a pris ses fonctions au début du mois en tant qu'adjointe au gouverneur Mark Carney, en charge des marchés et des banques. Sa démission a été annoncée mardi toutefois, suite à un rapport parlementaire condamnant des manquements au code de bonne conduite de la BoE, car elle n'avait pas divulgué le poste de son frère à la direction de la stratégie de la banque Barclays malgré le risque de conflit d'intérêt.

afp/al