Le contrepied est saisissant !
Les marchés de l'Eurozone accusent l'une des plus baisses de l'année en une seule séance, avec des écarts allant de +21Pts de base sur les Bunds (à 685%) à +23Pts sur les OAT (à 1,015%) ou le '10 ans belge puis +27Pts sur les 'bonos' espagnols et le '10 ans' finlandais (à 1,745% et 0,93%) et même +33Pts sur les BTP italiens (à 1,66%).

Les principaux instruments 'non Euro' comme les T-Bonds, les 'Gilts' britanniques ou le '10 ans' helvétique n'échappent pas à un effet de contagion et se dégradent de 13Pts de base respectivement à 2,31%, 1,90% et -0,26%.
Les Bunds ou les OAT effacent tous leurs gains depuis 1 mois, et même depuis le 18 septembre dernier.
Seul le '10 ans' danois ne bouge presque pas (+3Pts de base à 0,924%).

Les opérateurs réagissant comme si la BCE avait annoncé une hausse de taux alors qu'elle a mis en place une réduction de -10Pts du taux de prises en pension à -0,30%.
Mais le marché, encouragé par la détermination de la BCE a combattre l'inflation 'whatever it takes' espérait un geste de -15 à -20Pts de base.

Mario Draghi avait fait miroiter lors de la précédente réunion du 22 octobre dernier un possible accroissement des injections de liquidités mensuelles mi-octobre: mais le montant de 60MdsE par mois est maintenu.
Un 'recalibrage' (ce qu'espéraient les marchés) pourrait avoir lieu seulement si la conjoncture se dégradait ultérieurement, et en combinaison avec d'autres 'outils'.

Le 'QE' va en revanche être prolongé jusqu'en mars 2017 (ou même au-delà) et les achats mensuels seront 'non stérilisés', la BCE remplaçant '1 pour 1' toutes les lignes de dettes arrivant à échéance pour maintenir l'encours de son bilan à son étiage le plus élevé (il sera équivalent à 40% du PIB de la zone Euro à l'horizon mars 2017).

La BCE élargit également la liste des 'instruments' pouvant être achetés aux dettes de 'collectivités locales' potentiellement moins bien notées que les dettes d'état.

Mario Draghi justifié la décision -quasi unanime- de ne pas 'muscler' le 'QE' par le succès du programme actuel -selon la propre évaluation des économistes de la BCE- qui aurait contribué à générer +1% de croissance (+1,6% anticipé en 2015) et +0,5% d'inflation (+0,1% en 2015 contre 0,7% estimé initialement).
La réalité de terrain, c'est qu'il devient difficile d'acheter plus de 60MdsE de dette par mois, sans compter que les marchés sont déjà au plus haut et n'ont pas besoin d'être 'rassurés'.

L'objectif d'inflation est abaissé à 1,1% à 1% pour 2016 mais maintenu à +1,7% en 2017.
Les marchés obligataires sont laminés ce soir avec des écarts allant de 0,2% sur les Bunds et les OAT à +0,25% sur les dettes périphériques ('bonos' espagnols, BTP italiens): la encore, tous les gains depuis 6 semaines volent en éclats, quand la situation ne se dégrade pas.

Notons au passage que la hausse de l'ISM des services dans l'eurozone a cru de 53,9 vers 54,2 en novembre, contre une estimation initiale de 54,6. Le PMI des services en France chute de 52,6 vers 51 (attentats obligent) taux de chômage en France a augmenté de 0,2 point au 3e trimestre, à 10,2% (nouveau record absolu depuis 20 ans selon l'Insee).

Aux Etats Unis, les T-Bonds US ne profitent pas des mauvaises 'stats' continuent de se succéder avec une chute inattendue de l'ISM des 'services' à 55,9 contre 59,1 (déjouant un consensus de 57,5).
Les commandes de biens durables se redressent de +1,5%, mais l'anticipation était de +1,6%.

La volatilité sur les marchés obligataires pourrait persister demain si les chiffres de l'emploi publiés jettent le doute sur la pertinence d'une hausse de taux par la FED le 16/12.
Janet Yellen expliquait en effet ce jeudi que la vigueur de la croissance s'affaiblit et que le rythme d'un futur cycle de hausse de taux devra tenir compte de l'environnement économique (autrement dit, il pourrait n'y avoir qu'un ou deux 'tours de vis' en 2016) et qu'il est prématuré de se fixer des objectifs.

Parmi les éléments qui continuent de plaider pour une hausse de taux dès le 16 décembre, c'est le 'frémissement' des salaires que la FED pense détecter (admirons la prudence de la formulation de cet argument qui apparait bien seul au milieu d'un déluge de signaux négatifs évidents).



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