Cette séance du 19 avril a été marquée par une brusque rupture baissière, la sérénité des détenteurs de dette souveraine a volé en éclats en quelques heures, et personne ne l'a vraiment vu venir.

La chute des marchés obligataires est survenue en même temps que celle de Wall Street, victime d'une perte d'appétit pour le risque.
Elle met fin par la même occasion à 10 semaines de détente des rendements, motivée par une défiance passagère envers les actions et le sentiment que les signaux d'alarmes inflationnistes de fin janvier (notamment au niveau des salaires aux Etats Unis) avaient été surestimés.

Il semblerait que l'envol du pétrole au-delà des 66$ à New York (le WTI atteint 69$ en 48H) et 71$ à Londres (le 'Brent' dépasse les 75$) suscite une réévaluation du risque inflationniste, au cas où elle s'avèrerait durable, engendrant une réponse plus ferme de la part des banques centrales.

La FED pourrait être amenée à mener un programme de 4 hausse de taux cette année (récemment, le scénario de 3 hausses semblait tenir la corde) et la BCE pourrait avancer son agenda, en commençant par relever dès fin 2018 le taux marginal des prises en pension (un taux surtout 'technique') qui reste fixé depuis 3 ans à -0,40%, avant de toucher à son taux directeur ('Repo').

La tension des taux a coïncidé également ce jeudi matin (à 11H partout en Europe) avec la publication d'une révision de l'objectif de croissance de l'Allemagne par l'institut IFO, de +2% à +2,2% cette année: les craintes de conflit commercial avec les Etats Unis (qui dénoncent les excédents allemands) sont mises de côté, l'activité devrait continuer de progresser (il suffirait pour cela d'augmenter les salaires et de valider une remise en état du réseau routier et ferroviaire: hausse du PIB garantie).

La secousse est rude et le réveil brutal puisque le rendement des T-Bonds fait une embardée de +11Pts à 2,925% (au plus haut depuis le 23/02), nos OAT décalent de +8Pts à 0,82% (au plus haut depuis le 21 mars) et les Bunds se dégradent d'autant à 0,600%, les 'Gilts' de +7,5Pts à 1,512%.

Plus au Sud, les 'Bonos' espagnols grimpent de +6Pts à 1,283%, ainsi que les BTP italiens 1,782%.



Trois indicateurs macroéconomiques ont été publiés outre-Atlantique mais aucun d'eux n'expliquent le 'sell off' obligataire du jour : les chiffres hebdomadaires du chômage reculent marginalement à 232.000 (soit -1.000, c'est de l'épaisseur du trait); l'indice 'Philly Fed' d'avril progresse de +1Pt à 23,20 (certes, il était anticipé en recul à 20,5, mais ce n'est qu'un chiffre très local, pas le reflet exact de l'activité industrielle américaine dans son ensemble).

L'indicateur avancé du Conference Board de mars s'est une nouvelle fois inscrit en hausse, mais de seulement +0,3% en rythme séquentiel (contre +0,4% attendu), après +0,7% en février (chiffre révisé de +1%).




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