(Actualisé avec sources, précisions)

par Pamela Barbaglia et Sophie Sassard

LONDRES, 7 août (Reuters) - Telecom Italia discute avec Vivendi d'une contre-offre sur GVT, la filiale brésilienne du groupe français des médias convoitée par l'espagnol Telefonica, ont indiqué à Reuters des sources proches du dossier

Le projet, qui pourrait être finalisé d'ici trois semaines, prévoit une offre de Telecom Italia sur GVT qui serait suivie d'un échange d'actifs permettant à Vivendi d'acquérir une participation dans le premier opérateur télécoms en Italie.

Les dirigeants de Telecom Italia travaillent actuellement sur le projet avec Citi, Mediobanca et Banco Bradesco, ont indiqué plusieurs sources bancaires, ajoutant que Telefonica était conseillé par JP Morgan.

Mardi, Telefonica, le principal actionnaire de Telecom Italia ces six dernières années, avait proposé à Vivendi de lui racheter ses parts de GVT pour 6,7 milliards d'euros, un montant payable en partie en actions.

L'espagnol a précisé qu'il pourrait proposer au français de prendre une participation de 8,3% dans Telecom Italia, qui détient 67% du deuxième opérateur brésilien de téléphonie mobile, Tim Participacoes.

Selon l'une des sources bancaires, Telecom Italia cherche à concurrencer Telefonica sur la valeur de son offre avec un mélange de paiement en numéraire et en actions, très probablement en titres Telecom Italia mais aussi éventuellement en actions TIM Participacoes.

MEDIASET EN LIGNE DE MIRE ?

Toujours d'après des sources, Vivendi est également en discussions pour permettre à sa filiale Canal Plus d'acquérir une participation majoritaire dans Mediaset Premium, l'activité de télévision payante de Mediaset, qui pourrait ensuite être intégrée dans Telecom Italia dans le cadre de la convergence entre les activités télécoms et médias.

Et ce en dépit de l'acquisition le mois dernier par Telefonica de 11% de Mediaset Premium pour 100 millions d'euros.

"La dernière manche est une fusion entre Mediaset et Telecom Italia", souligne une source bancaire.

Une opération avec Vivendi permettrait à Telecom Italia de s'émanciper de Telefonica et dans le même temps de renforcer ses positions en Amérique latine. L'opérateur historique italien avait déjà approché Vivendi pour lui racheter GVT mais avait dû abandonner son projet pour des raisons de prix, souligne un banquier.

Le président du conseil de surveillance de Vivendi, Vincent Bolloré, est l'investisseur étranger le plus influent en Italie. L'homme d'affaires breton détient une participation de 9% dans la banque d'affaires italienne Mediobanca.

Vivendi, Telecom Italia et Mediaset se sont refusés à tout commentaire.

Plus tôt dans la journée, l'agence Bloomberg, citant des sources proches du dossier, avait rapporté que le groupe français pourrait prendre une participation "significative" dans l'opérateur italien de télécommunications.

Une telle opération pourrait passer par un paiement en titres à Vivendi de ses parts dans le brésilien GVT, ajoutait l'article. Telecom Italia pourrait aussi proposer un paiement en numéraire ou une augmentation de capital pour financer l'accord, précisait-il.

Mercredi, Telecom Italia avait indiqué étudier toutes les possibilités au Brésil.

En Bourse, l'action Vivendi a clôturé en repli de 0,9% à 19,285 euros à Paris. A Milan, Telecom Italia a fini la séance sur une hausse de 1% à 0,812 euro tandis qu'à Madrid, Telefonica a terminé en baisse de 1,4% à 11,63 euros.

Vivendi est engagé dans une stratégie de recentrage sur les médias et le divertissement qui l'a conduit à céder la plupart de ses activités d'opérateur de télécommunications en France et à l'international.

Le groupe français a notamment conclu au printemps la vente de sa filiale SFR au câblo-opérateur Numericable, qui devrait lui rapporter 13,5 milliards d'euros en cash. Il devrait conserver 20% du capital du nouvel ensemble mais cette participation est appelée à être cédée ultérieurement.

Le groupe dirigé par Vincent Bolloré a aussi bouclé en mai la vente de sa participation de 53% dans Maroc Telecom au groupe Etisalat. (Francesco Canepa et Lionel Laurent à Londres, avec Paola Arosio à Milan et Maya Nikolaeva à Paris,; Matthieu Protard pour le service français, édité par Véronique Tison)