- Tesco a surestimé sa dernière prévision de bénéfice.

- Le groupe suspend quatre haut-dirigeants

- L'action chute après ce nouvel avertissement sur résultats

(Actualisation: annonce de la suspension de quatre dirigeants et précisions sur les problèmes à la tête de la direction financière de Tesco, nouveau cours de Bourse).

La chaîne britannique de supermarchés Tesco (TSCO.LN) a annoncé lundi avoir suspendu quatre haut-dirigeants et fait appel à des commissaires aux comptes et conseillers juridiques afin d'enquêter sur l'erreur d'estimation de son bénéfice semestriel à hauteur de 250 millions de livres (317,6 millions d'euros).

"Nous avons découvert un grave problème et y avons apporté une réponse adaptée", a déclaré Dave Lewis, le nouveau directeur général de Tesco, qui a pris ses fonctions le 1er septembre, un mois plus tôt que prévu.

Le problème porte notamment sur la comptabilisation de revenus en avance et le report de coûts, a indiqué Tesco, ce qui a aboutit au troisième avertissement sur résultats du groupe en trois mois.

L'absence de directeur financier est mise en cause

Parmi les principaux problèmes de Tesco figure l'absence d'un véritable directeur. Laurie McIlwee a démissionné de sa fonction de directeur financier en avril mais il ne sera remplacé qu'en décembre, par Alan Stewart, actuellement chez Marks & Spencer.

Laurie McIlwee fait encore partie du groupe comme "directeur financier émérite", selon une porte-parole de Tesco. Il est chargé de conseiller le groupe mais ne siège pas au conseil d'administration et n'a pas été impliqué dans les décisions liées à l'irrégularité comptable.

Le service financier a été dirigé directement par le directeur général ces trois derniers mois, indique une personne proche du dossier. Hors c'est pendant ce lapse de temps que le géant britannique a lancé ses trois avertissements sur résultats.

Cette personne ajoute que Philip Clarke, l'ex-directeur général, a agi en qualité de directeur général et de directeur financier jusqu'à la fin août.

Dave Lewis et le président de Tesco, Richard Broadbent, ont réfuté que les problèmes de comptabilité auraient pu être évités avec une équipe dirigeante pleinement opérationnelle.

Richard Broadbent est président de Tesco depuis 2011. Il a souligné que la nomination d'un nouveau directeur général et d'un nouveau directeur financier ces 12 douze derniers mois prouve qu'il a pris des mesures significatives pour pallier les lacunes de l'équipe dirigeante de Tesco.

Une nomination à la tête des activités britanniques

Dave Lewis a déclaré que quatre dirigeants senior de Tesco avaient été mis à pied dans l'attente des résultats de l'enquête, mais il n'a pas voulu mentionner de nom. Selon la source proche du dossier, l'un des dirigeants suspendus serait Chris Bush, le directeur de l'activité au Royaume-Uni.

Dave Lewis a confirmé la nomination de Robin Terrell comme directeur de l'activité britannique mais il n'a pas voulu confirmer la suspension de Chris Bush.

Tesco fait appel à des experts extérieurs

Dave Lewis a précisé lundi que Tesco avait fait appel à des avocats et des commissaires aux comptes extérieurs afin d'enquêter sur cette erreur d'estimation.

"Le conseil d'administration, mes collaborateurs, nos clients et moi-même attendent de Tesco intégrité et transparence, et nous prendrons les mesures qui s'imposent lorsque les conclusions de l'enquête seront connues", a ajouté le dirigeant.

PricewaterhouseCoopers est le commissaire aux comptes de Tesco depuis les années 1980. Tesco a affirmé avoir engagé Deloitte, concurrent de PwC, pour enquêter sur les irrégularités comptables du premier semestre, ainsi que le cabinet juridique Freshfields Bruckhaus Deringer. PwC n'a pas souhaité apporter de commentaire.

L'action Tesco dévisse depuis le début de la séance

Tesco a vu son cours de Bourse chuter de 11% en début de séance, avant de se redresser légèrement. A 14h38, l'action perdait 8%, à 211 pence. Le titre s'échange à son plus bas niveau depuis l'automne 2003.

Fin août, le groupe a abaissé ses perspectives de bénéfice annuel à une fourchette de 2,4 milliards à 2,5 milliards de livres (3,05 milliards à 3,18 milliards d'euros).

Les traders et les analystes sont ébranlés par cet avertissement. Marc Kimsey, opérateur senior chez Accendo Markets, affirme sans équivoque que "Tesco n'est plus un investissement viable".

Des analystes de Shore Capital écrivent dans une note à leurs clients que "c'est une période difficile pour Tesco et ses actionnaires", et qu'ils ont été "abasourdis par la tournure que prend la situation".

Le géant britannique, qui bataille avec Carrefour pour occuper la deuxième place mondiale du secteur de la grande distribution après Wal-Mart, rencontre des difficultés en raison de la forte concurrence sur son marché national.

-Ed Ballard, Peter Evans et Lisa Fleisher, Dow Jones Newswires

(Version française Aurélie Henri)