Selon BFM Business, latribune.fr et Le Monde, l'Etat, premier actionnaire de Thales, oeuvrerait pour qu'Alstom puisse récupérer l'activité de signalisation de Thales afin de se renforcer après le psychodrame créé par le projet de fermeture de l'usine de Belfort du groupe ferroviaire.

"La signalisation ne va pas bouger, là, maintenant, parce qu’il y a une situation de blocage entre Thales et Alstom", a-t-on déclaré à Reuters de source gouvernementale."Je ne pense pas que ce soit la priorité maintenant. Je pense qu'il faut arrêter là les échanges sur la signalisation".

Le sujet n'est donc plus sur la table, a ajouté la source, sauf à vouloir engager un bras de fer avec les groupes concernés, ce qui n'est pas souhaitable.

L'Etat détient 26% de Thales et Dassault Aviation 25% au sein d'un pacte d'actionnaires marqué par des relations parfois tendues, notamment lors de la nomination des derniers PDG de Thales.

"La signalisation ferroviaire est dans le 'core business' des activités de Thales qui est en charge du développement des grands systèmes dans beaucoup de secteurs", explique Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation dans une déclaration transmise à Reuters.

"Donc l'actionnaire Dassault Aviation soutient le management de Thales dans le souhait de conserver cette activité", ajoute-t-il.

DEUX GROUPES COMPLÉMENTAIRES

Thales avait souligné en septembre dans un communiqué qu'il n'avait jamais été question de vendre son activité ferroviaire au géant chinois CRRC, contrairement aux déclarations de l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg.

Le groupe avait souligné que son accord signé avec CRRC était purement commercial et non exclusif, dans le but de faire en sorte que ses solutions soient compatibles avec tous les constructeurs de matériel roulant.

Une porte-parole d'Alstom a rappelé que le groupe n'avait jamais caché son intérêt pour l'activité de signalisation de Thales mais a souligné qu'aucun mandat n'avait été donné à une banque pour engager un processus en ce sens.

Selon latribune.fr et Le Monde, Rothschild travaille en amont sur le sujet pour le compte d'Alstom.

Les activités des deux groupes sont complémentaires.

Thales a réalisé en 2016 un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros dans les transports (sur un total de 14,1 milliards), bénéficiant notamment d'un méga-contrat de signalisation du métro londonien.

Le groupe a dit mercredi dernier tabler sur une croissance organique à "deux chiffres" en 2016 de son pôle transport, après un bond de 24,6% sur les neuf premiers mois de l'année.

Sous la houlette de son nouveau PDG, Henri Poupart-Lafarge, Alstom, qui a pour rival le canadien Bombardier, veut se développer au-delà de la construction de matériel roulant en évoluant vers l'intégration des différents systèmes de transports à la fois entre eux et au sein des villes.

Recentré sur les transports après la cession de ses activités d'énergie à General Electric, Alstom, dont Bouygues détient 29%, a réalisé un chiffre d'affaires de 6,8 milliards d'euros et dégagé une marge d'exploitation de 5,3% lors de son exercice 2015-16 clos le 31 mars. Il publiera ses résultats semestriels le 9 novembre.

Pour relancer le site de Belfort d'Alstom, l'Etat a annoncé début octobre une commande controversée d'environ 500 millions d'euros pour 15 TGV voués à rouler sur des voies traditionnelles jusqu'en 2025-2030 au moins.

(Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot)

par Cyril Altmeyer et Jean-Baptiste Vey