(Actualisé avec réactions de Pékin, Séoul)

TOKYO, 20 décembre (Reuters) - Le Japon et la Corée du Sud condamnent fermement l'attaque informatique subie par Sony Pictures Entertainment et imputée à la Corée du Nord par les Etats-Unis, ont annoncé respectivement les ministères japonais et sud-coréen des Affaires étrangères.

Washington a appelé vendredi soir Pékin, Tokyo, Séoul et Moscou à participer à un effort de lutte contre les cyberattaques, après celle menée contre Sony Pictures.

Les autorités japonaises sont en contact étroit avec Washington au sujet de cette affaire mais elles ne pensent pas qu'elle aura un impact direct sur leurs discussions avec la Corée du Nord à propos des ressortissants japonais enlevés il y a plusieurs décennies par des agents nord-coréens, a déclaré samedi la diplomatie japonaise.

"Le Japon reconnaît que cette attaque informatique est une question grave qui touche à la sécurité nationale et nous condamnons fermement ce piratage", a affirmé une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, interrogée au téléphone par Reuters.

"Nous ne pensons pas que cela aura le moindre impact direct sur les consultations entre le Japon et la Corée du Nord et nous continuons d'exiger que la Corée du Nord procède rapidement à des recherches (au sujet des personnes disparues) et nous exigeons qu'un compte-rendu rapide soit livré au Japon sur les résultats de cette enquête."

Séoul, qui a accusé Pyongyang d'une série de cyberattaques contre des banques et médias sud-coréens en 2013, considère pour sa part que de telles attaques ne peuvent être tolérées.

"La Corée du Sud continuera de partager des renseignements liés à la cyberattaque qui a visé Sony Pictures", a déclaré le ministère sud-coréen des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nous continuerons également de coopérer au niveau international pour renforcer (l'effet) dissuasif et la réponse aux cyberattaques."

"ARROGANCE CULTURELLE"

Le gouvernement chinois, principal allié de la Corée du Nord, n'a pas encore réagi à l'appel américain, mais le Global Times, un journal tabloïd dépendant du Quotidien du peuple, l'organe officielle du Parti communiste chinois, a dénoncé dans un éditorial une "arrogance culturelle", après avoir précisé que tout pays civilisé s'opposerait à des cyberattaques ou menaces terroristes.

"Un film tel que 'The Interview' (...) n'est pas quelque chose dont Hollywood et la société américaine doivent être fiers", peut-on lire dans l'édition anglophone, destinée à une audience étrangère plus que chinoise. "La raillerie acerbe de Kim n'est que le résultat d'une arrogance culturelle insensée."

Filiale du groupe japonais Sony, le studio hollywoodien Sony Pictures Entertainment a renoncé à diffuser en salles le film "The Interview", comme l'exigeaient les pirates informatiques.

"The Interview", dont la sortie aux Etats-Unis était programmée le 25 décembre, est une comédie dans laquelle les acteurs Seth Rogen et James Franco incarnent des journalistes recrutés par la CIA afin d'assassiner le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un.

Les pirates responsables de l'attaque du système informatique de Sony Pictures, qui se présentent sous le nom des "Gardiens de la paix" (GOP), exigeaient son retrait, tandis que la Corée du Nord avait vu dans ce film un "acte de guerre" tout en démentant être mêlée au piratage de Sony. (Linda Sieg; Bertrand Boucey et Agathe Machecourt pour le service français)